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Que ce soit à terre ou sous la surface de ces eaux cristallines, Christian Voolstra (KAUST1), notre coordinateur scientifique et toute son équipe sont formels : « Nous sommes en présence d’un sanctuaire. Ici, nous n’avons constaté aucun événement de blanchissement en cours ou passé. Cet écosystème corallien est en très bonne santé comme à son premier jour. C’est extrêmement rare aujourd’hui, c’est peut-être la première fois d’ailleurs que je vois ça. Les îles Chesterfield sont une source d’espoir pour l’avenir. Nous sommes pourtant sous la même latitude que les récifs de la Grande barrière de corail ou de la Nouvelle Calédonie qui sont, eux, meurtris. Nous avons hâte de comprendre pourquoi cet écosystème va si bien ».
Un programme complet réalisé
Encore une fois, nos biologistes plongeurs n’ont pas économisé leur peine pour rapporter tous les échantillons nécessaires afin de caractériser cette nouvelle île de recherche, dans la sémantique scientifique de l’expédition. Toutes les plongées prévues ont été réalisées – y compris celles destinées à étudier la biodiversité – bien que le carottage se soit révélé très compliqué. La mèche de la foreuse est restée bloquée plusieurs heures dans le corail et, au terme de cinq plongées supplémentaires, elle a finalement été récupérée, non sans mal.
Une biodiversité exemplaire
Pendant toutes ces plongées de multiples espèces de coraux ont encore été aperçues avec des couleurs et des formes de toutes factures. Côté faune sous-marine, des thons, des bonites, des mérous, des balistes, des poissons-perroquets, des maninis ou poissons-chirurgiens et des requins de récif pointe noire ont été aperçus et aussi, chez ces prédateurs, des espèces comme les requins Silver tip, d’une envergure de trois mètres.
À terre, nous aurons pu observer des quantités d’oiseaux marins tels que les fous, les sternes, les shearwatersFermerPerdrix endémiques de cette région du Pacifique., les frégates à jabot rouge. Pour toutes ces espèces, les petits venaient à peine de naître et luttaient déjà pour survivre. Sur la plage de l’île Longue, nous avons pu approcher des tortues vertes, en pleine période de reproduction, dont on a dénombré jusqu’à trente spécimens adultes.
Un joyau français
Les îles Chesterfield, réserve du parc marin de la mer de Corail, sont donc un joyau dont la France doit absolument prendre soin, car elles ont déjà valeur de sanctuaire dans cette région du Pacifique et, surtout, dans ce contexte de hausse durable des températures. Concernant la bonne santé des Chesterfield, la biologiste Claudia Pogoreutz (KAUST) avance une hypothèse : les causes sont peut-être à chercher du côté des oiseaux et de leur guanoFermerFientes des oiseaux marins. que l’on sent bien avant de débarquer sur ces îles.
Les quinze taranautes du bord garderont en tout cas un souvenir inoubliable de cette courte semaine passée dans cet archipel que l’anthropocèneFermerÉpoque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. semble avoir, à part quelques macrodéchets plastiques, encore épargné.
Ce billet a été publié sur le site de Tara Expéditions.
- 1. King Abdullah University of Science and Technology.
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du journal CNRS