Donner du sens à la science

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Découvrez ici les recherches et le récit des expéditions du géographe François-Michel Le Tourneau, spécialiste de la Guyane et explorateur de la forêt amazonienne. A suivre également sur le compte Twitter @7bornes.
 

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François-Michel Le Tourneau
Géographe aventurier, membre de l'International Research Laboratory (IRL) iGLOBES

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Pourquoi ça marche ?
07.07.2015, par François-Michel Le Tourneau
Mis à jour le 07.07.2015
Tandis que l'issue du raid approche, et sans préjuger des difficultés à venir, retour sur les facteurs qui permettent à l'équipe de continuer de progresser en dépit des obstacles et d'un calendrier exigeant.

Nous avons dépassé la borne 5 et nous avons désormais bon espoir d'arriver jusqu'au terme de notre voyage. Sans préjuger de ce qui peut encore arriver, on peut se demander quels sont les facteurs qui nous ont permis de progresser de près de 300 km en forêt en respectant un calendrier exigeant.
 
Le premier facteur me semble résider dans la préparation. Lors de celle-ci nous avons fait des choix, hérités pour certains des expériences des expéditions précédentes : distance que l'on peut raisonnablement parcourir chaque jour, stratégie de progresser en un seul groupe et sans layonnage, fréquence des ravitaillements (et en conséquence poids à porter), etc. La plupart de ces choix se sont pour le moment avérés corrects - à l'exception du temps prévu pour la première étape, qui aurait dû être allongé d'un ou deux jours.
 
Le second facteur se trouve dans l'organisation de la marche. Le groupe de tête comprend 3 personnes. L'éclaireur est le caporal-chef Alvaro. Doué d'un sens du terrain hors du commun, il réussit à lire les infimes indices qui sont à portée de vue dans la forêt fermée pour déterminer la direction de la ligne de crête ou la position des cols. Grâce à lui nous suivons presque parfaitement la frontière.
 
Je suis placé immédiatement en arrière avec le sergent-chef David. Lui dispose d'une cartographie sur son GPS et moi d'une autre sur ma tablette. Nous travaillons chacun à une échelle. Lui donne des azimuts à courte distance qui permettent d'orienter le travail du caporal-chef Alvaro.
 
Moi je contrôle la trajectoire générale, notamment par rapport à l'objectif que nous nous fixons chaque jour, tout en vérifiant en même temps les éventuelles incohérences entre la réalité du terrain et la cartographie. Ce trio fonctionne bien et nous avançons donc sans perdre de temps dans d'éventuels détours, et en suivant de manière rigoureuse la ligne de partage des eaux qui est aussi le chemin le plus avantageux car c'est celui qui minimise les montées et les descentes.
 
Enfin, le troisième facteur réside sans doute dans la rigueur avec laquelle l'adjudant Christophe mène le groupe. Grâce à lui chaque heure marchée est une heure complète et chaque pause se limite à 10 minutes sans s'allonger au fur et à mesure.
Rigueur militaire et légionnaire qui nous donne un rythme constant. De cette manière, nous avançons bien.
 Chasse aux champignons...
Certes rien n'est encore joué. Nous chutons tous plusieurs fois par jour et une cheville cassée ou un genou tordu sont vite arrivés, sans compter les accidents avec la faune, comme les serpents : nous en avons vu quatre ou cinq dans nos bivouacs uniquement dans les trois derniers jours. Un ou deux accidents et les évacuations que cela entraînerait pourraient nous empêcher d'arriver jusqu'en borne 7.
 
Cela étant, la reconnaissance géographique que nous envisagions est en voie de réussir. Elle nous permet de collecter des informations sur la région, mais aussi des enseignements techniques sur la manière de s'y déplacer, sur les points d'entrée et sur les points d'intérêt, qui serviront ensuite pour continuer à dresser un portrait du sud de la Guyane.
 

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