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Que pensez-vous de l’accord de Paris sur le climat ?
L’accord représente un résultat tout à fait remarquable. Il va bien au-delà de tous les espoirs qui étaient permis au vu des difficultés que connaissait ce processus de négociation lancé en… 2005. La conférence a été extrêmement bien préparée et organisée. Elle a permis d’instaurer une réelle confiance des parties, confiance qui, déjà limitée à l’origine, avait été ébranlée à Copenhague en 2009.
La COP a ainsi permis d’accoucher d’un accord qui est, bien sûr, un compromis, mais pas a minima. Ainsi, l’accord ne va pas saper les dynamiques naissantes en faveur du climat, qui émanent aussi bien des personnes publiques que privées. Il est en mesure au contraire de les accompagner et dans beaucoup de cas de les stimuler. Il est aussi idiot de dire qu’il a sauvé la planète que de dire l'inverse. Pour moi, l’accord ne représente qu’une étape. C’est le début d’un nouveau processus. Il va d’ailleurs falloir continuer à négocier, de COP en COP, pour en préciser les détails opérationnels. Car on sait bien que le diable se cache souvent dans les détails !
En attendant, l’accord s’attache à pousser les États à relever le niveau d’ambition de leurs contributions nationales aussi bien avant 2020, qu’après 2020. Un « dialogue facilitatif » devra ainsi avoir lieu en 2018 à la lumière d’un nouveau rapport spécial du GIEC sur l’objectif 1,5°, donc même avant l’entrée en vigueur de l’accord. Cet objectif est certes quelque peu irréaliste, mais sa mention va nous guider vers des politiques très ambitieuses. Par ailleurs, même s’il est non chiffré et non exactement daté, l’article 3 envoie le signal clair dont nous avions besoin : nos économies vont devoir être décarbonées avant la fin du siècle.
Selon vous, les scientifiques ont-ils été entendus ?
Le rôle des scientifiques a été majeur, en particulier à travers les travaux du GIEC, qui éclairent de plus en plus précisément les négociateurs sur les conséquences potentielles de nos trajectoires d’émission. L’accord se réfère d’ailleurs à plusieurs reprises à la science et aux données scientifiques. Le GIEC va continuer d’accompagner les États dans les années qui viennent. Il devra évoluer pour faire face à de nouveaux besoins. Maintenant que les objectifs sont posés, il va bien falloir se préoccuper tous ensemble de penser notre transition énergétique !
Sandrine Maljean-Dubois, spécialiste de droit international de l’environnement, est directrice de recherche au CNRS. Elle dirige l’UMR DICE à Aix-en-Provence. Elle est notamment coauteure (avec Matthieu Wemaëre) de La diplomatie climatique de Rio 1992 à Paris 2015, Pedone, Paris, 2015).
Commentaires
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leilaks le 19 Juin 2023 à 13h42Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS