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Risques littoraux
Parmi les phénomènes qui impactent les zones côtières, on trouve le recul du trait de côte lié à l’érosion, les phénomènes de submersion (lorsque l’eau pénètre à l’intérieur des terres), ou encore les avancées de dunes. Estimer le risque littoral, c’est non seulement estimer les aléas naturels qui se produisent sur les côtes, mais également évaluer la vulnérabilité globale de ce secteur, en prenant en compte les problématiques d’enjeux associés, telle la stratégie de gestion des politiques et la perception par les populations concernées.
On estime à environ sept millions le nombre de personnes qui vivent dans des communes littorales en France et qui pourraient donc être directement concernées par ces enjeux.
Pose d'un capteur de mesure de pression
Observer l’océan côtier
Le fondement des études menées sur la zone littorale est l’observation. Pour cela, les scientifiques s’appuient sur un certain nombre d’instruments, qui leur permettent de collecter des mesures sur le long terme, données qui permettront d’étudier les phénomènes récurrents, haute fréquence (variations de températures par exemple) et des évènements ponctuels et extrêmes (comme des tempêtes). La réalisation de suivis à long terme permet également de faciliter l'anticipation de certains processus et phénomènes à grandes échelles comme les cyclones ou les tsunamis.
Au sein de l’Infrastructure de Recherche ILICO, destinée à observer et comprendre les milieux et les écosystèmes côtiers et marins dans leur globalité, les scientifiques de 54 laboratoires mesurent, par exemple, le niveau relatif de la mer, via des marégraphes et des mesures GPS, ou étudient l’évolution morphodynamique du trait de côte, incluant notamment les phénomènes d’érosion des falaises. Ces données issues d’observations sont complétées par des mesures de télédétection, le développement de modélisations numériques, couplées avec une approche expérimentale dans des bassins d’expérimentation où on cherche à reproduire les phénomènes.
Bouée MAREL IROISE au large de Sainte-Anne (Finistère)
Une coopération pluridisciplinaire pour comprendre les risques
Les zones côtières et littorales sont soumises à de nombreuses pressions anthropiques1, comme la pêche et l’installation d’infrastructures industrielles, ou les activités nautiques et le tourisme par exemple. Ces zones sont également soumises à des événements naturels, tels que les tempêtes, les tsunamis, ou encore aux phénomènes naturels d’érosion. Le changement climatique impacte ces milieux en favorisant par exemple l’élévation du niveau de la mer, ou l’augmentation de la fréquence de certains aléas extrêmes.
Ces zones de continuum terre/océan représentent un ensemble de problématiques scientifiques où se confrontent à la fois des phénomènes liés à de longues échelles de temps et d’espace, comme les variations du climat, ou la tectonique des plaques, et des effets liés aux causes plus locales et de courte échelle de temps, tels que les facteurs anthropiques ou les évènements météorologiques. La compréhension des processus physiques, biogéochimiques et sédimentaires, qui caractérisent les zones côtières et littorales, est donc fondamentale pour mener efficacement une politique de gestion durable de ces espaces.
Qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique, comprendre ces changements, nécessite une approche multi-méthodes, telles que des mesures in situ, le développement de modélisations numériques et physiques, le relevé d’indicateurs biologiques ou l’emploi de méthodes de télédétection spatiale par exemple.
Pour mener ces recherches, une coopération pluridisciplinaire est indispensable. Ces travaux s’appuient sur des savoirs issus de la géomorphologie (évolutions morpho-dynamiques du trait de côte2), de la géophysique, des études hydrodynamiques (variabilité des courants), ou encore de la sédimentologie, de la biologie, de l’écologie et des sciences humaines et sociales. Enfin, cette compréhension doit également être multi-temporelle, depuis l’observation de l’instantané jusqu’à l’approche de phénomènes se déroulant sur plusieurs milliers d’années.
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du journal CNRS