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La société des addictions
En 2019, le coût social du tabac et de l’alcool s’élevait respectivement à 156 et 102 milliards d’euros, contre 7,7 milliards d’euros pour les drogues illicites, soit un total de 265,7 milliards d’euros (le budget de la France est de 277,2 milliards d’euros). Cette évaluation de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives1 (OFDT) intègre aussi bien les coûts externes (valeur des vies humaines perdues, perte de la qualité de vie, pertes de production), que les coûts pour les finances publiques (dépenses de prévention, répression et soins, économie de retraites non versées et recettes des taxes prélevées sur l’alcool et le tabac). Elle permet de mesurer le poids socio-économique des usages et du commerce des drogues pour notre société.
On peut dès lors se demander si notre société ne fait pas elle-même le lit de la consommation de substances psychoactives et addictives – et par là même des addictions ? « Nous sommes le dragon (…). Les drogues et les addictions sont inhérentes à notre société et aux citoyens et citoyennes qui la composent. Une société ainsi confrontée à un double mouvement contradictoire : elle participe à leur développement tout en ayant la charge de leur régulation et de la gestion de leurs conséquences », écrit Christian Ben Lakhdar, professeur des universités en sciences économiques à l’université de Lille 22, membre du collège scientifique de l’OFDT et de Santé publique France, dans son livre, paru aux éditions du Seuil en 2020, Addicts. Les drogues et nous.
Comprendre la composante sociale de l’addiction ne va pas forcément de soi. La définition biomédicale de l’addiction place le curseur sur l’individu comme l’explique Serge Ahmed, neurobiologiste et spécialiste de l’addiction à l’Institut de neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine3 : « Selon l’approche officielle, institutionnelle, médicale, l’addiction est une maladie du cerveau chronique et récidivante. »
Cette définition, donnée par l’Institut nord-américain des drogues, le National Institute of Drug Abuse, est en effet couramment utilisée en France, notamment par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, ou l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Celui-ci pose : « L’addiction est une affection cérébrale chronique, récidivante, caractérisée par la recherche et l’usage compulsifs de drogue, malgré la connaissance de ses conséquences nocives. »
Pour Serge Ahmed, cette définition n’est pas satisfaisante, car elle « repose sur l’idée qu’il est possible d’identifier dans le cerveau des personnes addictes des dysfonctions qui pourraient être causalement responsables de leur comportement ou de certains symptômes comportementaux de l’addiction. Or, et malgré toutes les recherches qui ont été effectuées au cours des quarante dernières années dans le domaine de la neuro-imagerie fonctionnelle ou structurelle du cerveau humain, aucune dysfonction cérébrale permettant de poser un diagnostic d’addiction n’a jamais été identifiée. En d’autres termes, il n’existe pas de test biologique, que ce soit une prise de sang, un test génétique ou une prise d’image, qui permette d’établir un diagnostic d’addiction. » C’est la raison pour laquelle ce diagnostic médical est posé sur la base d’un faisceau de symptômes, de manifestations, qui varient selon les nomenclatures médicales.
Regarder au-delà de l’anomalie cérébrale
Toutefois, comme le signale le Pr Marc Auriacombe, du laboratoire Sommeil, addiction et neuropsychiatrie4, « il y a toujours un élément central : la perte de contrôle dans l’usage d’un objet usuel de renforcement positif – c’est-à-dire d’une substance qui procure un agrément, qui est source de plaisir. Cette perte de contrôle, autrement dit cette non-régulation de l’usage, se manifeste par une augmentation des doses consommées et de la fréquence de consommation, ainsi que par du craving, envie irrépressible de consommer une substance alors même qu’on ne le veut pas à ce moment-là. »
Dans cette perspective biomédicale, la société ou, à tout le moins, les éléments contextuels à la consommation dérégulée de substances ne sont pas pris en compte puisque l’addiction est vue comme le fruit d’une anomalie cérébrale. C’est dans ce cadre que Serge Ahmed propose d’envisager une conception biopsychosociale qui se situerait en quelque sorte à l’autre bout du spectre définitionnel de l’addiction : « Les personnes qui travaillent dans le domaine de la psychologie, individuelle ou sociale, ont tendance à considérer l’addiction comme un comportement plus ou moins délibéré, plus ou moins choisi par un individu pour faire face à une situation à un moment donné. C’est par exemple quelqu’un confronté à des difficultés familiales ou professionnelles qui trouve dans l’usage d’une drogue une façon de s’adapter à ces difficultés, de limiter les dégâts qu’elles provoquent. S’il fait le “choix” de l’addiction, ce serait parce qu’il ne dispose pas d’alternative, pas d’autres ressources lui permettant d’affronter la situation différemment. »
À cette conception, Serge Ahmed apporte une nuance en précisant que « des travaux récents tentent de trouver une définition hybride en conservant la notion de choix tout en invoquant également des dysfonctionnements cérébraux au niveau de la prise de décision. Ceux-ci provoqueraient des modifications très subtiles faisant que la balance pencherait davantage vers la répétition de prise de drogues plutôt que vers des comportements jugés socialement plus acceptables. »
Profiler l’addict type : mission impossible
Se pose alors la question des vulnérabilités individuelles, qu’elles soient d’ordre psychologique (et acquises) ou qu’elles relèvent d’une prédisposition génétique. Sur ce point, Serge Ahmed signale : « Les facteurs de vulnérabilité qui ont pu être identifiés au sein des populations par des méthodes statistiques ne sauraient prédire la survenue d’une addiction, à tout le moins, elles ne peuvent que suggérer qu’il existe un risque pour la personne de développer cette addiction. »
De son côté, Marc Auriacombe explique : « On a longtemps pensé qu’il fallait obligatoirement retrouver un ou des facteurs de vulnérabilité pour que l’addiction se développe. Mais, s’il existe bien des facteurs de vulnérabilité comme les antécédents familiaux, toutes les personnes qui présentent des facteurs de vulnérabilité ne développent pas une addiction et des personnes qui n’ont aucun facteur de vulnérabilité développent aussi des addictions. » Point de déterminisme individuel, donc, face à la consommation de substances, car ni les expérimentateurs ponctuels ni tous les consommateurs réguliers ne deviennent forcément « addicts ».
Cela nous amène à penser l’addiction comme quelque chose de complexe, de plurifactoriel et multicausal. Il convient alors d’élargir la focale et de voir au-delà de l’individu pour penser les éléments contextuels, environnementaux et structurels qui participent au développement des usages problématiques de substances psychoactives. S’il est évidemment illusoire de penser la diversité des conditions et des vécus qui peuvent potentiellement conduire des individus à développer une addiction, il est en revanche possible de penser des facteurs collectifs. Pour ce faire, on peut envisager le poids des exigences sociales, autrement dit les éléments qui façonnent notre société addictogène.
Reprenant les travaux du psychologue et ancien président de la Fédération addiction Jean-Pierre Couteron, Christian Ben Lakhdar distingue quatre éléments constitutifs : « Le premier est l’affaiblissement du lien social et son corollaire, l’individualisation, qui mènent à un étiolement du contrôle de soi, favorable à la conduite addictive. Le deuxième est lié à l’intensité de l’environnement et à la culture consumériste : vitesse, rapidité, changement permanent favoriseraient l’excitation du désir. Le troisième élément consiste en la recherche ou la nécessité de la performance. Elle pousserait l’individu à s’aider, à s’équiper, à s’outiller pour tenir, pour se dépasser ou simplement pour rester dans la course. » Et pour finir, le quatrième élément « est d’ordre socio-économique : la montée des inégalités et de la pauvreté favoriserait la consommation de substances psychoactives. Car, prises dans la même course que les autres, les populations précaires doivent, elles aussi, tenir le coup et donc consommer. »
Accéder ou pas à des sources de plaisirs variées
Sur les facteurs socio-économiques des addictions, Marc Auriacombe livre un éclairage psychologique : « Plus les personnes ont de sources de plaisir et de gratification, moins elles sont susceptibles de développer une addiction. En outre, il semble qu’il y ait moins de risque de développer des addictions à des comportement de gratification naturelle pouvant nécessiter une éducation et/ou un entraînement, qu’à des substances où la gratification ne nécessite pas d’éducation et est rapide – comme c’est le cas pour les drogues. » Ainsi, là où une personne relativement aisée aura accès à de multiples sources de gratification – qu’il s’agisse d’art, de médias, de divertissement, d’alimentation ou encore d’activité physique –, une personne en situation de précarité économique sera davantage limitée et ainsi davantage sujette à se tourner vers une seule et même source de plaisir addictive comme le tabac, l’alcool ou le cannabis, alors que la consommation de ces mêmes substances tend à diminuer dans la population générale.
Ivana Obradovic, directrice-adjointe de l’OFDT, confirme la tendance s’agissant de la population adolescente et du tabac : « Chez les adolescents, les gradients scolaires et sociaux sont aussi déterminants. La part de fumeurs est trois fois plus importante parmi les jeunes qui sont sortis du système scolaire à 17 ans. C’est-à-dire qu’il y a certes une baisse du tabagisme importante à l’adolescence, mais les écarts suivant le statut scolaire et le milieu social ont tendance à se creuser. En gros, le noyau dur des usagers les plus réguliers présente un profil social moins favorisé. »
Concernant les drogues illicites, Christian Ben Lakhdar ajoute la proximité des populations les plus précaires avec les produits « du fait de l’économie de subsistance que peuvent représenter les trafics (et qui) crée une facilité d’obtention. » Bien évidemment, tout cela ne signifie pas, loin s’en faut, que seuls les plus pauvres sont concernés par l’addiction, phénomène autrement plus complexe que les seuls facteurs socioéconomiques.
Considérer le genre et les générations
Afin de penser les déterminants sociaux et structurels aux addictions, il est aussi possible d’envisager les études qui mettent en avant des différences genrées et générationnelles. « Les différences de genre sont nettes pour la grande majorité des produits : les hommes consomment davantage de substances psychoactives que les femmes, sauf s’agissant des médicaments psychotropes », note Ivana Obradovic, s’appuyant sur les différents rapports de l’OFDT.
Elle poursuit : « Ces différences de genre apparaissent dès l’adolescence. Et elles sont d’autant plus nettes que la fréquence de consommation est importante. Ainsi, avec l’augmentation de la fréquence de consommation, la prédominance masculine est de plus en plus marquée ».
Et citant l’exemple des buveurs réguliers d’alcool et des fumeurs de cannabis, « à 17 ans, il y a deux fois moins de jeunes filles que de garçons qui boivent dix fois ou plus dans le mois. C’est un différentiel important. Pour le cannabis, il y a trois fois plus de garçons que de filles parmi les consommateurs quotidiens. Et la tendance est analogue pour la majorité des substances ». Ivana Obradovic souligne également que « l’exception, c’est le tabac pour lequel les courbes hommes/femmes se sont assez rapprochées. Mais pour tous les autres produits, il y a toujours une prédominance masculine qui est de plus en plus marquée à mesure que la fréquence d’usage augmente. »
Concernant les différences générationnelles, la directrice adjointe de l’OFDT évoque une moindre consommation des substances usuelles chez les plus jeunes : « D’après l’enquête sur la santé et les consommations lors de la Journée d’appel et de préparation à la défense5 de l’OFDT qui, depuis plus de vingt ans, interroge des adolescents à l’âge de 17 ans, on observe un désintérêt des jeunes envers les substances les plus courantes que sont l’alcool, le tabac et le cannabis. Pour le cannabis, par exemple, la population des consommateurs vieillit : ce sont plutôt les 30-40 ans qui en ont un usage régulier – sans que celui-ci soit toujours considéré comme problématique. À l’inverse, la consommation de cannabis recule dans les jeunes générations : moins de 30 % des jeunes de 17 ans ont expérimenté le cannabis en 2022, contre 50 % au début des années 2000. C’est une baisse très nette. »
Explorer l’emprise de l’entreprise
Pour continuer d’envisager les éléments contextuels plus ou moins propices à la consommation de substances pouvant conduire à des comportements addictifs, le milieu de l’entreprise est à explorer. Renaud Crespin, docteur en science politique et chargé de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations6 (6) explique que « la consommation de substances psychoactives au travail ne relève pas uniquement du dopage. Elle remplit plusieurs fonctions et vise dans la grande majorité des cas à tenir et à se tenir au travail, et à continuer à travailler malgré les difficultés organisationnelles, les horaires variables ou décalés, l’intensification et la répétition des tâches, l’imbrication de la vie personnelle et professionnelle, la pression des objectifs à atteindre, voire l’ennui, etc. »
Signalant que la consommation de substances psychoactives au travail peut être une ressource et pas forcément un danger, Renaud Crespin distingue quatre fonctions professionnelles de cette consommation : « Ces substances servent en premier lieu à anesthésier pour tenir physiquement et psychiquement en calmant la fatigue, la peur, l’ennui ou l’angoisse associés à des métiers éprouvants. »
Dans cette fonction, il convient d’inclure l’usage de substances par les travailleurs souffrant de troubles musculo-squelettiques ainsi que de maladies chroniques. « La deuxième fonction, poursuit le chercheur, est de stimuler, euphoriser et désinhiber, que ce soit pour tenir des deadlines (« délais », Ndlr) ou pour effectuer des tâches physiques dans des conditions éprouvantes – par exemple sur de hautes échelles. La troisième fonction relève de la récupération : les substances servent à relâcher la pression, à se détendre et à dormir. C’est notamment le cas du recours à l’alcool, au cannabis ou encore aux anxiolytiques après la journée de travail. Enfin, la quatrième fonction est de permettre l’intégration et l’entretien des liens socio-professionnels. »
C’est typiquement le cas des usages collectifs d’alcool lors de pots, considérés comme des événements de socialisation sinon de solidarité entre les membres d’une équipe. Mais, comme le déplore Renaud Crespin, lorsque ces différentes fonctions professionnelles conduisent à des usages problématiques ou qu’il s’agit de mettre en place des actions de prévention, l’addiction est pensée « sous l’angle de la maladie, c’est-à-dire dans une perspective individuelle, alors même que les conditions de travail et son organisation – les horaires, la hiérarchie, etc. – peuvent jouer un rôle prépondérant dans le développement des addictions. »
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Même s’il existe évidemment une interpénétration du personnel et du professionnel, l’entreprise apparaît donc comme un milieu relativement favorable à la consommation de substances – si tant est qu’elle ne crée pas de troubles pour le travailleur et ses collègues et que le travail soit fait. De fait, cette relative permissivité, qui tranche avec la position de l’action publique, peut potentiellement faire le lit des addictions, addictions qui seraient alors réduites à un seul fait individuel.
Prendre en compte le marché
Autre élément environnemental et contextuel participant à la consommation de substances et au développement des addictions : la disponibilité et l’accessibilité des produits et, de fait, les marchés. En effet, plus une substance est facile d’accès plus elle pourra faire non seulement l’objet d’une primo-expérimentation, mais aussi d’une consommation régulière qui pourra devenir problématique et relever de l’addiction – même si cela est évidemment à mettre en regard avec les politiques de répression, de prévention et de réduction des risques ainsi qu’avec le potentiel addictif propre d’une substance donnée.
Sur cet aspect, Serge Ahmed considère : « Pour le tabac, on estime que près de 30 à 40 % des usagers vont développer une addiction. Pour l’héroïne, même si ce sont des populations plus difficiles à étudier, c’est entre 25 et 50 %. Pour la cocaïne, c’est entre 10 et 15 %. Et pour l’alcool ainsi que pour le cannabis, c’est 10 %. »
41 000 à l’alcool*.
De son côté, Christian Ben Lakhdar estime qu’il existe aujourd’hui en France un mouvement de convergence entre la disponibilité des drogues licites et illicites : « Sans être interdit, l’accès aux toxiques légaux (tabac, alcool) est de plus en plus contraint : prix, âge minimum légal pour en acheter… Dans le même temps, et même si leur usage est encore théoriquement criminalisé, les drogues illicites le sont de moins en moins et elles sont en tout cas faciles d’accès. »
En effet, d’abord, les points de vente (de deal) sont extrêmement nombreux : « Il en existe davantage que de restaurants McDonalds en France », souligne Emmanuelle Auriol, économiste et professeure à la Toulouse School of Economics7. En outre, les drogues illicites sont de moins en moins chères et de plus en plus pures et dosées. « D’une manière générale, on note aussi une augmentation générale de la teneur en principe actif sur quasiment tous les produits classés comme stupéfiants. À la fois pour le cannabis et la cocaïne, par exemple, on a des produits qui sont beaucoup plus dosés, en moyenne, qu’il y a vingt ans », précise Ivana Obradovic.
Les marchés ont également évolué. « Le deal a changé de forme et s’est diversifié, explique Christian Ben Lakhdar. Les gros fours (points de ventre, Ndlr) subsistent mais l’offre est de plus en plus marketée suivant la stratégie des 4 P (politique de produit, politique de prix, politique de distribution et politique de communication). Et la figure du dealer a changé – par exemple, on voit de plus en plus de femmes vendre des drogues, se servant de leur genre pour duper les services de l’ordre. On voit aussi davantage de personnes issues des classes moyennes. »
De plus, et c’est sans doute la plus importante nouveauté de ces dernières années, le marché s’est numérisé, se servant notamment du potentiel des réseaux sociaux comme le révèle Ivana Obradovic : « Internet amplifie l’accessibilité des drogues et modifie les marchés des drogues en général. C’est très facile d’en trouver, d’en acheter sur des sites illégaux, mais pas toujours facile de fermer ces sites pour les pouvoirs publics. Il y a aussi les réseaux sociaux qui contribuent à rendre les drogues plus disponibles et permettent d’envoyer un SMS pour se faire livrer dans l’heure comme on se fait livrer une pizza. Dans cette tendance générale s’inscrit un attrait croissant pour les drogues de synthèse. »
Aujourd’hui, les experts s’accordent sur le fait qu’il est illusoire de viser à terrasser le « dragon » que notre société nourrit elle-même. « Les politiques (principalement répressives mais aussi médicales) qui ne recherchent que l’abstinence sont vouées à l’échec », résume Christian Ben Lakhdar, prônant une politique de réduction des risques et des dommages. C’est ce qui conduit les spécialistes que nous avons interrogés à être favorables à la légalisation du cannabis et à la mise en place d’une réglementation légale responsable permettant de réduire les coûts privés et sociaux avec des substances mieux contrôlées, et surtout une baisse notable de la criminalité et des violences. « La première source de revenus des mafias est la vente de drogue et particulièrement de cannabis. La légalisation du cannabis entraînerait la fermeture de nombreux points de deal. Moins de points de deal de cannabis, c’est aussi moins de points de deal de cocaïne et d’héroïne et donc un marché plus localisé et plus facile à surveiller », explique Emmanuelle Auriol. ♦
* Source des chiffres en exergue : https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/DACC-2022.pdf
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Confinement et tendances addictives
Les confinements de 2020 dus à la pandémie de Covid-19 constituent un bon exemple de la manière dont des conditions particulières peuvent affecter les comportements addictifs de la population. Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, rapporte : « Nous avons noté que durant les confinements, l’accessibilité du tabac et de l’alcool avait peu changé et, de ce fait, la consommation est restée stable. Toutefois, on a aussi observé que la tendance à la baisse de la consommation de tabac chez les adultes s’est interrompue en 2020-2021. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que tabagisme et troubles anxieux et dépressifs vont très souvent de pair. Or les enquêtes montrent qu’il y a eu une dégradation de tous les indicateurs de santé mentale pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. En outre, le tabagisme s’est recentré sur les populations les plus défavorisées, qui sont aussi celles, comme on le voit grâce à des enquêtes qualitatives, qui utilisent la cigarette comme un outil de gestion du stress face à une situation de chômage, par exemple. » ♦
A lire sur notre site
L’addiction n’est pas gravée dans notre cerveau (entretien avec Serge Ahmed)
- 1. « Le coût social des drogues : estimation en France en 2019 », http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxpk2d7.pdf
- 2. Dans l’unité Lille économie et management (CNRS/Institut économie scientifique gestion/Université Lille).
- 3. Unité CNRS/Université de Bordeaux.
- 4. Unité CNRS/Université de Bordeaux.
- 5. Escapad à consulter sur https://www.ofdt.fr/enquetes-et-dispositifs/escapad/
- 6. Unité CNRS/Sciences-Po Paris.
- 7. Unité CNRS/Inrae/Université Toulouse Capitole.
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