Donner du sens à la science

A propos

Le 28 mai 2016, la goélette scientifique Tara quitte son port d’attache de Lorient pour sillonner l’océan Pacifique sur près de 100 000 km afin d'étudier la biodiversité des récifs coralliens et leur évolution. Suivez sur ce blog cette formidable aventure scientifique, soutenue notamment par le CNRS, et jour après jour sur le site de Tara  et sur sa page facebook.

 

A la une

Au mouillage dans les eaux turquoise des îles Chesterfield
15.09.2017, par Vincent Hilaire
Alors que l’expédition Tara Pacific entame sa seconde année d'exploration des récifs coralliens, la goélette poursuit sa route dans la mer de Corail et nous fait découvrir cette semaine les îles Chesterfield, un petit archipel français situé au large de la Nouvelle-Calédonie. Le reporter Vincent Hilaire nous livre ici une page de son journal de bord.

Ce lundi 11 septembre 2017 à 8 h 30, les moteurs de Tara ont été stoppés. La traversée depuis la Grande Barrière de corail – environ 500 milles nautiques (plus de 900 kilomètres) – fut éprouvante. Dans cette route vers l’est, le vent aura toujours été face à nous. Une fois l’ancre bien crochetée dans ces fonds de sable à une dizaine de mètres de profondeur, l’équipe science, déjà équipée, n’a pas perdu une seconde pour se mettre à l’eau. Trois spots sont à prospecter d’ici vendredi au plus tard, dans cet archipel français inhabité situé à 550 kilomètres au nord-ouest de la Nouvelle-Calédonie.

Au petit jour, la vue de l’île Reynard était un plaisir et un soulagement, l’espoir d’un peu de calme. Les quatre derniers jours, aucun d’entre nous n’avait vraiment dormi une nuit complète, sans compter les quarts. « On dirait Clipperton », me disait François Aurat, notre officier de pont dont on vient de fêter l’anniversaire. Une nuée d’oiseaux – fous de bassan, frégates – volaient au-dessus de cette touffe verte surgie de l’océan Pacifique. L’anémomètre indiquait toujours des vents à 20 nœuds (27 kilomètres/heure).
 

Vue aérienne des récifs de l’archipel de Chesterfield, en Nouvelle-Calédonie.
Vue aérienne des récifs de l’archipel de Chesterfield, en Nouvelle-Calédonie.

Un mouillage difficile
Une première tentative de mouillage devant cet îlot était tentée, mais, en prudent capitaine, Simon Rigal laissait les deux moteurs de la goélette au point mort. Le récif autour de l’île ne protégeait pas assez Tara qui roulait d’un bord à l’autre, hypothéquant toute manœuvre de mise à l’eau des pneumatiques.

L’ancre fut donc relevée et le cap mis, plus au sud, sur une autre partie de cet immense récif des Chesterfield. Pour donner une idée, cet archipel mesure 120 kilomètres de long pour 70 kilomètres de large et il est composé de 11 îlots entrecoupés de nombreuses barrières de corail.
 
De la mer de Corail à Chesterfield
Ce groupe d’îles doit son nom au navire d’un capitaine anglais, Matthew Boyd, qui explora la mer de Corail dans les années 1790 et faillit y faire naufrage le 2 juin 1793.

Fréquenté surtout ensuite par les baleiniers, l’archipel est devenu français le 15 juin 1878, lors de sa prise de possession par le lieutenant de vaisseau Louis Adolphe Guyon. Le but était principalement d’en exploiter le guano. Apparemment, les îles furent abandonnées jusqu’à ce que le commandant Arzur, dans le vaisseau de guerre français Dumont d’Urville, inspecte les récifs de Chesterfield et y érige une plaque en 1939.
 

L’îlot Reynard, dans le lagon des îles Chesterfield.
L’îlot Reynard, dans le lagon des îles Chesterfield.

Des îles françaises méconnues
Les récifs de Chesterfield font maintenant partie du territoire de la Nouvelle-Calédonie et depuis 2014 du Parc marin de la mer de Corail, la plus vaste aire marine protégée française.

Le lagon de Chesterfield couvre une superficie d’environ 3 500 km2. Une barrière de corail entoure le lagon, interrompue par de larges passes, sauf sur son côté est. La majeure partie de la lagune est exposée aux alizés et à la houle océanique du sud-est. Elle est relativement profonde avec une bathymétrieFermerLa bathymétrie est la science de la mesure des profondeurs et du relief de l’océan pour déterminer la topographie du sol de la mer. moyenne de 51 mètres.

L’archipel des Chesterfield est un site majeur de ponte des tortues vertes dans l’océan Pacifique.
L’archipel des Chesterfield est un site majeur de ponte des tortues vertes dans l’océan Pacifique.

Isolées, les Chesterfield sont réputées pour offrir une biodiversité sous-marine exceptionnelle. De nombreuses tortues vertes viennent y pondre toute l’année, les requins y sont nombreux d’autant qu’en dehors de la barrière, les fonds atteignent assez rapidement plusieurs centaines de mètres.

C’est dans ces eaux riches que, depuis ce matin du 11 septembre, l’équipe science de Tara Pacific poursuit sa mission d’échantillonnage.
 
Ce billet a été publié sur le site de Tara Expéditions.
 

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du journal CNRS