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Parmi les nombreuses fouilles archéologiques menées dans le Kurdistan Irakien depuis une décennie, une équipe italienne, dirigée par Daniele Morandi Bonacossi (Université d’Udine), a mis au jour en septembre 2019 des reliefs rupestres assyriens datant des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.
Depuis 2012, les archéologues explorent le site de Faydah, à une cinquantaine de km au nord de Mossoul en Irak. Les fouilles ont dû être interrompues en 2014 lors de la prise de pouvoir par Daesh dans la région, et ce n’est qu’après la défaite des djihadistes que les archéologues ont pu revenir sur le terrain.
Fouilles de Faydah. Credit: Alberto Savioli
Dix bas-reliefs, exposés en pleine nature le long d’un ancien canal d’irrigation de six km de long, représentent des dieux en procession, debout sur des animaux mythiques et faisant face au souverain assyrien. Il s’agit très vraisemblablement du roi Sargon II (720-705) qui a fait creuser le canal d’irrigation afin d’alimenter en eau la vaste étendue de champs située dans l’arrière-pays de Ninive. Son fils Sennacherib, après avoir déplacé sa capitale à Ninive a agrandi le réseau de canaux pour acheminer l’eau jusque dans ses majestueux jardins.
Procession de dieux. Credit: Isabella Finzi Contini.
Les bas-reliefs ont été gravés sur d’énormes blocs de cinq mètres de long et deux de haut. Dans la procession divine figure en premier lieu Assur, le dieu principal de l’Assyrie, un pied sur le dos d’un dragon, l’autre sur celui d’un lion à cornes. Son épouse, Mulissu, est assise sur un trône porté par des lions. Les suivent d’autres dieux importants du panthéon assyrien : Sîn, le dieu Lune, Shamash, le dieu Soleil, Ishtar, la déesse de la guerre et de l’amour et Nabû, le dieu des scribes et du savoir. Selon les archéologues, les dieux regardent dans le sens où coulait l’eau du canal alimenté par des sources karstiques.
Procession de dieux, détail. Credit: Isabella Finzi Contini.
Les reliefs rupestres assyriens sont relativement rares, l’art monumental étant généralement réservé au palais royal. En outre, Sargon II était plutôt connu jusqu’alors pour ses exploits militaires et la construction d’une capitale nouvelle, Khorsabad, qu’il a à peine eu le temps d’inaugurer. Il aurait donc également investi dans de grands travaux permettant d’alimenter la population au cœur de son empire.
Les recherches archéologiques au Proche-Orient n’ont pas fini de nous surprendre.