Voici les plus anciens plans architecturaux !
Gravés dans la pierre et datés de 8000 et 9000 ans, les plus anciens plans à l'échelle connus viennent d'être publiés dans la revue PLOS ONE. Ils cartographient de gigantesques structures préhistoriques conçues pour piéger des animaux sauvages, les « desert kites », et ont été découverts dans les déserts jordanien et saoudien par des chercheurs du laboratoire Archéorient et leurs collègues.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre de plusieurs fouilles internationales comprenant le projet « Globalkites », dirigé par Rémy Crassard depuis 2013, et qui ont permis l'analyse publiée le 17 mai 2023 dans la revue PLOS ONE.
Le laboratoire Archéorient est une unité CNRS/Université Lumière Lyon 2.
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L’un des sites de fouille se trouve dans le sud-est de la Jordanie, sur le plateau de Jibal al-Khashabiyeh, contrée aride et reculée.
SEBAP & O. Barge/CNRS
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C’est sur ce monolithe du site jordanien que les chercheurs ont identifié le plan architectural le plus ancien jamais découvert. Gravé il y a environ 9000 ans sur ce bloc de calcaire de 92 kg et de près de 80 cm de haut, son tracé a très probablement été réalisé avec un outil en pierre comme un burin ou un éclat de silex.
SEBAP & Crassard et al. 2023 PLOS ONE.
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Sur cette modélisation 3D du monolithe, les chercheurs ont tracé un dessin interprétatif (ici bien visible dans la 2e vue à partir de la gauche). Celui-ci représente le plan d'une gigantesque structure préhistorique conçue pour piéger des animaux sauvages. Ces structures, appelées desert kites, soit « cerfs-volant du désert », en raison de leurs formes, ont généralement trois caractéristiques comme sur ce tracé : un couloir (ici en bas) remontant jusqu’à un large enclos qui donne sur plusieurs fosses (petites formes rondes du tracé).
SEBAP & Crassard et al. 2023 PLOS ONE
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Cette vue aérienne montre une partie du vaste enclos et, en périphérie, les petites fosses du kite dont le plan est gravé sur le monolithe. Selon les chercheurs, la capacité de transposer un espace aussi grand sur une petite surface représente une étape importante dans le développement intellectuel humain.
SEBAP & O. Barge, CNRS
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Ici, l’archéologue Wael Abu-Azizeh, co-auteur de la publication, observe une fosse excavée du desert kite jordanien. Au nombre d'une dizaine dans le cas des enclos de la région, ces fosses, dont la paroi interne était renforcée par un parement de pierres, étaient creusées parfois jusqu’à deux mètres sous la surface.
SEBAP & O. Barge /CNRS
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En plus d’être à l’échelle, le plan gravé sur le monolithe (à droite) comprend plusieurs détails très précis creusés en bas-relief à une profondeur de 0,5 à 1 cm (vignettes de gauche). On y voit de fines incisions (notamment pour délimiter les contours), du raclage et du piquetage.
SEBAP & Crassard et al. 2023 PLOS ONE
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Sur cet autre desert kite jordanien, on peut voir à droite une sorte de chemin, aboutissement de murs longs de plusieurs kilomètres, que les animaux suivaient jusqu'au grand enclos. Ils se précipitaient ensuite vers les fosses disposées tout autour.
E. Régagnon/CNRS
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Les archéologues ont aussi travaillé sur un site au nord de l’Arabie. Et c’est là, dans le lit d’une rivière asséchée découpant le plateau de Jebel az-Zilliyat, qu’ils ont trouvé un autre bloc gravé (indiqué par le cercle) du plus grand intérêt pour leurs travaux sur les desert kites.
Crassard et al. 2023 PLOS ONE
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Le bloc trouvé en Arabie, tombé depuis le bord de la falaise en surplomb, porte une gravure également décrite par les chercheurs et qu’ils datent d'environ 8000 ans. Beaucoup plus grande que celle trouvée en Jordanie, elle est tracée sur une surface plane d'un bloc de grès massif de près de 4 mètres de long.
Crassard et al. 2023 PLOS ONE
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La gravure saoudienne représente en fait deux kites dont l’un est ici montré en vue aérienne. Plus de 6600 desert kites ont été découverts à ce jour dans des régions allant du Kazakhstan à l'Arabie.
O. Barge/CNRS
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On ne connaissait jusqu’alors que quelques représentations schématiques de desert kites. Celles qui viennent d’être analysées par Rémy Crassard (ici à droite), Jacques Élie Brochier (à gauche), Wael Abu-Azizeh, Olivier Barge et leurs collègues, ont été gravées avec une très grande précision. Elles témoignent d’une capacité insoupçonnée de représentation de l'espace dès la Préhistoire, alors que ni l’écriture ni les mathématiques n’existaient encore…
O. Barge/ CNRS
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