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180 secondes de science, des mois de préparation

180 secondes de science, des mois de préparation

30.09.2015, par
Mis à jour le 02.10.2015
Alexandre Artaud, Ma thèse en 180 secondes
Alexandre Artaud présente sa thèse au cours de la finale nationale de MT180 à Nancy, le 3 juin 2015.
Alexandre Artaud, finaliste de la finale française, a remporté le 1er octobre, dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne, le 2e prix de la finale internationale du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Grand gagnant de cette édition 2015 : le Belge Adrien Deliege. Les trois gagnants de la finale française, qui participaient hier à l'événement, nous ont raconté comment ils s'étaient préparés à cette compétition et ce qu’elle change déjà pour eux.

(Cet article a été publié dans CNRS Le journal, n° 281, été 2015.)

Qui pensait entendre un jour parler de vigiles de boîte de nuit dans une communication scientifique sur le sida, ou d’amour sur le sujet ardu s’il en est de la supraconductivité du graphène ? C’était sans compter sur l’irruption en France, pour la deuxième année consécutive et à l’initiative du CNRS et de la Conférence des présidents d’université (CPU), du concours « Ma thèse en 180 secon­des » (MT180) - un concept d'abord imaginé en Australie et au Québec. Avec une efficacité redoutable, les trois gagnants de la finale française, Alexandre Artaud pour ses recherches sur le comportement des électrons, Rachida Brahim pour ses travaux sur les crimes raciaux en France et Grégory Pacini pour sa thèse sur les stratégies du VIH pour prospérer dans l’organisme, n'ont pas hésité à raconter devant le public du Grand amphithéatre de la Sorbonne de vraies histoires « à rebondissements » afin de faire passer leur message et capter l’attention de leur auditoire.

MT180 finalistes français
Grégory Pacini, Rachida Brahim et Alexandre Artaud sont les trois lauréats de la finale française 2015.
MT180 finalistes français
Grégory Pacini, Rachida Brahim et Alexandre Artaud sont les trois lauréats de la finale française 2015.

Des formations spéciales MT180

Si elles se sont enchaînées avec une apparente facilité, les trois minutes de présentation leur ont demandé un sacré travail de préparation… Ainsi, les formations spéciales MT180 mises en place par la plupart des universités leur ont permis de comprendre les bases de la prise de parole en public : « Utiliser des images, un vocabulaire simple et adopter les trucs des comédiens de théâtre comme la posture, la respiration ou le fait de ménager des silences pour mieux accrocher son public », décrit Alexandre Artaud. À ce petit jeu, le grand gagnant de la finale française et 2e prix de la finale internationale, était indéniablement avantagé puisqu’il fait du théâtre en amateur… Mais il a aussi pris soin de recueillir l’avis de ses deux directeurs de thèse : « Ils m’ont donné leur opinion sur le fond, mais m’ont laissé toute liberté sur la forme et ont trouvé cela très amusant. »

Des retombées très positives

Pourtant rompue à l’exercice de la vulgarisation qu’elle pratique régulièrement, Rachida Brahim confie être impressionnée par l’ampleur de l'événement – « on parle devant des amphis pleins, ce qui est rarement le cas le reste du temps ». Mais elle se déclare prête à recommencer sous d’autres formats encore peu prisés des chercheurs : blogs scientifiques, médias sociaux, vidéos… « C’est le genre d’occasions qui donnent encore plus envie de faire de la recherche mon métier, pour continuer à parler, réfléchir, échanger avec les gens », confie la sociologue.

C’est le genre
d’occasions qui
donnent encore
plus envie de faire
de la recherche
mon métier, pour
continuer à échanger avec les gens.

S’ils ne s’attendaient pas à gagner la finale française (et encore moins l'internationale, pour Alexandre Artaud !) et ont participé à la compétition « d’abord pour le défi de résumer une thèse en trois minutes », les trois jeunes français ont été surpris des retombées du concours, avant même la tenue du dernier round. « Cela donne de la visibilité », confient-ils à l’unisson. « J’ai reçu des e-mails d’encouragements de la part de chercheurs et certains m’ont contactée pour me dire qu’ils souhaitaient lire ma thèse », raconte Rachida Brahim. « Les visites sur mon profil LinkedIn ont explosé et on m’a adressé plusieurs demandes pour des présentations sur le sida, notamment au gala des élus locaux contre cette maladie », raconte Grégory Pacini, qui confie que « tout laboratoire a fait la fête après la finale ».

« Si ce genre de concours permet de faire comprendre que la physique peut être intéressante pour elle-même, même sans avoir d’applications… », glisse de son côté Alexandre Artaud. Ce n’est pas son codirecteur de thèse qui le contredira : « grâce à la médiatisation de MT180, on entend le mot “thèse” prononcé dans les médias à des heures de grande écoute, affirme Johann Coraux, chercheur à l’Institut Néel. C’est complètement inédit, et rien que pour cela, cela vaut le coup ».

Sur le même sujet :
- « Trois minutes pour une thèse » : notre article sur la finale française 2015, avec les prestations des trois finalistes 
- « Championne en 180 secondes » : notre article sur la finale internationale 2014

Pour en savoir plus : http://mt180.fr

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