Donner du sens à la science

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Découvrez ici les recherches et le récit des expéditions du géographe François-Michel Le Tourneau, spécialiste de la Guyane et explorateur de la forêt amazonienne. A suivre également sur le compte Twitter @7bornes.
 

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François-Michel Le Tourneau
Géographe aventurier, membre de l'International Research Laboratory (IRL) iGLOBES

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Une équipe taillée sur mesure
15.07.2015, par François-Michel Le Tourneau
Mis à jour le 15.07.2015

Pour affronter les 7 bornes, j’avais besoin de diverses compétences et surtout de gens sur lesquels je savais pouvoir compter. J’ai donc fait appel à diverses personnes croisées durant mes voyages précédents ou rencontrés lors de la préparation de celui-ci.

En premier lieu des guides de forêt. Guide n’est pas le meilleur mot en ce sens que comme la région des Tumuc Humac est déserte, personne ne peut véritablement nous guider sur notre parcours. Mais c’est la meilleure traduction que j’ai trouvée pour le brésilien mateiro qui désigne un connaisseur de la forêt, mais pas au sens d’un botaniste ou d’un ingénieur forestier. Il désigne ces habitants des villages amazoniens qui ont toujours vécu dans et de la forêt, qui sont donc capable d’identifier des dizaines d’espèces d’arbres ou de plantes, qui sont d’excellents chasseurs et pêcheurs, toute connaissances acquises par transmission de père en fils et par expérience. Ces hommes sont très précieux car à la différence de tous les autres membres de l’équipe, la forêt est leur salon. Ils s’y sentent confortables, la vie en son sein n’est pas pour eux un exercice de survie mais tout simplement un acte de la vie usuelle – même si ce n’est pas toujours facile. Pour cette fonction, j’ai choisi de faire à nouveau confiance à Edinho et Preto, du village de São Francisco do Iratapuru. Ils m’ont accompagné à la Trijonction en 2011, et dans la folle expédition Culari-Tampak durant laquelle notre petit groupe a passé un mois en forêt sans assistance extérieure, parcourant près de 400 km à la rame. Lorsqu’ils ne travaillent pas pour des expéditions, ils collectent des noix du Brésil dans le massif forestier au nord du village d’Iratapuru, qu’ils redescendent au prix de nombreux périls sur une rivière pleine de cascades et de rapides. Ce sont donc aussi des piroguiers experts.

Pour la partie botanique de l’expédition, j’ai fait appel à un collègue avec lequel j’avais travaillé chez les Yanomami. Très grand spécialiste de botanique tropicale et d’ethnobotanique, William Milliken est chercheur au Jardin botanique royal de Kew, au Royaume-Uni. Sujet de sa majesté, de près de 2 mètres de haut (une taille qui offre de très nombreux inconvénients dans la forêt), William a souvent laissé pantois les Amérindiens avec lesquels nous travaillions pour sa capacité à monter aux arbres en peconha (avec un foulard noué sur les pieds). Il fit ses premières armes en Amazonie avec l’expédition de la société royale de géographie dirigée par Hemming dans l’île de Maracá (Roraima – Brésil), puis a ensuite parcouru presque tous les massifs de forêt tropicale du monde. Il sera associé à Guillaume Odonne, botaniste au CNRS – Guyane et spécialiste d’ethnobotanique. Guillaume développe de nombreux travaux en collaboration avec les Amérindiens des Guyanes et s’intéresse à la manière dont ces populations traitent les maladies et cherchent des remèdes dans les plantes locales. Il cherche aussi à mieux comprendre les interactions entre les hommes et la forêt. Durant notre voyage, William et lui chercheront à estimer la variabilité de la composition de la forêt en fonction de divers paramètres, ainsi qu’à voir si l’on peut détecter grâce à la végétation des traces de présence humaine ancienne.  
 

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du journal CNRS