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Un jour avec Thierry Alliaume, chaudronnier
(Cet article a été publié dans CNRS Le Journal n°268 septembre-octobre 2012)
9 h 30 : SOS dépannage
L’atelier de chaudronnerie de l’Institut de physique nucléaire de Lyon (IPNL)1 se situe au sous-sol d’un étrange édifice du domaine scientifique de la Doua qui évoque un jeu de Rubik’s Cube géant. Vêtu de son bleu de travail, un casque à souder vissé sur la tête, Thierry Alliaume y parachève en ce début de journée un couvercle en acier inoxydable percé de plusieurs orifices. « Un ingénieur qui travaille sur l’accélérateur à protons, installé au rez-de-chaussée du bâtiment, m’a descendu cette pièce en urgence pour que j’y ajoute une ouverture supplémentaire », indique le responsable de l’atelier chaudronnerie, entre deux points de soudure. Pour ce travail délicat, il emploie une technique de soudage à l’arc un peu particulière : la méthode TIG (Tungsten Inert Gas). « Reposant sur l’utilisation d’un arc électrique enrobé d’argon, elle permet d’assurer l’excellente étanchéité de cette pièce en inox avant son retour sur la ligne d’accélérateur », précise Thierry Alliaume.
11 heures : jeu de Meccano
En fin de matinée, le chaudronnier a délaissé le poste à souder pour scier des barres d’aluminium que son collègue Georges Verdier emboîte à la manière d’un jeu de Meccano : « Depuis 2009, informe-t-il, nous privilégions pour la réalisation des plateformes expérimentales ces structures d’aluminium totalement modulables aux assemblages mécano-soudés en inox. » Adaptables à volonté, ces modules laissent une grande liberté d’action aux ingénieurs et aux physiciens qui peuvent intégrer de nouveaux éléments électromécaniques jusqu’à l’ultime minute précédant le lancement d’une expérience. Entré à l’IPNL en 1982 avec une solide expérience de tôlier-chaudronnier acquise dans l’industrie, Thierry Alliaume redécouvre ainsi sans cesse les nombreuses facettes d’un métier qui se distingue par sa polyvalence.
14 h 30 : objectif sécurisation
Si le façonnage sur mesure de pièces en acier inoxydable constitue une part importante de son activité, le chaudronnier a parfois l’occasion, comme en ce début d’après-midi, de mettre en pratique un aspect peu connu de son métier : celui de métalliste-serrurier. « En 2008, Georges Verdier et moi avons passé quatre jours dans les sous-sols du Cern pour réaliser un sas destiné à sécuriser l’accès à l’expérience du détecteur de particules CMS », se souvient l’artisan. Plus prosaïque, la sécurisation du rez-de-chaussée du bâtiment principal de l’IPNL, qu’il est sur le point de terminer, n’en relève pas moins de ce même savoir-faire. « Avec les machines dont nous disposons et les méthodes de soudure que nous maîtrisons, souligne-t-il, il est possible de répondre à toutes sortes de sollicitations, de la soudure délicate d’un piège à azote au renforcement, comme aujourd’hui, des grilles de protection d’une salle d’expérimentation. »
17 h 30 : réunion informelle
Alors que la journée touche bientôt à sa fin, Jean-Christophe Ianigro entre dans le bureau de Thierry Alliaume. Le responsable du service d’études et réalisation mécaniques de l’IPNL profite du calme relatif de cette fin d’après-midi pour régler les derniers détails concernant la finition d’un cylindre d’acier usiné. Après un passage par l’atelier de fabrication mécanique, chargé du perçage et du lissage de la pièce, ce cylindre, destiné à accueillir des câbles à haute tension d’un dispositif dédié à l’étude de composants subatomiques, sera déposé le lendemain matin dans l’atelier de chaudronnerie pour y être soudé. « De la précision de nos soudures dépendra celle des données expérimentales recueillies par les physiciens. En tant que dernier maillon de la chaîne de fabrication, nous n’avons donc pas le droit à l’erreur », conclut le chaudronnier.
- 1. Unité CNRS/UCBL.
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Auteur
Grégory Fléchet est né à Saint-Étienne en 1979. Après des études de biologie suivies d’un master de journalisme scientifique, il s’intéresse plus particulièrement aux questions d’écologie, d’environnement et de santé.