Donner du sens à la science

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Construire un terrain de partage et de discussion autour des secrets de l’organe le plus complexe et mystérieux du vivant : tel est le but de ce blog dédié au cerveau. Des chercheurs en neurosciences y décryptent les avancées les plus importantes et prodigieuses, et vous emmènent à la découverte du système nerveux, de ses fonctions et de ses mystères. Lire ici l'éditorial du blog.
  
Contact : Giuseppe Gangarossa, giuseppe.gangarossa@univ-paris-diderot.fr
Twitter : @PeppeGanga

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Giuseppe Gangarossa et de nombreux chercheurs en neurosciences
Maître de conférences à l’université Paris Diderot et membre de l'Unité de biologie fonctionnelle et adaptative, Giuseppe Gangarossa anime ce blog qui fédère des spécialistes de tous les horizons des neurosciences.

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L'image de la semaine: «Quand les bourdons jouent à la balle»
27.03.2017, par Alexandra Gros, chercheuse post-doctorante à l’université d’Edimbourg
Des chercheurs britanniques viennent de révéler un talent inattendu chez le bourdon : celui-ci est en effet capable d’apprendre à placer une balle dans un trou pour obtenir une récompense sucrée. Explications sur le blog «Aux frontières du cerveau».

L’image de cette semaine n’est pas une photo mais une vidéo. Le 24 février dernier, une équipe de chercheurs de l’université Queen Mary of London a publié dans la revue Science une étude montrant que les bourdons sont capables de maîtriser une nouvelle tâche par rapport à leur comportement naturel. La palette des comportements des bourdons observés dans le milieu naturel est déjà bien fournie : par exemple, butiner sur les fleurs – ressources dispersées qui apparaissent et disparaissent de façon dynamique dans l’environnement et en fonction des saisons –, implique déjà toute une série d’apprentissages olfactifs, visuels et tactiles. Et pour cela, les bourdons sont capables d’apprendre en observant leurs congénères afin de choisir les bonnes fleurs en fonction de leur couleur et de leur forme.

Dans cette étude, les auteurs ont appris aux bourdons à placer une balle dans un trou pour obtenir une récompense, un comportement complexe jusqu’alors inconnu chez cette espèce. En 2016, cette équipe avait déjà montré qu’il était possible de leur apprendre à tirer sur une cordelette pour obtenir une récompense sucrée. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs sont allés plus loin en apprenant aux bourdons, via l’utilisation d’un leurre en résine jaune et noir, à pousser une balle dans un trou afin d’obtenir une récompensé sucrée, tâche qu’ils ont d’ailleurs été capable de maîtriser très vite.
 
 

© Ollie Loukola / Youtube QMULOfficial
Cette vidéo montre un bourdon plaçant la balle dans le trou afin d’obtenir la récompense sucrée.

Les chercheurs ont ensuite cherché à comprendre comment le savoir-faire est acquis chez cette espèce en analysant plus spécifiquement le rôle de l’apprentissage social. Pour cela, ils ont testé les bourdons et meur ont appris la tâche en utilisant soit un bourdon démonstrateur qui connaît déjà la tâche, soit une balle immobile déjà placée dans le trou, soit en déplaçant la balle via un aimant. Les bourdons se sont révélés bien plus performants lorsqu’ils apprennent la tâche avec un démonstrateur, ce qui souligne l’importance de l’apprentissage social chez cette espèce, comme chez de nombreux autres insectes sociaux.

Par ailleurs, confrontés à 3 balles placées à différentes distances du trou, les bourdons choisissent la plus proche, qui représente la solution la plus économique pour obtenir la récompense, alors qu’ils avaient appris la tâche au départ avec une balle éloignée du trou. De même, si la couleur de la balle change, les bourdons effectuent toujours la tache demandée. Ce dernier comportement indique que les bourdons ne reproduisent pas simplement le comportement observé chez un congénère mais qu’ils sont capables de l’améliorer en faisant preuve de flexibilité et de s’adapter à la situation afin de faire le choix le plus efficace. Cette nouvelle étude élégante démontre un degré sans précédent de flexibilité cognitive chez ces insectes !

© Youtube QMULOfficial
Cette deuxième vidéo, en anglais, résume et illustre les conclusions de l’article publié par les auteurs dans la revue Science.
 
 
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Alexandra Gros est docteure en neurosciences (Institut des neurosciences Paris-Saclay). Au cours de sa thèse, elle s’est intéressée au rôle de la neurogenèse adulte hippocampique dans les processus d’apprentissage et de mémoire, notamment épisodique. Alexandra est actuellement chercheuse post-doctorante à l’université d’Édimbourg où elle étudie comment la mise en mémoire et la persistance de souvenirs d’événements de la vie courante peuvent être affectées par un apprentissage ultérieur. Pour cela, elle cherche à élucider les mécanismes moléculaires et cellulaires sous-tendant ces processus, notamment via des mécanismes de « tagging » des neurones et synapses en utilisant l’expression des gènes immédiats précoces.

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