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CNRS Innovatives SHS: Un logiciel pour écrire en hiéroglyphes
07.05.2019, par Martin Koppe
Plus besoin de chercher la touche "vautour" ou "œil" sur les claviers, grâce à RÉgA (Rédacteur de l’égyptien ancien), logiciel qui permet de manier les hiéroglyphes. La start-up Arcanae le présentera au salon CNRS Innovatives SHS, les 15 et 16 mai à Lille.

Concilier start-up et Égypte antique, la tâche peut sembler pharaonique... mais pas pour la start-up Arcanae, qui vient de mettre au point un logiciel permettant de rédiger des textes en… hiéroglyphes. Après avoir développé VÉgA1, dictionnaire de l’égyptien ancien lors de leur post-doctorat au sein du laboratoire d’excellence Archimède, Magali Massiera et Frédéric Rouffet, cofondateurs d’Arcanae, ont constaté des lacunes dans les logiciels et les polices hiéroglyphiques disponibles. La création d’un nouvel outil pour transcrire et agencer les caractères de l’Ancienne Égypte leur a donc semblé la suite logique de leurs travaux. « Si VÉgA sert de dictionnaire, RÉgA2 fonctionne comme un traitement de texte», lance Magali Massiera.
 

Arcanae a développé le logiciel RÉgA, adossé à VÉgA, son dictionnaire qui centralise les connaissances sur l’égyptien ancien.
Arcanae a développé le logiciel RÉgA, adossé à VÉgA, son dictionnaire qui centralise les connaissances sur l’égyptien ancien.

Du chercheur au curieux

Comme pour VÉgA, présenté lors du salon Innovatives SHS 2017, RÉgA sera mis en avant lors de l’édition 2019, qui se tiendra les 15 et 16 mai à Lille, mais avec une volonté clairement affichée d’attirer un public plus large, comme l’explique Magali Massiera : « Si RÉgA sert d’abord aux chercheurs et aux professionnels, afin de recopier des textes pour des éditions scientifiques, nous souhaitons également qu’un plus large public se l’approprie, que tout le monde puisse apprendre et connaître les hiéroglyphes. » Pour cela, RégA sera valorisé par l’ajout d’applications et de jeux. Et les deux docteurs en égyptologie inviteront les curieux à écrire leur nom en hiéroglyphes ainsi qu’à apprendre à lire et prononcer ces symboles fascinants. Toujours pour élargir le public, RÉgA peut aussi être « utilisé au musée: on intègre une photo prise d’un monument ou d’une stèle, puis on cherche et inscrit les hiéroglyphes. Une fonction de traduction sera implémentée à terme », complète Frédéric Rouffet. 

Problème d’échelle

Mais avant d’en arriver là, les chercheurs ont dû faire face à certaines difficultés. Parmi celles-ci, les échelles de temps et de lieux sur lesquelles on retrouve les hiéroglyphes. L’Antiquité égyptienne s’étale en effet sur des milliers d’années au cours desquelles les paysages politiques et culturels ont changé et évolué tout comme la langue et l’écriture. Les hiéroglyphes sont ainsi regroupés selon différentes classifications, la plus courante étant celle de l’égyptologue britannique Alan Henderson Gardiner (1879-1963). « Son système se concentre sur l’Ancien, le Moyen et le Nouvel Empires, et ne concerne donc pas toutes les périodes de l’Antiquité égyptienne, explique Magali Massiera. Or les égyptologues débattent actuellement au sujet d’une explosion de la quantité de hiéroglyphes dans la période ptolémaïque, après la conquête d’Alexandre le Grand»

La discipline a en effet beaucoup évolué depuis la première moitié du XXe siècle, de nombreux éléments jusqu’alors gravés dans la roche sont remis en cause. Les outils conçus au sein d’Arcanae donnent l’occasion de tester et de développer certaines hypothèses sur les évolutions des hiéroglyphes, car le numérique permet de centraliser le savoir et de progresser là où les sources papiers deviennent trop contraignantes. Certains mots et signes demandent en effet de croiser les informations de nombreux ouvrages, jusqu’à vingt-cinq à la fois.

Syndrome du bel objet

La constitution des bases de données de VÉgA et RÉgA a ainsi montré que certains signes considérés comme courants, selon la liste de 800 hiéroglyphes de Gardiner, sont en fait assez rares. « L’égyptologie a souffert du syndrome du bel objet, explique Magali Massiera. Des sources et des sujets jugés moins nobles, bien que parfois cruciaux, ont été laissés de côté au profit des plus belles pièces et monuments. »  « Il ne faut pas oublier que nous allons fêter en 2022 le bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion, enchaîne Frédéric Rouffet. La discipline est encore très jeune alors que l’Égypte antique est une des civilisations qui s’étend sur la plus longue période de toute l’histoire humaine. »

La prochaine étape consistera à adjoindre la source de chaque symbole à la police hiéroglyphique conçue pour RÉgA. Il sera alors possible de savoir de quel texte ou de quel monument il a été tiré. Arcanae vise ainsi à laisser le plus d’informations disponibles pour ses usagers, du chercheur au curieux. L’Égypte antique fascine en effet de nombreuses personnes, dont beaucoup peuvent rencontrer des difficultés à obtenir et utiliser les avancées académiques en la matière. Une malédiction que Magali Massiera et Frédéric Rouffet comptent bien lever. ♦

Evénement :
CNRS Innovatives SHS 2019
Les 15 et 16 mai 2019, Lille Grand Palais

 

Notes
  • 1. Pour Vocabulaire de l’égyptien ancien.
  • 2. Pour Rédacteur de l’égyptien ancien.

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