Depuis plus de 20 ans, les scientifiques alertent l'opinion et les gouvernements des pays industrialisés sur le problème du réchauffement climatique lié à l'accumulation de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère, conséquence des activités humaines et en particulier du déstockage massif du carbone fossile qui était emprisonné depuis des millions d'années dans le sous-sol sous forme de pétrole, charbon ou gaz. Compte-tenu de l'épuisement inéluctable des ressources fossiles, de la croissance démographique mondiale et de la légitime aspiration des populations à accéder à l'énergie indispensable à leur bien-être, la nécessité d'une transition vers un mix énergétique moins émetteur de GES est devenue une évidence.

La transition énergétique constitue l'un des défis majeurs du XXIème siècle pour l'humanité, mais ce n'est pas seulement un défi technologique, c'est un enjeu de société considérable, un lieu de controverses où les opinions se confrontent parfois durement. La diffusion récente de documentaires sur l'exploitation des gaz de schistes aux USA, révélant les conséquences environnementales désastreuses auxquelles pouvait conduire l'exploitation précipitée d'une nouvelle ressource conjuguée à un déficit patent d'encadrement réglementaire a légitimement ému l'opinion publique internationale.

La recherche scientifique doit pouvoir éclairer - objectivement et sans tabou – les citoyens et les décideurs politiques sur les avantages et inconvénients respectifs des différentes options énergétiques qui toutes sans exception comportent leur lot de nuisances potentielles.
Un séminaire scientifique s'est tenu en janvier au siège du CNRS pour faire le point des connaissances sur les gaz de roches mères et les technologies permettant leur exploitation. Le sujet est abordé dans ce numéro du journal qui traite plus largement des nouvelles voies permettant de produire du gaz, comme la fermentation de matières organiques issues de nos déchets ou encore la stimulation d'anciennes mines de charbon par dépressurisation (sans recours à la fracturation hydraulique).

Le méthane issu de réservoirs conventionnels est une source d'énergie moins émettrice de CO2 que le pétrole et surtout que le charbon que l'on commence (ou recommence) à exploiter massivement dans plusieurs pays. Le gaz peut également être utilisé comme moyen de stockage ou d'hybridation des énergies renouvelables variables. Pour l'ensemble de ces raisons, il constituera toujours l'une de nos principales sources d'énergie au cours des 2 ou 3 décennies à venir, et sans doute au-delà.