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Marc Antonini, la mémoire sur ADN
Auteur de treize brevets, Marc Antonini a contribué à l’innovation dès son doctorat. Les premiers travaux de cet expert en compression de données ont ainsi été inclus dans la norme mondialement utilisée JPEG 2000. Il a ensuite collaboré avec le Cnes, où il a développé un système d’encodage embarqué pour la constellation de satellites Pléiades. À présent directeur de recherche au CNRS, au Laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis1 (I3S), il y dirige l’équipe MediaCoding qui coopère avec de nombreux industriels. Ses travaux lui ont permis de cofonder la start-up Cintoo, consacrée à la capture et la visualisation de nuages de points 3D issus de scanners LiDAR, notamment pour l’industrie et la construction. L’entreprise, qui compte aujourd’hui près de quarante employés et un second bureau aux États-Unis, a réussi trois levées de fonds pour un total de neuf millions d’euros.
Jacques Gierak
Des premières phases expérimentales à l’appareillage final, Jacques Gierak est présent à chaque étape de l’innovation. Cet ingénieur de recherche au CNRS, également responsable de la plateforme Instrumentation et sources d’ions au Centre de nanosciences et de nanotechnologies2 (C2N), est mondialement reconnu dans la conception de sources pour faisceaux d’ions focalisés. « Grâce au CNRS, j’ai la chance de pouvoir sortir des sentiers battus et de bénéficier des équipements exceptionnels du C2N. » Son savoir-faire dans les sources d’ions extrêmement performantes lui a permis de collaborer avec les grandes entreprises de son domaine. Jacques Gierak a ainsi travaillé avec le Cnes et Airbus Defence and Space sur la projection d’ions rapides pour la propulsion spatiale. Sa capacité à lever des verrous techniques a abouti à la fondation de la start-up ION-X, dont le propulseur HALO-100X équipera le prochain satellite de la mission Edison de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Jacques Gierak a également travaillé sur des faisceaux d’ions focalisés (FIB) adaptés à la nanofabrication. En collaboration avec l’entreprise allemande Raith Nanofabrication GmbH, il a conçu le FIB Nanowriter, capable de structurer les surfaces de matériaux avancés comme le graphène, les films magnétiques ou les semiconducteurs. Les outils développés par Jacques Gierak reposent sur plusieurs de ses brevets et cumulent les records mondiaux de performance. Leur fiabilité décuple la vitesse d’exécution et permet d’obtenir des précisions nanométriques.
Claire Hellio, la chimie des algues
Professeure à l’université de Bretagne occidentale et membre du Laboratoire des sciences de l’environnement marin3 (Lemar), Claire Hellio dirige également la plateforme de bioprospection Biodimar. Elle y reçoit les problématiques et les besoins en R&D des industriels, auxquels les chercheurs apportent des solutions bioinspirées. Cette collaboration est allée jusqu’à prendre la forme du laboratoire commun BiotechALg, en partenariat avec l’entreprise Green Sea, leader européen de la production de microalgues.
À l’interface de la biologie, de la chimie et des sciences de l’environnement, Claire Hellio valorise en effet les biomasses marines, en particulier les algues et les micro-organismes. « J’ai toujours habité au bord de la mer, son étude et sa protection sont mes passions depuis le plus jeune âge. » Très attachée aux approches biomimétiques et de chimie verte, elle extrait des composés actifs pour développer des produits innovants. Ils se destinent majoritairement aux revêtements antifouling, qui protègent les coques des bateaux de la formation de films d’algues et de coquillages, et à l’industrie cosmétique, avec des conservateurs et des antioxydants. Rodée au transfert de technologies, Claire Hellio a obtenu 2,5 millions d’euros de financement pour ses partenariats industriels, dont 1,5 million en tant que coordinatrice principale, depuis qu’elle est au Lemar. Cela représente quatorze projets avec des entreprises depuis 2015.
Patricia Rousselle, aux petits soins de la peau
Avec plus de dix partenariats industriels et onze brevets, elle a décidément l’innovation et la recherche dans la peau. Patricia Rousselle, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de biologie tissulaire et d’ingénierie thérapeutique4 (LBTI), est une pharmacobiologiste spécialisée dans la cicatrisation et la régénération de la peau. Une spécialité qui l’a amenée à collaborer avec les Laboratoires d’Anjou, BASF, Symatèse, 3-D Matrix, Dior, Chanel, Native et Nagase. « Je prends soin de développer de véritables partenariats dans un esprit de cocréation, précise Patricia Rousselle. L’innovation prend sa source dans la recherche fondamentale fondée sur l’exploration de pistes scientifiques nouvelles et originales. »