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1515, une armée dans les Alpes
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces deux hommes qui battent la campagne en armures ne sont pas les figurants d’un film historique L’historien Stéphane Gal et l’ancien champion cycliste paralympique Patrick Ceria sont aujourd’hui en plein entraînement pour les besoins d’une expérience scientifique hors normes. Ces deux passionnés de la Renaissance s’apprêtent dans quelques jours à mettre leurs pas dans ceux de l’armée de François 1er pour reconstituer un épisode méconnu de l’Histoire de France.
Nous sommes sur les hauteurs de Grenoble, au pied des Alpes. C’est à travers ce massif montagneux qu’en 1515, une armée de 40 000 hommes équipée de canons s’engage pour rejoindre le duché de Milan et livrer la célèbre bataille de Marignan face à l’armée suisse. Craignant des embuscades, François 1er ordonne à ses hommes de revêtir l’armure en altitude.
Une traversée de 3 jours relatée par le roi dans une lettre qui a aiguisé la curiosité des scientifiques.
Stéphane Gal – Historien
François 1er explique à sa mère dans cette lettre qu’il porte l’armure parmi ces montagnes et dit-il « il nous fâche fort de porter le harnois (l’armure) parmi ces montagnes ». Moi quand j’ai lu ça je me suis dit il y a vraiment quelque chose d’intéressant à creuser et aller au-delà des mots, au-delà des images c’était recourir à une autre approche scientifique : l’archéologie expérimentale. C’est-à-dire essayer de voir soi-même à partir du corps humain ce qu’on pouvait tirer comme savoir. Ça sous-entendait faire fabriquer des armures, revêtir ces armures, et nous rendre comme François 1er dans ce milieu de la montagne, à notre tour expérimenter cette marche armés, à cheval et à pied, en montagne.
Pour mener à bien cette aventure scientifique, Stéphane Gal et son équipe ont fait appel à l’un des derniers batteurs d’armures encore en activité en France pour confectionner 4 armures en acier fidèles aux modèles du début du 16eme siècle. Un équipement de plus de 40kg auxquels les scientifiques vont devoir s’adapter pour espérer franchir des cols à plus de 2 000m d’altitude. Ils ont ainsi été suivis par des équipes de biomécaniciens et de spécialistes de l’imagerie 3d afin de mesurer les contraintes que cet équipement avait pu faire subir aux chevaliers de l’époque.
Lionel Reveret – Spécialiste de l’analyse de mouvement
Toutes les expériences qu’on fait, sur de la marche, sur des exercices physiques, on les fait toujours en comparaison avec et sans armures. Ça va être déjà l’objet même du travail scientifique et ce qu’on vise comme publication et comme information qu’on va apporter à la communauté. Ça répond à une question historique, la question initiale du projet c’est de savoir quelle était la pénibilité puisque c’est ce que Stéphane Gal a retrouvé dans les textes historiques. Donc on veut mesurer par cette expérience, apporter des chiffres qu’ils ne pouvaient bien sûr pas avoir à l’époque, qui permettent de quantifier la pénibilité du port de l’armure, la pénibilité d’une marche avec l’armure, avec les données modernes.
Après un an de préparation, c’est enfin le jour J. Le projet Marchalp a rassemblé une trentaine de participants lancée à l’assaut du col de Marie qui culmine à 2641m d’altitude. Un itinéraire parallèle à celui qu’avait suivi l’armée de François 1er mais qui offre l’avantage d’un terrain assez semblable.
Durant deux jours de marche et 1 300m d’ascension, les participants vont évaluer l’efficacité mécanique de leur matériel, s’adapter aux contraintes de l’équipement et mesurer l’effort humain grâce aux données relevés par un médecin.
Stéphane Gal – Historien
La première journée a été assez éprouvante en raison de la longueur de la marche, des fréquents arrêts pour que les cavaliers puissent descendre de cheval, remonter à cheval, franchir les torrents. Des difficultés qui ont été importantes pour les cavaliers avec des blessures à la clef, des chutes, puisque les chevaux ont peur des torrents. Déjà en 1515 on sait que le franchissement des torrents posait de très gros problèmes. C’était une particularité de la montagne qui fait que du temps de François 1er on a construit même des ponts pour permettre aux chevaux et aux canons de franchir l’obstacle. Au bout du compte on voit bien que l’on peut franchir un col à 2 641m d’altitude en armure, à cheval et à pied. C’est douloureux mais ça se fait et on pense que ces hommes de 1515 qui avaient l’habitude de porter des armures, qui avaient l’habitude de porter des choses lourdes, l’on fait eux pendant plusieurs jours. Qu’ils l’ont fait peut-être en souffrant un peu moins que nous – encore que – mais que certainement ça a été une véritable performance et une véritable épreuve déjà en 1515.
De retour des cols alpins, les scientifiques vont compiler et analyser les données de terrain pour éclairer la recherche sur l’art militaire et la physionomie des hommes de 1515.
Près de 500 ans plus tard, les participants à cette aventure auront quant à eux goûté à la saveur de l’Histoire, grandeur nature.
GÉNÉRIQUE DE FIN
Carton 1
« 1515, une armée dans les Alpes »
Avec la participation de
Stéphane GAL - Université Grenoble Alpes
Laboratoire de Recherche Historique Rhône-ALpes (LARHRA)
Labex ITEM
CNRS
Université Grenoble Alpes
Lionel REVERET - Université Grenoble Alpes
Laboratoire Jean Kuntzman (LJK)
CNRS
Grenoble INP
Université Grenoble Alpes
INRIA
Carton 2
Réalisation, images, son, montage et commentaire
Pierre de Parscau
Images additionnelles
Megapix’Ailes
Mixage
Rédaction en chef
Nicolas Baker
Une production CNRS Images
Carton 3
Musiques
Carton 4
REMERCIEMENTS
© CNRS Images, 2019
Vis ma vie de chevalier du XVIe siècle
Ils ont marché deux jours dans les Alpes en armures d’acier ! Sur les traces de François 1er et de ses soldats en 1515, des chercheurs ont reconstitué un épisode de la célèbre bataille de Marignan. Le but ? Estimer les contraintes biomécaniques de ces équipements de 40 kg sur le corps, et ce à 2640 mètres d’altitude...
Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA)
CNRS / Université Grenoble Alpes / ENS Lyon / Université Lumière Lyon 2
Université Jean Moulin / Labex ITEM
Lionel REVERET (Université Grenoble Alpes)
Laboratoire Jean Kuntzman (LJK) / CNRS / Grenoble INP
Université Grenoble Alpes / Inria