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Bienvenue sur le blog de Cécile Michel, destiné à vous faire découvrir trois mille ans d’histoire d’un Proche-Orient aux racines complexes et multiples, à travers les découvertes et les avancées de la recherche en assyriologie et en archéologie orientale. (Version anglaise ici)

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Cécile Michel
Assyriologue, directrice de recherche au CNRS dans le laboratoire Archéologies et Sciences de l’Antiquité

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La Mésopotamie à l’honneur au Louvre-Lens
14.11.2016, par Cécile Michel
Mis à jour le 14.11.2016

Le Louvre-Lens présente une grande exposition du 2 novembre 2016 au 23 janvier 2017, dont le titre, « L’histoire commence en Mésopotamie », fait écho à l’ouvrage de Samuel Noah Kramer, éminent savant américain spécialiste du sumérien, L’histoire commence à Sumer[1].

Le titre original de ce livre était From the Tablets of Sumer: Twenty-five Firsts in Man’s Recorded History. À sa parution aux États-Unis en 1956, l’ouvrage connut un succès tout relatif comme le raconte S. N. Kramer lui-même dans son autobiographie[2]. Lors de sa traduction en français et sa publication par les éditions Arthaud, Jean Bottéro, assyriologue de renom, proposa de changer le titre en L’Histoire commence à Sumer. Paru dans sa version française en 1957, le livre connut alors un succès fulgurant, reçut le prix du meilleur ouvrage étranger publié en France, fut encensé par André Breton et immédiatement traduit dans d'autres pays européens. En 1959, l’éditeur américain Doubleday qui avait refusé dans un premier temps de le publier, décida de reprendre le livre en version de poche avec le nouveau titre. Depuis, cet ouvrage est sans conteste le best seller de l’assyriologie dans le monde entier[3].

L’exposition de Lens a été inaugurée le 1er novembre par le Président de la République, François Hollande, qui en avait décidé la tenue lors de sa visite au Musée du Louvre en mars 2015, une décision politique mettant en lumière la préoccupation de la France pour le patrimoine archéologique du Proche-Orient ancien mis à mal, en particulier en Iraq et en Syrie, depuis trop d’années. Organiser une exposition d’une telle ampleur en seulement dix-huit mois fut un réel défi pour les conservateurs du Louvre et du Louvre-Lens, relevé avec brio par Ariane Thomas, la commissaire de l’exposition, et par ses collègues. Il s’agit de faire redécouvrir au public la richesse de la Mésopotamie antique dont la civilisation, encore trop souvent méconnue, a largement inspiré la nôtre.
Ebih-Il, haut fonctionnaire de Mari, XXIVe siècle av. J.-C. et « mascotte » de l’exposition du Louvre-Lens. Photo Vanessa Tubiana-Brun.

Ebih-Il, haut fonctionnaire de Mari, XXIVe siècle av. J.-C. et « mascotte » de l’exposition du Louvre-Lens. Photo Vanessa Tubiana-Brun.

Plus de 400 objets, provenant pour la plupart des réserves du Musée du Louvre, retracent les innovations mésopotamiennes à travers un parcours thématique consacré successivement à la redécouverte de la Mésopotamie, l’économie, la religion, les premières villes, la première écriture, les premiers rois, les premières dynasties et les premiers empires. Pour ceux qui ne peuvent se déplacer, le catalogue de l’exposition, magnifiquement illustré, présente les œuvres exposées et propose un périple à travers les nombreuses innovations de la Mésopotamie antique.

D’autres expositions d'envergure célèbrent la grandeur du Proche-Orient antique. À Rome, depuis le 6 octobre et jusqu’au 11 décembre, les visiteurs du Colisée peuvent admirer des reconstructions grandeur nature de trois monuments aujourd’hui détruits : le taureau androcéphale ailé de Nimrud (ancienne Kalhu), la salle des archives d’Ebla et une partie du plafond du temple de Bel à Palmyre. Les vestiges de la "Perle du Désert" sont aussi à l’honneur au Grand Palais du 14 décembre au 9 janvier dans le cadre de l’exposition De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel. Les visiteurs seront immergés grâce à des reconstitutions 3D au cœur de quatre sites archéologiques en danger ou partiellement détruits : Khorsabad, Palmyre, le Krak des Chevaliers et la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas.

À l’heure où se livrent les batailles pour reprendre les villes de Mossoul et Raqqa aux djihadistes de Daesh et où la population d’Alep est assiégée et affamée, il est bon de se remémorer la grandeur de la civilisation mésopotamienne dont nous avons en partie hérité.

[1] S. N. Kramer, L’histoire commence à Sumer, nouvelle édition Champ Histoire, 2015.
[2] S. N. Kramer, In the World of Sumer. An Autobiography, Detroit, 1986, chap. 9: “Birth of a Best-Seller”, p. 135-143.
[3] Un ouvrage collectif français s’était déjà inspiré de ce titre : P. Bordreuil, F. Briquel-Chatonnet et C. Michel (dir.), Les débuts de l’histoire. Civilisations et cultures du Proche-Orient ancien, Paris : Editions Khéops, 2014 (première édition La Martinière 2008).

 

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