Donner du sens à la science

A propos

Le 28 mai 2016, la goélette scientifique Tara quitte son port d’attache de Lorient pour sillonner l’océan Pacifique sur près de 100 000 km afin d'étudier la biodiversité des récifs coralliens et leur évolution. Suivez sur ce blog cette formidable aventure scientifique, soutenue notamment par le CNRS, et jour après jour sur le site de Tara  et sur sa page facebook.

 

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Un laboratoire naturel nippon
05.04.2017, par Noëlie Pansiot
En escale au Japon, la goélette Tara longe la côte nippone en quête d’indices sur l’état de santé des coraux. Au sud de la baie de Tokyo, chaque site étudié réunit les caractéristiques de l’océan de demain. Les scientifiques observent parallèlement les effets des changements de températures et l’augmentation de l’acidité (pH) de l’eau sur les écosystèmes marins.

Sous la surface, le concept de changement climatique prend tout son sens. Ce grand bouleversement impacte les coraux de manière extrêmement visible. Les deux paramètres qui touchent aujourd’hui particulièrement la santé du corail sont le réchauffement et l’acidification de l’océan.
 

En escale à Shikine, une île située au sud de l’archipel nippon, l’équipe observe les effets de l’acidification sur le corail.
En escale à Shikine, une île située au sud de l’archipel nippon, l’équipe observe les effets de l’acidification sur le corail.

Réchauffement et blanchissement

Pour comprendre ce qui se joue ici, il faut expliquer ce qu’est le corail… cet animal qui, de loin, ressemble à un caillou. Rapprochons-nous pour l’observer à la loupe. Le corail est un animal à part, une sorte de petite méduse inversée, appelé « polype », qui bâtit son squelette à l’extérieur de son organisme. Sa particularité réside aussi dans le fait qu’il ne parvient pas à se nourrir tout seul. Le corail a besoin d’une microalgue pour puiser son énergie : la zooxanthelle. En utilisant la photosynthèseFermer Processus bioénergétique qui permet aux plantes et aux algues de synthétiser de la matière organique en utilisant la lumière du soleil., cette algue lui apporte les nutriments nécessaires à sa survie. Les scientifiques parlent de « symbiose » pour évoquer cette collaboration entre algue et corail.

Les fonds marins de Shikine (ici, à 7 mètres de profondeur) ont une eau naturellement acidifiée, l'île se situant sur une zone volcanique.
Les fonds marins de Shikine (ici, à 7 mètres de profondeur) ont une eau naturellement acidifiée, l'île se situant sur une zone volcanique.

Mais leur mariage est fragile. Une hausse de température de l’océan, de seulement 1 °C, peut entraîner la mort d’un récif en quelques jours. Stressés par la chaleur, coraux et algues signent leur divorce. Les coraux perdent leurs microalgues. À moins que ce ne soit les coraux qui chassent les algues. Les chercheurs s’interrogent encore sur ce processus. Privés d’algues et donc de nutriments, les coraux blanchissent et dépérissent. On parle alors de « blanchissement ».

CO2 et acidification

L’acidification représente l’autre menace majeure. Il s’agit d’un concept assez récent, puisque les premières recherches sur le sujet datent seulement des années 1990. Le CO2 dégagé par les activités humaines acidifie les océans et impacte la croissance des coraux. La santé des récifs s’avère menacée.

Sylvain Agostini, coordinateur scientifique au Japon, explique : « Il existe seulement quelques sites comme celui de Shikine au Japon, comme en Italie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le site de Shikine se situe sur une zone volcanique. Le magma qui brûle sous la croûte terrestre dégage du CO2 et forme des bulles qui s’échappent des fonds marins. La zone est donc naturellement acidifiée ! En général, les scientifiques travaillent sur la question de l’acidification en aquarium sur seulement quelques espèces. À Shikine, c’est tout l’écosystème qui est baigné dans cette eau acidifiée depuis plusieurs générations. »

L’équipe de Tara effectue un relevé de terrain pour étudier le corail et les algues.
L’équipe de Tara effectue un relevé de terrain pour étudier le corail et les algues.

En plongeant dans les eaux fraîches de Shikine, les Taranautes effectueront un bond dans le temps. L’acidification du site choisi est telle qu’elle correspond aux estimations prévues en 2100. Pour les chercheurs embarqués, cette zone à fort potentiel scientifique constitue un véritable laboratoire naturel sous-marin.

Cet article a été publié sur le site de Tara Expéditions

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du journal CNRS