Logo du CNRS Le Journal Logo de CSA Research

Grande enquête « CNRS Le Journal »

Votre avis nous intéresse.

Le CNRS a mandaté l’institut CSA pour réaliser une enquête de satisfaction auprès de ses lecteurs.

Répondre à cette enquête ne vous prendra que quelques minutes.

Un grand merci pour votre participation !

Grande enquête « CNRS Le Journal »
Donner du sens à la science

A propos

De la santé à l’énergie en passant par l’informatique ou la chimie, les recherches menées dans les labos trouvent régulièrement des prolongements dans le monde socio-économique. Découvrez sur ce blog des exemples de valorisation des recherches menées au CNRS, une des institutions les plus innovantes au monde.

Les auteurs du blog

La rédaction de CNRS le journal

A la une

Sensome : un capteur miniature pour assister la prise en charge des AVC
24.08.2018, par Mathieu Grousson
La start-up Sensome met au point une technologie d’aide à la décision au cours du traitement chirurgical d’un accident vasculaire cérébral. Celle-ci devrait entrer bientôt en phase d’essai clinique.

Chaque année, 1,5 million de personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral dit ischémique, en Europe et aux États-Unis. Réalisée dans les quelques heures qui suivent l’accident, une opération chirurgicale permet le retrait du caillot qui obstrue les vaisseaux sanguins. Pour autant, selon sa nature, l’intervention est plus ou moins complexe. D’où l’idée de Sensome, start-up issue de travaux réalisés au Laboratoire d’hydrodynamique (LadHyX)1 de proposer un capteur ultra-miniaturisé doublé d’une IA qui, placé à l’extrémité d’un guide neuro-vasculaire, permette d’identifier précisément la nature du tissu en présence. De quoi permettre au chirurgien d’adapter ses gestes à chaque situation. « Selon les cas, l’opération dure de quelques minutes à plusieurs heures, commente Franz Bozsak, cofondateur de Sensome. Notre objectif est de faire en sorte que chaque intervention dure le moins longtemps possible. »
 

Prototype de circuit intérieur d’un stent au laboratoire Ladhyx.
Prototype de circuit intérieur d’un stent au laboratoire Ladhyx.

Pourtant, lorsqu’en 2013 le jeune ingénieur termine sa thèse sous la direction d’Abdul Barakat, directeur de recherche au CNRS, ses préoccupations sont assez éloignées des AVC. Spécialiste des stents, il se demande comment instrumenter ces dispositifs introduits dans les artères à la suite d’un infarctus pour le suivi de la cicatrisation. « Il fallait un capteur de taille minuscule, de surcroît suffisamment sensible pour remonter des informations pertinentes », se souvient Franz Bozsak. Enchaînant sur un post-doc financé par le CNRS, le chercheur, sur les conseils d’Abdul Barakat, lui aussi cofondateur de Sensome, oriente ses recherches sur un capteur d’impédance. L’idée : qui sait si ces capteurs parfois utilisés pour suivre le déplacement de cellules, pourraient également donner des informations sur la structure et les propriétés des tissus auxquels elles appartiennent. « En fonction de la fréquence du courant qui traverse le capteur, on peut sonder différentes échelles spatiales de la cellule au tissu », précise le scientifique. Mais à l’époque, ce n’est qu’une idée.
 

Clotild, le dispositif connecté de la start-up Sensome, est doté d’un capteur miniaturisé (cerclé en rouge sur la photo) permettant au chirurgien d’adapter ses gestes à chaque situation.
Clotild, le dispositif connecté de la start-up Sensome, est doté d’un capteur miniaturisé (cerclé en rouge sur la photo) permettant au chirurgien d’adapter ses gestes à chaque situation.

En même temps qu’il réalise les tout premiers essais, Franz Bozsak suit en parallèle un programme mis en place par l’Université de Stanford et l’École polytechnique pour se sensibiliser aux aspects business de son aventure naissante. Lauréat du Concours mondial d’innovation 2014, l’aide financière qui lui est alors offerte permet de fonder la start-up et de recruter trois premiers ingénieurs. Entre les murs du laboratoire dont le CNRS est cotutelle, la petite équipe s’attelle à trois tâches en parallèle : miniaturiser son capteur, comprendre quels sont les signaux porteurs d’informations, et développer les algorithmes d’intelligence artificielle permettant de les analyser. Ainsi, un premier brevet est déposé en 2014, suivi d’un autre l’année suivante. « Aujourd’hui, notre technologie se fonde sur six familles de brevets dont le CNRS est copropriétaire », complète Franz Bozsak.

Distinguer les différents types de caillots à extraire
2015 et 2016 sont deux années de maturation, avec la réalisation d’un premier système opérationnel et les premiers tests sur des modèles animaux. Encouragée par plusieurs prix, dont un au Concours i-Lab 2015, et une première levée de fonds conséquente, la start-up s’agrandit, atteignant un effectif de neuf personnes fin 2016. C’est aussi durant cette période que Sensome conçoit la première application concrète de sa technologie. En effet, d’une part, il apparaît que le marché des stents coronaires sera difficile à investir pour une jeune pousse. D’autre part, depuis 2014, une technique chirurgicale permet le retrait des caillots impliqués dans les AVC, quand ceux-là étaient jusqu’alors dissous par absorption médicamenteuse. Avantage : cette opération permet d’intervenir jusqu’à 24 heures après un accident vasculaire, contre quelques heures, au mieux, auparavant, et avec des résultats moindres. Comme l’explique Franz Bozsak, « cette opération est réalisée soit avec une grille qui ressemble à un stent, agissant comme une sorte de tire-bouchon, soit avec un cathéter d’aspiration. Grâce à une sonde équipée de notre capteur, il nous est apparu qu’elle pourrait remonter de précieuses informations au chirurgien sur le corps à extraire, avant intervention. »
 

Les collaborateurs de la société Sensome sur le campus de l’École polytechnique.
Les collaborateurs de la société Sensome sur le campus de l’École polytechnique.

Deux ans plus tard, suite à une nouvelle levée de fonds réalisée en 2017, qui a notamment vu le CNRS entrer au capital de la start-up via sa filiale CNRS Innovation, le dispositif connecté proposé par Sensome, baptisé Clotild, est prêt. « Doté du plus petit capteur d’impédance au monde, il permet notamment de distinguer avec une très bonne sensibilité les caillots blancs, riches en fibrines et peu cassants, des caillots rouges, riches en globules rouges et très friables », poursuit le lauréat 2016 du prix de la MIT Review. Alors que la jeune entreprise qui emploie désormais 17 personnes vient de réaliser un nouveau tour de table rendu public le 11 juin 2018, les premiers essais sur l’homme sont désormais en ligne de mire. « Nous tablons sur une première commercialisation l’année prochaine », ajoute Franz Bozsak. En même temps que Sensome planche déjà sur d’autres applications de sa technologie…
 

Notes
  • 1. Unité CNRS/École polytechnique.

Commentaires

0 commentaire
Pour laisser votre avis sur cet article
Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS