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Script court pour Phobies / VR
Yohann Chirez, patient
Il est quand même terrible celui-là.
Eric Malbos, médecin en psychiatrie
Tout à fait, c’est l’un des plus difficile, celui-là.
Rappelez-vous que rien ne presse, que vous pouvez prendre votre temps.
Yohann Chirez, patient
J’avais bien avancé la dernière fois...
Eric Malbos, médecin
On a à chaque fois cinquante minutes, ce qui est bien.
Cet homme est angoissé, il a peur du vide. On appelle ça l’accrophobie. Et pourtant il se trouve dans un environnement sécurisé. Nous sommes dans un laboratoire de recherche qui étudie l’utilisation de la réalité virtuelle pour traiter cette phobie.
Et malgré le côté virtuel, la peur, elle, est bien réelle…
ITV Yohann Chirez, patient
Je suis tendu, complètement. Aujourd’hui, par exemple, j’avais les jambes qui tremblaient. Je suis raide de partout, j’ai la nuque vraiment raide. Je sors de là, j’ai l’impression d’avoir fait un marathon ; du sport en tout cas pendant un bon moment. C’est vraiment beaucoup plus fatiguant physiquement que je ne l’imaginais.
ITV Eric Malbos, médecin
J’ai commencé à traiter les patients en 2004 en réalité virtuelle.
Je traite aussi de manière traditionnelle, c’est-à-dire sans casque de réalité virtuelle si la situation l’exige. Par exemple, une personne qui aura peur des aiguilles de seringue, ce n’est pas la peine d’avoir la réalité virtuelle. Ce n’est pas compliqué à faire dans la réalité.
La réalité virtuelle est intéressante quand on a des situations qui sont difficiles à recréer ou à contrôler dans la réalité.
Quatre écrans, dont un écran au sol, créent cet environnement immersif. Des lunettes qui comportent des filtres permettent de recevoir les images en stéréoscopie et font disparaître la perception des écrans.
Ces lunettes sont munies de boules qui réfléchissent la lumière infrarouge. Des caméras spéciales placées autour du dispositif permettent de suivre les mouvements du patient et de sa tête. L’image projetée est alors adaptée en permanence au point de vue du sujet.
ITV Daniel Mestre
On est à cheval, à la frontière entre de l’expérimentation et de l’application ici. Puisque le but c’est de démontrer scientifiquement l’efficacité de la thérapie par exposition à la réalité virtuelle.
Ici plutôt que de faire monter le patient en haut de la tour Eiffel, on va lui créer une tour Eiffel virtuelle. Avec idée que la réalité virtuelle fonctionne aussi bien que la réalité.
On a un protocole qui est validé par les comités d’éthique et l’Agence du médicament sur un ensemble de quarante patients qu’on va passer progressivement sur ce dispositif. Avec l’idée de faire 8 séances d’exposition d’environ une heure dans lesquelles on va progressivement augmenter l’intensité de la peur induite chez le patient.
Dans cette thérapie, six environnements différents sont proposés au patient qui doit les classer selon leur intensité supposée. Dans cet environnement-ci par exemple, le patient doit s’engager sur une poutre pour traverser une piscine. Les chercheurs peuvent supprimer l’eau, ce qui va renforcer la sensation de danger.
La réalité virtuelle passe par l’image, mais également par le son. A l’Ircam, l’institut de recherche et coordination acoustique/musique, partenaire du projet, les chercheurs mettent l’accent sur l’aspect sonore de l’immersion en réalité virtuelle ; et notamment son utilité dans le cadre d’une thérapie. Dans cette expérience, c’est la peur de la foule et des grands espaces vides, l’agoraphobie, qui est traitée…
Isabelle VIAUD-DELMON
Ce dont on s'est rendu compte dans nos travaux, c'est que le son a un aspect très important pour la plupart des phobies finalement. Il est sous-estimé. On ne le prend pas en compte, mais en fait, il y a un aspect phobogène du son qui mérite d'être étudié et d'être exploité finalement dans le versant thérapeutique.
On s'est rendu compte que la réponse émotionnelle des personnes anxieuses était beaucoup plus importante quand il y avait un rendu sonore également. Et cette réponse émotionnelle c'est ce qu'on cherche dans les thérapies. Donc finalement, on a un avantage à rajouter un réalisme sensoriel.
Pour évaluer l’efficacité de la thérapie développée ici, les chercheurs s’appuient donc sur des données subjectives.
« Ambiance sur une échelle de 0 à 100 etc. »
Ils espèrent également pouvoir exploiter des données objectives. Plusieurs pistes sont explorées : la mesure de la fréquence cardiaque, qui augmente en même temps que le niveau de stress – et l’imagerie cérébrale.
On va faire passer des patients, qui passeront ensuite sur notre dispositif, en imagerie cérébrale, avec du « pet-scan », ce qu’on appelle du « pet-scan » et de l’IRM, de l’imagerie cérébrale. Donc, dans un premier temps, avant la thérapie. Avec l’idée relativement validée que ce qui se passe au niveau cérébral chez un patient qui a une peur phobique du vide, c’est que les centre sous-corticaux qui commandent les émotions s’excitent, s’activent et créent une peur panique, que le sujet n’est plus capable de contrôler. En caricaturant, c’est ce qu’on observe avant. L’idée, qu’on cherche à démontrer, c’est que après la thérapie, cette activité sera bien moindre voire supprimée.
Les données recueillies viendront valider ou non le protocole ; les résultats sont prévus pour la fin de l’année 2016 ;
Mais en ce qui concerne l’aspect subjectif de l’expérience, l’efficacité de la thérapie semble déjà concluante…
Yohann Chirez, patient
Alors, dans le réel, je me sens aujourd’hui plus confiant. Alors plus confiant, ça ne veut pas dire que je n’ai pas peur. Ca veut dire que je pense pouvoir le faire. Et notamment le col de la Gineste pour venir ici de Toulon. Parce que je viens de Toulon, la première fois, ça a été une horreur de le traverser. En arrivant ici j’avais déjà l’impression d’avoir fait ma séance. La semaine dernière en partant, je me suis arrêté sur le bord de la route, je suis sorti de ma voiture et j’ai regardé. Je suis resté dix minutes. Ca n’est pas énorme. Mais je ne l’aurais jamais fait il y a six séances.
Les chercheurs et les médecins espèrent bientôt étendre leur traitement au plus grand nombre - un développement qui devrait d'ailleurs s'accélérer grâce à l'arrivée, sur le marché, de casques de réalité virtuelle de moins en moins chers.
La réalité virtuelle contre les peurs réelles
Se confronter régulièrement à sa phobie permet de mieux la maîtriser. Mais un acrophobe, qui a peur du vide, doit-il forcément se déplacer en altitude ? Un groupe de chercheurs essaye de démontrer que l'utilisation de la réalité virtuelle permet un traitement aussi efficace, tout en restant dans un cadre sécurisé.
Espaces Acoustiques et Cognitif - STMS
IRCAM / CNRS / UPMC
Ministère de la Culture et de la Communication / Sorbonne Universités
Daniel Mestre
Institut des Sciences du Mouvement - CRVM
CNRS / Université Aix-Marseille
Eric Malbos
Médecin praticien en science de psychiatrie
Hôpital de la Conception à Marseille
Yohann Chirez
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