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Lancé en août 2015 par les chercheurs de l’Institut des systèmes complexes de Paris Île-de-France (ISC-PIF), le Tweetoscope climatique a un objectif simple : faire le lien entre les travaux de recherche, d’une part, et les préoccupations du grand public et des médias, d’autre part, sur tous les sujets directement liés au changement climatique. Ce dispositif permet en effet de visualiser sur une carte interactive une partie de l’immense masse de données disponible sur ce thème sur Internet. Et d’observer que, parfois, les préoccupations climatiques des scientifiques rejoignent celles du grand public…
Tweetoscope Climatique from ISC-PIF on Vimeo.
Une visualisation graphique
L’équipe de l’ISC-PIF a analysé plus de 392 000 publications scientifiques sur trente ans et l’actualité Web depuis mai 2015. À partir d’une centaine de mots clés liés au changement climatique, en anglais et en français, les chercheurs ont collecté un corpus de tweets – actualisé en temps réel, qui comporte actuellement plus de 14 millions de tweets : « Bien que limités à 140 caractères, les tweets contiennent souvent des liens vers des pages Web : articles de presse, blogs, annonces de publication, sites institutionnels, qui correspondent à des ressources pertinentes pour les auteurs de ces tweets. »
Et si le système est complexe, la navigation sur la plateforme reste ludique. Pour explorer le Tweetoscope, il suffit de sélectionner un thème pour accéder aux textes associés. En cliquant sur « écosystème », on apprend par exemple que cette thématique compte pour 15,5 % des publications scientifiques relatives au changement climatique et que 4 416 articles sont disponibles pour approfondir le sujet, en anglais et en français. Entre fin mai 2015 et la mi-octobre, 32 416 tweets ont relayé une information autour de ce terme. Et en basculant sur la vue « Comparaison publications scientifiques-attention Web », on remarque que l’attention autour de ce terme est équilibrée entre la science et le Web : la question de l’écosystème intéresse dans les mêmes proportions le monde de la science et le grand public.
©ISC-PIF/CNRS
La « carte » donne une représentation graphique des thèmes traités, mais modélise aussi leur proximité thématique – l’intensité avec laquelle les termes sont deux à deux mis en relation dans la littérature par les chercheurs. Pour les instigateurs du projet, cette carte « permet de visualiser l’articulation entre différents thèmes liés au changement climatique : la question des émissions de gaz à effet de serre et leur régulation, l’impact sur les sociétés humaines et les politiques d’adaptation, les problématiques d’approvisionnement en nourriture et en eau de nos sociétés, avec notamment les questions liées à l’impact sur les océans et les écosystèmes marins, les impacts directs de l’augmentation de température, les impacts sur la biodiversité et les écosystèmes terrestres… »
Les « hits » du Web
Ce qui frappe jusqu’ici les chercheurs, c’est l’émergence, chez le grand public, de deux grandes zones thématiques d’intérêt : la question des émissions de gaz à effet de serre et de leur réglementation d’une part, les impacts sur les populations humaines d’autre part. De plus, selon l’actualité, les thèmes qui ressortent et dominent les débats ne sont pas toujours les mêmes. Délaissé, par exemple, ce qui traite de la gestion des ressources en eau. La plateforme du Tweetoscope, propose un « Twittertrend » : un aperçu qui met en avant la tendance d’un grand thème, d’une problématique locale en rapport avec les changements climatiques. Comme le soulignent les chercheurs de l’ISC-PIF, « celui ou celle qui voudrait avoir une connaissance aussi complète que possible des impacts du changement climatique devrait donc avoir au moins l’ensemble de ces grands thèmes à l’esprit ».
Le projet de recherche autour du Tweetoscope n’en est qu’à ses débuts et bénéficiera des apports des scientifiques du domaine et de citoyens tout au long de son développement. C’est en effet à la fois un dispositif participatif, dans lequel les utilisateurs peuvent souligner la pertinence de certaines ressources et l’importance de certains thèmes, mais aussi évolutif : il s’enrichit au fil du temps avec l’arrivée de nouveaux corpus, scientifiques ou issus du Web. De nombreux résultats de recherche sont attendus, sur le moyen terme, avec notamment l’observation de la tenue de la COP21 et de ses effets sur l’opinion publique.
Le dispositif est exposé à la Cité des sciences pour l’exposition « Climat à 360 ° » jusqu’au 30 mars 2016.