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Grande enquête « CNRS Le Journal »

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Donner du sens à la science

Le blob, la cellule qui apprend

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Bonjour ! Moi, c’est le blob. Enfin… mon vrai nom, c’est Physarum polycephalum... Je vis principalement dans les sous-bois, à l’abris de la lumière. Je ne suis ni une plante, ni un animal, ni même encore un champignon. Je suis un organisme unicellulaire, une cellule géante. Et je n’aime pas le sel. Enfin… C’est ce que je croyais au début ! 

 

L’éthologue Audrey Dussutour m’étudie depuis plusieurs années à l’université de Toulouse. Elle veut savoir si je suis capable d’apprendre. D’apprendre à aimer le sel par exemple !  Elle a du monter une expérience astucieuse pour le découvrir. J’ai été placé face à ma nourriture préférée. Mais elle a mis un petit pont de sel entre nous.Pouah ! Le premier jour, j’ai mis mis 10 h pour parcourir seulement 1 cm sur ce pont salé. Mais, au fil des jours, ça me dérangeait de moins en moins.. Au bout de 5 jours, je suis parvenu à traverser le pont de sel aussi rapidement qu’un pont non salé. 

J’ai donc réussi à apprendre à supporter le sel. Ca a clairement surpris les scientifiques - car en plus je ne possède pas de cerveau.

 

Audrey Dussutour – Ethologue

Cette expérience a été fait sur 4 000 blobs différents parce que quand vous voulez prouver un apprentissage chez un être unicellulaire vous devez être sûr de pouvoir convaincre vos collègues.  L’accueil de la communauté a été chaleureux, nous avons reçu de nombreux messages de scientifiques très intéressés par notre expérience. Bien sûr il y avait des sceptiques parce qu’on cassait un dogme : l’apprentissage n’était plus réservé à des organismes avec un cerveau.

 

Fort de cette découverte, Audrey Dussutour a voulu aller plus loin dans son enquête. Étais-je capable de transmettre ce que je venais d’apprendre ? M’était-il possible  d’apprendre à mes semblables à aimer le sel ? Pour le savoir, Audrey Dussutour a tiré parti d’une de mes surprenantes capacités : la fusion. Si jamais je croise mon frère jumeau, nous pouvons nous unir ; coller nos membranes pour ne former qu’un seul réseau de veines…  Et c’est dans ce réseau que transite l’information.

 

Audrey Dussutour – Ethologue

En réalité le blob est un organisme unicellulaire mais il contient plein de noyaux. C’est-à-dire qu’il a plein de copies de son matériel génétique. Du coup quand vous coupez le blob en deux chaque partie a une partie du matériel génétique et peut fonctionner de manière autonome. Et ce qu’on s’est aperçu c’est que si on autorisait une fusion entre deux blobs pendant 3 heures, l’information passait d’un blob à l’autre : le blob naïf maintenant aimait le sel.

 

    Si je suis capable de stocker de l’information, reste à découvrir quel est  le support de cette mémoire au sein de mon organisme qui ne dispose pas de système nerveux. Les chercheurs ont ainsi injecté du sel directement dans les veines d’un congénère qui n’avait pas encore appris à aimer ce sel. Et surprise, cette simple injection était capable de générer un apprentissage, à la manière d’un souvenir qu’on aurait injecté dans ma mémoire. Moi et mes semblables sommes donc tous différents en fonction de nos souvenirs. Ce qui impacte nos déplacements ou notre façon de nous alimenter. Nous avons par exemple développé des préférences alimentaires en fonction de nos pays d’origine. 

 

Audrey Dussutour – Ethologue

Pour la petite anecdote quand on a reçu le blob américain on avait au laboratoire beaucoup de flocon d’avoine bio parce que c’est bon pour la planète donc c’est comme ça qu’on élevait notre blob australien. Et quand le blob américain est arrivé on lui a donné la même nourriture et il l’a complètement refusé. Il a préféré sortir de la boite, il n’aime pas du tout les flocons d’avoine bio, il préfère une petite marque américaine bien connue. 

 

Ces découvertes alimentent aujourd’hui de nombreuses études fondamentales sur l’intelligence cellulaire partout dans le monde. Demain, nous les blobs pourrions éclairer la recherche sur la croissance des tumeurs cancéreuses ou révéler de nouvelles molécules. Certes, je donne  l’impression de sortir d’un film de science fiction, et pourtant, je pourrai permettre aux humains de mieux comprendre la complexité  du vivant...

 

Le blob, la cellule qui apprend

16.07.2020

Ni animal, ni végétal, ni champignon, le blob est une cellule géante. Dépourvu de cerveau, il peut se déplacer et même apprendre ! Avoine bio ou céréales ultra transformées, il a aussi des préférences alimentaires selon son pays d'origine... La version longue de cet étonnant documentaire coproduit par Arte.tv est visionnable sur Youtube.

À propos de cette vidéo
Titre original :
Le blob, la cellule qui apprend
Année de production :
2020
Durée :
4 min 47
Réalisateur :
Pierre de Parscau
Producteur :
CNRS Images
Intervenant(s) :
Audrey Dussutour (CNRS)
Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA)
Centre de Biologie Intégrative
CNRS / Université Toulouse III – Paul Sabatier

La version longue de ce documentaire est disponible sur Arte.tv jusqu’au 18 juillet et sur Youtube.
  
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