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A propos

Du 1er juillet au 22 septembre, le CNRS présente ses archives aux Rencontres d’Arles, à travers une grande exposition photo intitulée «La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver - Les archives du CNRS». Ce blog en est l'émanation.

Les auteurs du blog

Luce Lebart
est historienne de la photographie, commissaire de l’exposition La saga des inventions, à Arles, et chercheuse et correspondante française pour la collection Archive of Modern Conflict.

A la une

Avant le radar, l’écouteur de Jean Perrin
01.07.2019, par Luce Lebart
Comment, bien avant l’invention du radar, détecter et localiser les avions ennemis? Le système d’amplification du son, dit «Ecouteur Perrin» ou télésitemètre, fut l’une des réponses apportées à cet enjeu primordial pour la défense nationale pendant la Première Guerre mondiale.

Les images fixes et animées de l’écouteur de Jean Perrin montrent un engin géant arrimé au sol mais évoluant au-dessus des têtes des opérateurs. L’invention, comme ces images, ont été réalisées pendant la Première Guerre mondiale, dans le contexte des activités de la Direction des inventions, des études et des expériences techniques alors dirigée par le républicain Jules-Louis Breton.
 
Le dispositif est composé de plusieurs capteurs reliés par des bras métalliques articulés. Son mouvement et sa structure évoquent ceux d’un manège tandis que sa nacelle rotative, actionnée par des opérateurs, renvoie au principe du tourniquet. Ce film n’a évidemment pas été enregistré sur un terrain de jeux ni dans une fête foraine. Encore moins en Syldavie, royaume imaginaire où Hergé campera, en 1939, l’aventure du Sceptre d’Ottokar et reproduira un télésitemètre avant que Tintin ne soit pris dans les tirs de la défense contre aéronefs (DCA) Bordure.

Section de cinématographie technique de la direction des inventions, des études et des expériences techniques - Écouteur Perrin, support original : film de 35 mm, 1918. Collection : CNRS. Numérisation effectuée par le CNC.

Dans ces images de mars 1918, les protagonistes opèrent près de Compiègne, sur le terrain d’essai du Centre d’instruction et d’études de la DCA du Fayel. Les membres de la section des études et des expériences techniques de la Direction des inventions et Jules-Louis Breton suivent la démonstration. Après la présentation générale du télésitemètre, une séquence se concentre sur ses capteurs, les myriaphones, autre invention de Jean Perrin mise au point en 1917.
 
Le télésitemètre repose sur le principe de l’écoute binauriculaire : des cornets géants, telles de grandes oreilles, captent l’énergie sonore qui s’engage dans un tuyau : « Les divers tuyaux groupés, par exemple par sept, accolent leurs extrémités en un carrelage qui forme le fond d’un cornet allongé qui peut être de nouveau conjugué avec d’autres cornets (myriaphones de second ordre), jusqu’à un cornet qui conduit le son au fond de l’oreille  », explique l’inventeur. Le son est ainsi amplifié et le nombre de cornets augmente la précision du relevé. Manœuvré par des opérateurs expérimentés et composé de plusieurs myriaphones, le télésitemètre a une portée de 7 à 8 kilomètres et l’erreur angulaire ne dépasse pas 2 ou 3 degrés. Jugés concluants, ces essais mènent à la construction d’une vingtaine de télésitemètres, livrés en juin 1918.

 
 
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À voir :

La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver, les archives du CNRS, exposition coproduite par les Rencontres d’Arles et le CNRS, en partenariat avec les Archives nationales est à voir à Arles à l’espace Croisière :
1 juillet - 22 septembre. 10H00 - 19h30
https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/780/la-saga-des-inventions

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À lire :

Inventions 1915-1938, sur  https://rvb-books.com/

 

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