Donner du sens à la science

A propos

Découvrez ici les recherches et le récit des expéditions du géographe François-Michel Le Tourneau, spécialiste de la Guyane et explorateur de la forêt amazonienne. A suivre également sur le compte Twitter @7bornes.
 

Les auteurs du blog

François-Michel Le Tourneau
Géographe aventurier, membre de l'International Research Laboratory (IRL) iGLOBES

A la une

Borne 3 : éviter la routine
25.06.2015
Mis à jour le 25.06.2015
L'équipe du Raid des 7 Bornes est enfin arrivée à mi-parcours - soit déjà 180 kilomètres parcourus ! D'une colline à l'autre, les paysages de forêt se suivent et ne se ressemblent pas. Voilà qui confirme toute la place des botanistes dans cette expédition destinée à vérifier la frontière terrestre entre Guyane et Brésil.

Nous voici arrivés à la borne 3, presque la moitié du parcours en termes de distance et déjà (ou seulement) la moitié en termes de bornes à passer. Nous en sommes désormais à 180 km parcourus environ, pour 8700 m de dénivelé positif. On avance !

Le trajet entre la Borne 2 et le Borne 3 s'est déroulé sans anicroche, avec un terrain difficile le premier jour mais qui est devenu plus favorable les jours suivants. Nous passons des collines qui se relient les unes aux autres soit par des petits cols perchés, soit par des thalwegs profonds qui nécessitent une ascension un peu délicate sur les 50 ou 100 premiers mètres. Cela étant, rien qui se compare au relief du massif du Mitaraka abordé dans les premiers jours de ce raid.
 
Nous progressons de 12 à 14 km par jour, sans forcer et nous pouvons nous arrêter vers 15 heures ou 15h30 ce qui laisse le temps d'organiser un bon bivouac et de récupérer pour repartir le lendemain. Pour une grande partie, ces progrès tranquilles sont dûs au caporal chef Alvaro qui ouvre la marche et réussit de manière impressionnante à lire la configuration du terrain dans la forêt la plus fermée, nous menant ainsi le long des lignes de crêtes et nous évitant de nous enliser dans des marais ou de profonds ravins. Je contrôle le parcours immédiatement derrière lui avec les données cartographiques dont nous disposons et avec l'adjudant Christophe et le sergent chef David nous donnons les indications générales de trajectoire afin de coller à la frontière.
 
La physionomie de la forêt varie assez fortement d'une colline à l'autre. Parfois basse avec un sous-bois dense, parfois plus haute et dégagée en bas. Par moments les palmiers dominent le sous-bois, par moments ils disparaissent presque complètement. Parfois, on passe des "cambrouses", zones pleines de bambous-lianes, parfois des forêts de lianes. Heureusement, ces deux derniers types de forêt, qui sont bien plus difficiles à franchir, sont plus rares. Peut-on lier ces différentes physionomies à des perturbations dues à l'homme ou bien tiennent-elles à d'autres facteurs comme le substrat ou les pentes ? Nous essaierons de creuser cette question avec des données complémentaires issues des images satellite.
 
Lundi, nous avons eu une opération d'hélitreuillage en borne 3, à la fois pour apporter notre ravitaillement et pour permettre la sortie du botaniste William Milliken et du colonel Walter, et l'entrée de Guillaume Odonne, le botaniste français qui assurera la deuxième partie de l'expédition. William a prononcé des mots de remerciements pleins d'émotion juste avant son départ, pas facile pour lui d'abandonner l'aventure au milieu. Le colonel Walter a aussi exprimé sa satisfaction de la manière dont l'expédition était conduite, en soulignant que l'étape qu'il a accompagnée lui avait permis de sentir toute l'ampleur du défi.
 
Nous avons profité de notre jour de repos pour remettre le matériel en condition et soigner les petits bobos, faire un peu la sieste et surtout changer un peu de rythme. La difficulté est en effet de ne pas tomber dans la routine, qui risquerait de peser sur le moral mais aussi de générer des accidents par manque d'attention. Nous ne devons pas oublier que si nous sommes à la moitié du parcours, il nous reste encore près de 200 km à parcourir...
 

Commentaires

1 commentaire
Pour laisser votre avis sur cet article
Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS