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Découvrez ici les recherches et le récit des expéditions du géographe François-Michel Le Tourneau, spécialiste de la Guyane et explorateur de la forêt amazonienne. A suivre également sur le compte Twitter @7bornes.
 

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François-Michel Le Tourneau
Géographe aventurier, membre de l'International Research Laboratory (IRL) iGLOBES

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Espaces protégés
10.07.2015, par François-Michel Le Tourneau
Mis à jour le 10.07.2015

Circuler sur la ligne de partage des eaux, c’est se trouver immergé dans l’un des plus grands espaces protégés de la planète.

Protégé, il l’est en premier lieu parce qu’encore relativement préservé. Le centre du plateau des Guyanes a été épargné par la plupart des phénomènes qui touchent les autres régions d’Amazonie : les tentatives de construire une route le traversant (la Perimetral Norte, au Brésil) ont fait long feu, et la pression démographique n’est pas assez forte autour pour que se soit formé un véritable front pionnier. De par son relief accentué et son climat extrêmement humide, il se prête mal à la « mise en valeur » agricole. Quant aux ressources minières, elles sont importantes mais l’isolement de la zone rend leur exploitation peu rentable… pour le moment.

Cela ne veut pas dire que ce cœur forestier des Guyanes est totalement intact. Les barrages s’en approchent de plus en plus, pour utiliser la puissance de l’eau qui descend de ses reliefs. Les chercheurs d’or ont déjà pollué nombre de ses cours d’eau. Il y a quelques décennies, la chasse pour les peaux a aussi profondément impacté son écosystème. De toute part, les ressources naturelles qu’il contient sont guignées.

Mais ces menaces sont en partie contrebalancées par le statut de protection alloué, principalement en Guyane française et au Brésil, à la plus grande partie de son extension. Juxtaposant des statuts divers, on trouve en effet dans cette zone la plus vaste zone de protection de l’environnement au monde : plus de 375 000 km² occupant presque toute la rive gauche de l’Amazone entre l’Atlantique et le Rio Branco.
Cette immense mosaïque est composée d’aires aux statuts différents. En Guyane française elle est principalement constituée par le Parc Amazonien de Guyane (PAG), qui comprend deux parties : une zone de cœur de parc (2 millions d’hectares ou 20 000 km²), dans laquelle se déroulera le raid des 7 bornes, et une zone de libre adhésion (1,4 millions d’hectares). Des zones de droits d’usages au bénéfice des Amérindiens et des Bonis recouvrent en partie l’une et l’autre de ces espaces. Au Surinam, outre la réserve naturelle des savanes du Sipaliwini (100 000 ha), des zones de droits d’usage sont aussi délimitées au bénéfice des Indiens Trio et Wayana.

Côté brésilien on trouve toute une série d’unités, certaines ayant des statuts de protection très forts, comme le parc national Montanhas de Tumucumaque  (PNMT, 3,8 millions d’hectares), la réserve biologique Maicuru (1,15 millions d’hectares) ou encore la station écologique du Jari (227 000 ha). D’autres unités, nombreuses, permettent la présence humaine ou l’activité économique : réserve de développement durable Iratapuru (806 000 ha), d’où viennent nos guides de forêt, forêt fédérée d’Amapá (2,3 millions d’hectares), forêt nationale de l’Amapá (412 000 ha), forêt fédérée du Paru (3,6 millions d’hectares)… Enfin une partie importante de ces espaces sont des « territoires amérindiens » :  terre indigène Wajãpi (607 000 ha), Parc indigène Tumucumaque (3 millions d’hectares) ou terre indigène Paru do leste (1,2 millions d’hectares). Ces unités se connectent plus à l’ouest avec l’ensemble des aires protégées des fleuves Trombetas et Mapuera, formant un ensemble continu qui s’étend jusqu’au Rio Negro, dessinant un arc de plus de 1000 kilomètres.

Protégés en théorie, ces territoires ne le sont pas toujours dans la pratique, les orpailleurs s’y déplaçant notamment à leur guise ou presque. En 2013, nous avions retrouvé leurs traces haut sur la rivière Culari…
En verrons-nous de nouveaux vestiges ou, pire, des traces récentes près de la frontière ?
 

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