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Drosophila suzukii, petite mouche ravageuse de fruits
03.11.2023, par
Depuis une quinzaine d’années, un nouvel envahisseur colonise les plantations de petits fruits partout dans le monde : la drosophile à ailes tachetées. Comment ce petit insecte, très opportuniste, invasif mais sensible au froid, réussit-il à survivre à l’hiver et à se répandre aussi rapidement ? C’est ce que les scientifiques du laboratoire Ecobio*, à Rennes, essaient de comprendre en collaborant avec des agriculteurs dans le cadre du projet ANR Drothermal.
* Écosystèmes, biodiversité, évolution (CNRS/Université de Rennes).
À lire également :
Petite mouche, gros dégâts, la science face à Drosophila suzukii (blog Focus Science)
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La drosophile à ailes tachetées, ou « Drosophila suzukii », est une petite mouche d’environ 2 à 3 mm de long. Originaire d’Asie du Sud-Est, elle est signalée aux États-Unis et en Europe en 2008, puis en France à partir de 2010. Depuis, elle se répand dans les cultures à la vitesse de l’éclair, car elle aime de nombreux fruits (cerise, fraise, framboise, mûre, etc.) et s’acclimate très bien aux différentes températures.
Jean-Claude Moschetti / ECOBIO / CNRS Images
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Alors qu’habituellement les drosophiles pondent dans des fruits déjà en décomposition, cette espèce à ailes tachetées préfère les fruits encore sur pied et bien mûrs, comme cette belle framboise bien rouge. Les larves se nourrissent de la chair du fruit, qui se dégrade et devient invendable. Ce qui oblige les agriculteurs à récolter les fruits plus souvent et à les réfrigérer pour tuer les œufs.
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Afin d’identifier et quantifier la présence de drosophiles, les scientifiques ont proposé à des producteurs de poser des pièges dans des parcelles, cultivées ou non. Les mouches migrant entre les champs et les alentours (haies, mûriers, friches, forêts) en fonction des saisons, les pièges sont ici placés des haies de ronces, juste à côté de framboisiers cultivés. Cela permettra de savoir où elles se trouvent en majorité au cours des saisons, et aussi à quel moment et à quel endroit elles apparaissent.
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Ces pièges, installés sur des parcelles dans toute la France en 2022, ont été fabriqués à partir de bouteilles classiques. À l'intérieur, on peut distinguer des pièces imprimées en 3D (en noir), qui permettent d'adapter parfaitement les tubes collecteurs et le récipient qui contient l’attractant (ici du vinaigre de cidre), grâce au pas de vis imprimé sur la pièce. Attirées par l’odeur de vinaigre, les drosophiles entrent dans le piège, où elles meurent avant de tomber dans le tube.
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Les tubes récupérés sur le terrain sont examinés à la loupe par les scientifiques. Ainsi, les différentes espèces capturées sont triées et seules les drosophiles à ailes tachetées sont étudiées avec soin, notamment pour distinguer les mâles des femelles.
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Les scientifiques s’intéressent également au métabolisme des drosophiles. Pour l'étudier, ils mesurent la quantité de gaz carbonique émise par chaque drosophile placée dans de minuscules tubes, à différentes températures. Ils ont ainsi relevé que les mouches respiraient relativement plus quand elles étaient acclimatées au froid. Cela témoigne de leur capacité à s’adapter aux variations de températures.
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Autre paramètre important, la tolérance au froid. Les drosophiles sont placées dans cette colonne à double paroi et soumises à une baisse de température graduelle. L'objectif est de préciser la température à laquelle elles entrent en « chill coma » (perte de coordination neuro-musculaire due au froid), et si cette température évolue au cours des saisons. On l'estime à 5-6 °C en été et plutôt à 0 °C en hiver.
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Sachant que cette drosophile est sensible au froid, les scientifiques essaient de comprendre comment elle arrive à passer l’hiver. Quelle nourriture trouve-t-elle à la fin de la saison des petits fruits ? Une hypothèse est qu’elle se nourrirait d’autres espèces de fruits, comme les fruits du gui. Pour le vérifier, les scientifiques contrôlent l’avancée de la fructification du gui.
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Une autre hypothèse est qu’elle passerait l’hiver « au chaud », dans du compost. Elle y trouverait des ressources alimentaires, bien qu’en décomposition, et une température plus élevée. Pour vérifier cette hypothèse, des pièges sont placés dans chaque composteur, sur la moitié de la surface, pendant 15 jours par mois sur une année. Résultats : le compost sert bien de réservoir, les mouches en sortent en continu ! Elles adaptent donc leur niche trophique pour exploiter des fruits pourris quand la saison des petits fruits s'achève...
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La collaboration avec les agriculteurs est essentielle pour mieux comprendre le fonctionnement de cet insecte prolifique (jusqu’à 5 générations par an), doué d’adaptabilité et très difficile à éradiquer. Il suffit que quelques dizaines de drosophiles survivent à l’hiver pour donner une nouvelle génération. Les données recueillies par le projet Drothermal permettent d'alimenter des modèles d’outils d’aide à la décision, afin de prédire les périodes à risque élevé d’attaques. Un autre objectif est de développer des solutions pour lutter contre cette mouche, sans utiliser d’insecticide.
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À propos
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Ces recherches ont été financées en tout ou partie par l’Agence nationale de la recherche (ANR) au titre du projet ANR DroThermal-AAPG2020. Ce reportage a été réalisé et financé dans le cadre de l’appel à projet « Sciences avec et pour la société - Culture scientifique technique et industrielle » pour les projets JCJC et PRC des appels à projets génériques 2020 (SAPS-CSTI-JCJC et PRC AAPG 20).
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