Donner du sens à la science

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Le 18 novembre 2015, le président du CNRS a lancé à la communauté scientifique un appel à propositions « sur tous les sujets pouvant relever des questions posées à nos sociétés par les attentats et leurs conséquences, et ouvrant la voie à des solutions nouvelles – sociales, techniques, numériques. » Plus de 60 projets de recherche ont été retenus (lire à ce sujet l’éditorial de Sandra Laugier). Ce blog a pour objectif de présenter certains de ces travaux en cours.
 

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Comprendre la radicalisation
08.11.2016, par Propos recueillis par Stéphanie Arc
De nombreux projets soutenus dans le cadre de l’appel du CNRS portent sur le phénomène de radicalisation. Sur ce sujet complexe et objet de multiples recherches depuis des années, le CNRS a organisé en septembre une première école thématique internationale, rassemblant chercheurs en sciences humaines et sociales, professionnels de la santé et de l’éducation, et experts du monde politique et judiciaire. Entretien avec l’historien Jacques Sémelin et la politiste Sylvie Ollitrault, coorganisateurs de l’événement.

  
  
Pourquoi avez-vous organisé1 cette « école thématique » et quels en étaient les objectifs ?
Jacques Sémelin2 :
Cet événement, consacré à la question de la radicalisation, un problème ô combien sensible dans l’actualité politique de ce pays depuis les attentats de janvier 2015 à Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, s’inscrit dans une perspective de formation. D’où le fait qu’il s’agisse d’une « école », et non d’un colloque. Elle a en effet pour enjeu de constituer une communauté scientifique capable de travailler sur la diversité des phénomènes de radicalisation dans nos sociétés contemporaines. Et elle vise une mise à niveau interdisciplinaire et internationale grâce aux échanges d’expériences entre chercheurs et professionnels (élus, formateurs, personnels de la justice et des ministères, éducateurs, enseignants, etc.), mais aussi à la diffusion de leurs travaux, tout aussi essentielle, auprès de la société civile.
Sylvie Ollitrault3 : En effet, ce projet est né d’une convergence des demandes. D’une part, dans le sillage de l’appel « Attentats-recherche » lancé par le président du CNRS Alain Fuchs le 18 novembre 2015, les chercheurs ont fait remonter l’ensemble de leurs travaux sur le sujet et l’Institut national des sciences humaines et sociales (INSHS) – où je suis chargée de mission – est très impliqué dans ce champ. De l’autre, au-delà des médias, par lesquels nous sommes très régulièrement sollicités, surtout sur ce qu’est la radicalisation islamiste, nous avons constaté une forte demande sociale d’éclairage. L’école thématique a ainsi rencontré un réel succès dans le monde professionnel. Et cela notamment parce que les sphères médiatique et politique instrumentalisent le sujet dans un contexte de période préélectorale et que ces questions sont sources de clivages… À les écouter, et pour le dire vite, la population serait scindée en deux parties : l’une que les « radicalisations » inquiètent, l’autre qui est considérée comme un terreau de radicalisation.
 

En l’intitulant « Radicalisations », vous avez tenu à mettre l’accent sur la forme plurielle du phénomène… En quoi était-ce important ?
J. S. :
Nous voulions dissocier le rapport simpliste, trop souvent fait actuellement, entre radicalisation et islam. Nous avons donc tenu à inclure, outre bien sûr les recherches sur le djihadisme et les attentats islamistes, des travaux sur d’autres processus de radicalisation politiques ou sociaux, tels qu’ils surgissent dans les mouvements indépendantistes (corses, basques, etc.), d’extrême gauche, d’extrême droite, etc. Parallèlement, nous tenions également à faire dialoguer des perspectives différentes sur le sujet, celles des chercheurs, dont les travaux divergent parfois entre eux, mais aussi celles des praticiens, des acteurs institutionnels, des élus ou des personnels d’établissements pénitentiaires qui ont leur propre approche, sur le terrain, de ce qu’est la radicalisation. C’est pourquoi nous n’avons pas de prime abord imposé une définition univoque du terme.
S. O. : La notion de radicalisation est très ambiguë et, à ce titre, peut s’avérer problématique pour les chercheurs en sciences humaines et sociales eux-mêmes. Telle qu’elle est couramment employée, elle désigne en effet à la fois le fait d’avoir des opinions ou des pratiques considérées comme radicales, notamment religieuses (on parle alors d’« intégrisme » ou de « fondamentalisme »), et le fait de commet­tre des actes violents (ou « terroristes »). Or, bien sûr, l’un n’implique pas l’autre. Problématique, cette notion n’en reste pas moins incontournable, en ce qu’elle permet de pointer un phénomène social : celui d’un engagement progressif qui peut mener à la violence. C’est d’ailleurs essentiellement de radicalisation violente qu’il a été question ici, celle qui implique un passage à l’acte tel que l’attentat, l’assassinat, les meurtres de masse, une prise d’otages…

Images de propagande juxtaposées par la photographe Caroline Delmotte pour évoquer la vision fantasmée du djihad chez les jeunes français. (Extrait de la série « Tu deviendra comme eux » (sic), © Caroline Delmotte.)

        
Que nous apprend la comparaison de ces différentes formes de radicalisation ?
S. O. :
Nous avons pu constater que, jusqu’au point de basculement dans la violence, ces processus d’engagement présentent de très nombreux points communs, y compris d’une époque à l’autre, même s’il y a bien entendu des spécificités contemporaines. C’est pourquoi se référer par exemple à la radicalisation non violente dans les mouvements écologistes, sur laquelle je travaille, ou aux processus de violence politique dans l’extrême gauche italienne des années 1970, qu’étudie la sociologue Isabelle Sommier, nous offre des éléments précieux d’analyse. Comme l’a par exemple confirmé la sociologue Amélie Blom, en étudiant le parcours d’un djihadiste pakistanais « repenti », la radicalisation est un phénomène processuel, au sens où elle consiste en une succession d’événements, qui n’a toutefois rien de mécanique. Une personne ne « tombe » pas dans le terrorisme : elle y arrive par une série de petits choix successifs, qui peuvent rendre difficile le retour en arrière. Entre autres étapes, je citerais une première phase de séduction « idéologique », à l’occasion d’une rencontre qui peut advenir parmi ses amis, son milieu familial ou professionnel, sur Internet… À un moment transitoire de sa vie (période de départ du foyer familial, chômage…), l’individu va être « capté » par un discours idéologique. Puis il va intégrer un nouveau groupe, dont il va adopter les codes : du point de vue de son entourage, il s’isole, il est « en rupture » alors qu’en réalité il a simplement d’autres fréquentations. Bien sûr, ce changement de comportement ne signifie pas qu’il va devenir terroriste : à tout moment, il peut dévier de sa trajectoire et se désengager…
J. S. : Un grand nombre des problématiques concernant la radicalisation se retrouvent aussi dans l’analyse que j’ai pu réaliser des massacres et génocides. Pour les citer rapidement, je pense au rôle de l’idéologie, de la propagande, d’un imaginaire de pureté ou de destruction, mais aussi à l’implication massive des jeunes dans la pratique de la violence… Comme l’a montré l’anthropologue du CNRS Scott Atran, en analysant les schémas de pensée et de comportements des combattants des deux camps dans les zones de conflits au Moyen-Orient, l’une des forces d’attraction, sous-estimée, de l’État islamique auprès des jeunes réside dans le fait qu’il donne du sens à leur existence, une forme de transcendance, d’idéal, une quête de valeurs… Certains jeunes, qui ont fait des études, vont aussi être séduits par la dimension politique ou révolutionnaire du discours d’un leader spirituel, qui va expliquer le monde autrement : en fonction de l’analyse qu’ils font de l’évolution de la société, ils estiment que le combat actuel doit se mener « contre le monde capitaliste et occidental », « dominé par les Juifs », etc. D’autres, qui sont eux en échec scolaire ou socialement déclassés, vont se sentir revalorisés par cet engagement religieux. Un certain nombre de ces jeunes, par ailleurs, qui ont déjà des parcours de délinquance, et donc de transgression, vont être attirés par la dimension d’« aventure » que cela présente. Ce qui ne signifie pas pour autant, comme le montre la politiste Claire de Galembert, que l’univers carcéral s’avère le lieu « terroristogène » par excellence, comme on a pu l’entendre. L’effet groupe joue toutefois un rôle majeur dans ces processus : plus de 80 % de ceux qui rejoignent les réseaux de radicalisation islamiste le font via des amis et en groupe, presque jamais individuellement. Comme l’a souligné le sociologue Marc Sageman, parlant du 11-Septembre, c’est une bande d’amis qui va commettre les attentats : ils acquièrent une fraternité dans la violence. Dernière remarque : ces trajectoires individuelles sont toujours à mettre en lien avec des contextes nationaux et internationaux particulièrement mobilisateurs, celui de la crise au Moyen-Orient dans le cas du djihadisme.
S. O. : Ces recherches permettent également d’éclairer les processus de « déradicalisation » ou de désengagement à la violence dans les cas de radicalisation islamiste, sur lesquels il n’y a actuellement aucune recherche en sciences humaines et sociales. Il peut donc s’avérer précieux de décloisonner les recherches et d’utiliser d’autres types de travaux, tels ceux sur les parcours d’enfants soldats ou les terroristes d’extrême gauche ou d’extrême droite repentis…
 

Travailler sur ces sujets présente-t-il des difficultés particulières pour les chercheurs et chercheuses ?
J. S. :
Ce n’est pas toujours évident, mais d’une manière globale on peut dire que les chercheurs ont accès au terrain. Ils parviennent par exemple à s’entretenir avec des combattants au Moyen-Orient ou des terroristes repentis. Il y a en revanche un vrai problème d’accès aux données institutionnelles. Paradoxalement, il est ainsi plus facile d’analyser la parole des personnes qui se radicalisent que la partie étatique du phénomène ­ – il serait ainsi fécond d’examiner la manière dont les services de renseignement définissent les individus dits « radicalisés ». Or la question de la mise en radicalisation des individus, et plus largement du traitement politique de la radicalisation, est fondamentale. L’action de l’État, notamment la violence qu’il exerce face au terrorisme, fait partie du processus lui-même et il ne faut pas omettre de la prendre en compte. Plus concrètement encore, en termes de prévention, et dans la perspective d’étudier la question du passage à l’acte et de mieux comprendre les processus de basculement, certains d’entre nous trouvent souhaitable qu’il y ait des rapprochements entre le monde de la recherche et du renseignement, comme c’est le cas aux États-Unis ou en Angleterre. Or, en France, par exemple, les chercheurs ne peuvent pas accéder aux fameuses fiches S… On prétend qu’elles sont le meilleur indicateur d’une radicalisation possible, mais plusieurs professionnels présents lors de l’école thématique les ont plutôt décrites comme une forme de signalement des individus. Qu’y a-t-il vraiment dans ces fiches ? Nous faisons face à un blocage qui empêche les chercheurs de travailler sur ce corpus ou sur les dossiers des personnes radicalisées.
S. O. : Autre difficulté déontologique non négligeable : certains chercheurs, qui sont obligés de s’intégrer dans les groupes radicalisés pour mener leur étude, craignent d’être fichés par les services de renseignement, car ils pourraient apparaître comme radicalisés eux-mêmes. Parallèlement, ils peuvent être perçus comme des policiers par ceux et celles avec lesquels ils mènent leurs entretiens.
J. S. : Certains chercheurs regrettent également de ne pouvoir se faire entendre des politiques qui monopolisent ces sujets, ce qui s’avère regrettable dans un pays où le risque d’attentat est réel. Nous sommes ainsi plusieurs à appeler de nos vœux la création d’espaces de médiation qui permettraient aux responsables politiques de communiquer avec les chercheurs. Alors que sur ces sujets-là, on compte de très nombreuses recherches, notamment en sciences humaines et sociales, c’est une priorité que les deux mondes se rencontrent.

Notes
  • 1. avec Ariane Jossin, du Sirice (Unité CNRS/Univ. Panthéon-Sorbonne/Univ. Paris-Sorbonne), programme « Saisir l’Europe », et Pamela Torres, du Ceri (Unité CNRS/Sciences po Paris).
  • 2. Centre de recherches internationales (Unité CNRS/Sciences Po Paris).
  • 3. Centre de recherches sur l’action politique en Europe (Unité CNRS/Univ. Rennes 1/EHESP/Sciences Po Rennes).

Commentaires

3 commentaires

Les criminels et terroristes ne sont criminels et terroristes que parce que nos lois les désignent comme tels. Pourquoi n'osez-vous pas dire officiellement vous les scientifiques que le libre arbitre n'existe pas? En vous taisant, vous vous faites complice des misères et des malheurs de notre humanité. Quant aux crimes et criminels, c'est une invention artificielle des humains pour se débarrasser à moindre cout des individus encombrants qu'on n'a pas su fabriquer et éduquer correctement. Posséder un libre arbitre, c’est être capable de juger librement sans que personne intervienne dans ce jugement. Mais comment cela pourrait-il être possible puisque nous naissons vierges de significations culturelles ? Ce qui implique que tout ce qui nous permettra de juger de nos actions sur le monde provient de la société qui nous éduque. Même si nous possédions un libre arbitre nous ne pourrions être tenus pour responsables d’exister et d’exister avec des défauts désignés comme tels par la société, puisque tout nous est imposé, notre corps, notre intellect, nos éducateurs, le milieu dans lequel nous vivons, les règles du jeu de la vie et du jeu social. Darwin a imaginé l'évolution, mais à quoi cela sert-il? Quel changement de point de vue de l'humanité sur elle-même cette idée a-t-elle induit? Et surtout qu'est-ce que cela change dans nos sociétés, nos lois, et nos actions? Pourtant un être créé par un dieu et un être résultant des mécanismes de l'univers ne peuvent être identiques!

Bonjour, Vos discours sont intelligents certes, mais vraiment ne pensez-vous pas que l'humain est, dans son essence, porté à la violence, à la déviance plus qu'à la bienveillance. La nature de prédateur de l'homme ne s'adoucit pas dans un monde sociétal où l'élément constitutionnel de cette société est l'humain, le prédateur humain souvent réfractaire à ce groupement qui ne lui ressemble pas. L'humain a besoin de se montrer, de se sentir "important" et selon les champs de classes sociales, la culture, l'apprentissage, les règles sociales – certes contraignantes, mais utiles – il n'est jamais à sa place. La simple jalousie des pays, les uns par rapport aux autres, les perpétuelles obligations d'être plus fort que l'autre montre à certains qu'ils n'existeront jamais dans ce monde dans lequel ils se sentent exclus. Mais, sans vouloir faire de l'angélisme, tout le monde se sent exclus de l'autre, de l'intelligence de l'autre, de la richesse de l'autre. Il faut gagner à n'importe quel prix. La guerre est toujours sous-jacente. Il ne reste souvent que l'intégration sans réflexion. Les religions, les gourous de toutes sortes, les armes qui rendent fort, le délire de masse rendent fou. Normalement on a "appris" de l'histoire du monde ! Mais qu'en avons-nous fait de ce savoir ? Il se dilue dans le moment et c'est plus simple de n'avoir pas à apprendre, de ne pas chercher à comprendre et à éviter de faire un effort par la spontanéité irréfléchie aussi violente soit-elle. Tout est impulsion ; on multiplie la population sous le simple prétexte de vouloir jouer à la poupée avec de nombreux enfants que de génération en génération on ne sait pas éduquer. L'obligation de l'éducation a été rejetée et on en arrive à tuer un professeur et à en blesser un autre, parce qu'il y a contrainte d'apprendre. Que dit-on ? C'est le violent qui "le pauvre" a raison. Le prof est mort, laisse des orphelins, mais le pauvre il faut le comprendre. Les haines, les mensonges des peuples les uns avec les autres, les racontars de quartiers, les parents qui n'enseignent à leurs enfants que la revanche sont le terreau de la violence. Mais ne nous trompons-pas. Nous pouvons tous devenir radicalisés ! Ce n'est pas une excuse, c'est une honte de ne pas savoir "résister" à ces miroirs aux alouettes faciles. Les media passent leur temps à montrer les gens riches construire des villes pour les riches, des voitures pour les riches, des bateaux pour les riches, des vêtements pour les riches ………… Tant mieux pour eux, mais le môme éduqué en revanchard, vivant dans rue, parce que "aussi" ses parents ne l'éduque pas, pire : ses parents lui font honte …… Alors, interviennent les croyances "encore plus phagocytaires, les religions, les gourous, et autres groupements humains bien sclérosants où tout est permis". Mais au fait, pourquoi ne parle-t-on jamais des chercheurs anonymes qui œuvrent pour le reste du monde, tranquilles dans leurs laboratoires, silencieux et réfléchis ? Parfois eux-aussi aimeraient prendre les armes, mais ils pensent, eux ! L'humain se dirigera toujours vers le plus facile parce que l'effort d'apprendre, de comprendre est plus difficile que la spontanéité réactive ; la violence est un choix tellement plus fortuné. Les hommes politiques le montrent bien, les journalistes des media le montrent bien – tout ce beau monde vit sur des coussins dorés, ils sont bien payés pour parler, parler, parler, je dirais même palabrer, mais ils ne savent pas faire grand-chose de concret, de gentil, ils vivent dans leur surface dorée, et préfère s'éloigner des "sans dents" comme le dit ce soi-disant humaniste de Monsieur Hollande. Il faudrait réviser Monsieur George Ferdinand Cantor. Arrêtons cet angélisme de croire que les humains sont bons. Il n'y a aucune excuse, ni explication. Depuis des siècles on nous tient des discours analytiques ampoulés pour essayer de nous faire abdiquer de l'insoutenable ! Non tous les humains ne sont pas méchant en majorité ! Mais quand un humain est bon, essaie de faire bien, de montrer du savoir, il est immédiatement flingué par les journalistes qui investiguent et savent tout sur tout. C'est tellement plus facile de salir. Éviter la guerre des mondes ? Alors quand cette belle génération du 21ème siècle n'aura plus de quoi manger, car la population humaine sera trop endémique et irréfléchie, et incontrôlée, alors les peuples vont à nouveau s'entretuer et on se posera la question (comme vous le faites) pourquoi, qu'avons-nous fait etc… etc… ; mais ce sera trop tard car nous n'avons pas été assez vigilants et nous n'avons pas voulu instituer des repères élémentaires pour que les humains puissent vivre en harmonie. Il faut comprendre les autres pays et leurs coutumes si barbares soient-elles ! Mais ces pays-là veulent-ils nous comprendre ? Doit-on accepter le désordre de certains pays sous prétexte de notre négligence quand ils viennent s'installer en Occident ? Si on remet en cause une laïcité qui a été le fruit de longues douleurs de nos ancêtres et que les jeunes générations issues de l'immigration ne veulent pas apprendre ce que ce peuple de la douce France a payé pour obtenir ce statut c'est que les générations qui ont suivi, n'ont pas été assez ferme dans leur enseignement et leurs convictions. Le laisser-aller est plus facile que l'apprentissage. Quant aux grands media ils sont les premiers à être responsables de ce laisser-aller ; eux ils s'en fichent que leurs enfants soient délinquants c'est presque une preuve d'intelligence ! Mais l'humain issu d'une troisième génération de l'immigration, et qui vit de parents qui regrettent leurs coutumes, leurs religions abrutissantes, leurs enfermements intellectuels car rejetés d'office, les maîtres des "âmes" savent très bien s'en servir. Ces "âmes" (et je n'aime pas ce mot éthéré sur lequel reposent nombres de croyances iniques) sont si faciles à manipuler. Quand va nous tomber dessus une "sale guerre" (certains la veulent), on n'aura que comme choix : de la survie et non du palabre. Ce sera le sauve qui peut, et il n'y aura plus que de la combine et de la vengeance. J'ai une question sur cette phrase de Monsieur Jacques Sémelin ; je cite votre phrase : "J. S. : Un grand nombre des problématiques concernant la radicalisation se retrouvent aussi dans l’analyse des massacres et génocides que j’ai pu réaliser." Pensez-vous que la phrase "que j'ai pu réaliser" se trouve à la bonne place ? Est-ce vous qui avez réalisé ces massacres et ces génocides ? Bien à vous tous, PS : je vois de suite vos réflexions sur ce courrier – me jugeant immédiatement simple et probablement pas intellectualisée. Je suis née en 1941 et à "mon époque" ma classe sociale n'avait pas droit aux études, nous étions les rejetés de cette société littéraire et importante. Cela ne m'a pas empêchée d'être respectueuse et d'apprendre "autrement" que dans une université – mais j'ai le regret de n'avoir pas pu faire les études scientifiques qui vraiment m'intéressaient. A cette époque-là on ne demandait rien à l'enfant ; il devait suivre et subir. Cela ne m'a pas donné envie de tuer mes professeurs ; au contraire, j'avais une prof de math tellement généreuse ! Mais je remercie mon fatum d'avoir pu naître dans une nation relativement équilibrée, malgré les guerres occidentales de l'époque et qui revenaient tous les 20 ans. Si les immigrés fuient leur pays, c'est aussi à cause d'eux et de l'acceptation qu'ils font de leur violence. Ils arrivent dans un pays occidental qu'ils magnifient et qu'ils détestent en même temps. Le pays est à l'image de ceux qui le constituent, nous les humains. Nous avons laissé notre pays à des gens violents revanchards et désireux, comme Iznogoud de posséder le monde – idée récurrente chez tous les totalitaristes. Ce qui est grave, c'est que nous n'avons pas su résister, sous des prétextes intellectuels dits intelligents (on peu en douter) d'accepter tout et toutes les dérivations culturelles. Avons-nous tant honte de notre culture (parfois violente aussi, mais dont les ressortissants calmes ont toujours repris le dessus) ? Est-ce une honte de chanter "en Français" – devons-nous avoir honte de Brel, de Ferrat, de Brassens ? Devons-nous honte avoir de la danse classique avec une Sylvie Guillem plus grandiose que jamais et bien meilleure que toutes les Russes et toutes les danses de postérieurs gras et rebondis ? Devons-nous avoir honte de la Musique classique Chopin – Schumann – Beethoven – Elgar – Verdi – Mozart et j'en passe ? Devons-nous absolument supporter des musiques tambourinantes et envahissantes de percussions si désagréables qu'on ne peut plus ni voir ni écouter ce que la nature sait nous offrir généreusement sous prétexte que les autres pays existent ? Oui, les autres pays existent et ils peuvent avoir beaucoup à nous offrir, mais nous avons "aussi" beaucoup à offrir ; sauf que maintenant, la France se doit de sombrer dans sa "non existence" pour "unifier" le monde ! Non le monde ne doit pas être unifié, il doit cultiver sa différence et devenir heureux des autres cultures. Josiane Monrosty – une simple citoyenne du monde, pas d'accord avec ce monde, et qui ne veut pas tuer, mais qui refuse d'être ignorée, et ce, sans culture de l'arrogance. Seul le droit d'exister compte.
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