Donner du sens à la science

Des pesticides naturels venus de la mer

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Le champs des possibles
 
Des vignes,
à perte de vue ...
 
En France,
ces cultures n'utilisent que 3% des terres agricoles 
mais représentent à elles seules 
près de 20% de la consommation nationale de pesticides.
 
Or l’objectif est de réduire de 50% l’utilisation de pesticides de synthèse d’ici 2025,
Pour y arriver, les agriculteurs français devront trouver des alternatives...
 
L'une des solutions se trouve peut être ici - le long du littoral.
 
Ces chercheurs en tout cas,
en ont l'intime conviction.
 
LIVE
'Il faut qu'on sache si c'est marée montant descendante'
'Donc la température c'est un critère important ?'
 
Aujourd'hui,
ils effectuent des prélèvements d'eau de mer dans le bassin d'Arcachon.
 
LIVE
 
'Le site est très bien pour la collecte'
 
SOT KLERVI CRENN
 - biologiste
'Aujourd'hui on fait un prélèvement d'eau de mer, environ un litre d'eau ... donc dans ce litre d'eau de mer on a une grande diversité de micro-organismes.
 
SOT Lionel Navarro, biologiste
'Le postulat initial est le suivant : sachant qu'en fait ces micro-algues ont colonisé l'ensemble des océans et des mers. 
Il y avait fort à parier qu'elles ont développé des molécules pour agir directement sur leurs agresseurs'. 
 
'Des prélèvements ont été réalisés sur les côtes françaises notamment en Bretagne et un extrait de micro-algues avait une très forte activité biocide - c'est à dire - qu'il était capable de tuer un grand nombre d'agents pathogènes de plantes donc cet extrait a été baptisé extrait D. Plus de 80% des champignons sont sensibles à cet extrait, donc sur la base de ces résultats qui étaient très prometteurs l'idée c'était d'étendre cette découverte à un grand nombre, une collection de micro-algues la plus variée possible. D'où la nécessité de mettre en place une collection de micro-algues vivantes'.
 
C’est en laboratoire que les chercheurs étudient, de plus près, les étonnantes propriétés biocides de ces micro-algues.
 
L’équipe s’est notamment penchée sur un mécanisme de défense universel
Dans le domaine du vivant :
Le RNA Silencing.
 
Ce mécanisme biologique fait appel à de l’ARN - des molécules dont la structure est proches de celle de l’ADN - et qui peuvent interférer avec l’expression de certains gènes.
 
SOT Lionel Navarro, biologiste
 
'Le RNA silencing est un mécanisme de régulation génique ancestrale présent chez tous les organismes. Il a été récemment caractérisé comme mécanisme de défense anti-viral, ou des petits ARN vont être produits et ils vont éteindre l'expression de gènes du virus. Ces petits ARN sont essentiels pour réguler les gènes des cellules végétales, et nous, on a pu démontrer qu'en réponse à des agents pathogènes, la plante va essayer de  se défendre et donc elle va utiliser tous ces petits ARN pour orchestrer l'immunité des plantes'.
 
En laboratoire, 
les chercheurs ont découvert
que certains extraits de certaines micro-algues
permettent de décupler les défenses naturelles des plantes,
en stimulant l'activité du RNA Silencing.

Et pour identifier quelle souche de micro-algues a le plus d’effet sur le génome des plantes traitées,
Les chercheurs ont créé des marqueurs qui permettent de visualiser l’efficacité du RNA silencing dans des tissus végétaux qui sont, dans la nature, colonisés par les bactéries et champignons pathogènes
 
SOT Lionel Navarro
'Au sein de mon équipe, on a généré des outils qui nous permettent de mieux comprendre le RNA silencing, le mode d'action du RNA silencing pour les agents pathogènes. Et donc ce que l'on a fait c'est de produire des petits ARN dans les plantes qui vont éteindre l'expression d'un gène, qui est impliqué dans la production de chlorophylle.' 
 
Cette méthode entraîne l'apparition de chlorose- c’est à dire une décoloration plus ou moins prononcée des feuilles - visible à l'oeil nu
 
LIVE Navarro
'Donc vous avez une plante témoin, qui n'a pas été traitée avec de l'extrait de micro-algue donc vous allez voir qu'il y a peu de chlorose, // au niveau de ces petits feuilles émergentes. En revanche, lorsque vous traitez avec l'extrait A, l'extrait de micro-algue, vous pouvez voir que ces petites feuilles émergentes ont beaucoup plus de phénotype de jaunâtre, beaucoup plus de chlorose, ce qui indique qu'il y a plus de silencing et donc plus d'immunité des plantes'.
 
D'autres extraits de micro-algues
permettent de neutraliser directement leurs agresseurs 
en les rendant inopérants
 
comme l'extrait D,
capable de perméabiliser la paroi des spores de fusarium
 
C’est un champignon,
qui s'attaque, notamment, aux cultures de blé.
 
Odon Thiebeauld, biologiste
'En présence de l'eau, les spores de fusarium pousse énormément, en revanche quand on co-incube ces spores de fusarium 
avec des extrait de micro-algues, l'extrait D, on voit qu'il y a un retard de croissance très important une absence de croissance'.
 
Afin de transformer l’essai en laboratoire
En solution industrielle
pour viticulteurs et autres agriculteurs,
Lionel Navarro et l’ingénieur agronome Laurent de Crasto
Ont créé la startup Immunrise.
 
A l'origine de la découverte de l'extrait D,
la start-up Immunrise
crée il y a 2 ans
par Lionel Navarro
aux côtés de cet œnologue et ingénieur agronome.
 
La start-up espère bientôt lancer cet extrait sur le marché.
 
SOT Laurent de Crasto, ingénieur agronome
'Donc ici on travaille sur la biologie de la micro-algue pour comprendre comment elle se multiplie. Donc on produit l'algue et en même temps on l'étudie // Le process industriel nous permet d'obtenir soit un concentré liquide, donc la micro-algue va être stabilisée, donc dans ce solvant, soit par lyophilisation, on va obtenir une poudre donc on aura deux produits différents à la fin'.
 
Si l'extrait D a bien prouvé son efficacité en laboratoire,
Il suscite également de l’espoir lors d’essais dans les champs.
 
LIVE NAVARRO
'Alors il y a des essais en cours qui sont menés sur des laitues, donc l'efficacité de cet extrait sur le mildiou de la laitue, 
donc la on est dans des champs de laitues ou l'extrait D a été pulvérisé'.

 
LIVE
'Regardez-moi ça comme elles sont belles'
'Il n'y a pas de symptôme ? Non pour l'instant c'est sain. Normalement on a un produit nickel. Bien sur qu'elle est belle.'
 
Au delà des cultures maraîchères
Les premiers essais sur vignes - qui ont besoin d’un recours massif aux pesticides -  ont déjà montré de très bons résultats.
 
Plusieurs étapes restent encore à franchir avant une commercialisation. Il faudra notamment vérifier l’innocuité de ce produit naturel sur l’environnement et la santé humaine et produire en quantité suffisante pour répondre aux besoins des agriculteurs
 
Si la start-up obtient le feu vert des autorités sanitaires,
les micro-algues pourraient aider la France à réduire sa dépendance aux produits phytosanitaires de synthèse.
 
le pays reste un gros consommateur,
le premier en Europe.
 
 

Des pesticides naturels venus de la mer

13.06.2018

Pour trouver des alternatives aux pesticides de synthèse, une équipe de chercheurs s’est tournée... vers la mer ! Des microalgues présentent en effet d’étonnantes propriétés utiles pour lutter contre certains pathogènes qui ravagent les cultures. Une découverte étudiée de près et qui a mené à la création d’une start-up.

À propos de cette vidéo
Titre original :
Le champs des possibles
Année de production :
2018
Durée :
7 min 12
Réalisateur :
Juliette Lacharnay
Producteur :
CNRS Images
Intervenant(s) :
Lionel Navarro
Institut de biologie de l'Ecole Normale Supérieure (IBENS)
CNRS / ENS Paris / Inserm
 
 
Klervi Crenn
Odon Thiébeauld
Laurent de Crasto
Immunrise
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