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Arabie saoudite, le désert retrouve la mémoire

Arabie saoudite, le désert retrouve la mémoire

26.05.2025, par
Temps de lecture : 15 minutes
L'archéologue Laïla Nehmé déchiffre une inscription nabatéenne gravée sur une paroi rocheuse en grès, sur le site antique d’Hégra, dans la région d’AIUIa, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite.
Le désert d’Arabie recèle du pétrole, mais aussi tout un patrimoine insoupçonné, que les missions archéologiques franco-saoudiennes mettent peu à peu au jour. Urbanisation, langues, techniques de chasse, agriculture, architecture… Tour d’horizon d’une moisson de découvertes.

Jusqu’au XXe siècle, l’Arabie était vue comme une terre aride au sous-sol richissime, parcourue de tout temps par des pasteurs nomades. Un paysage apparemment immuable, dont la monotonie, sous un soleil de plomb, était à peine rompue par des oasis verdoyantes (AlUla, Khaybar…), des alignements de pierres et de mystérieuses calligraphies. Des vestiges certes intrigants, mais pas de quoi déclencher des missions de fouilles. A priori…

Or, depuis 25 ans, cette région longtemps délaissée par les chercheurs est devenue un eldorado archéologique, et l’Arabie saoudite retrouve peu à peu une partie de sa mémoire préislamique.

L’impulsion, à la fin des années 1990, résulte d’un rapprochement entre universitaires français et saoudiens. Puis, en 2002, sous l’égide du ministère des Affaires étrangères français et du département des Antiquités saoudien, la première mission franco-saoudienne est créée. En 2017, le plan « Vision 2030 », lancé par les autorités saoudiennes, accélère le processus. Il inclut la valorisation du patrimoine culturel et archéologique saoudien dans le cadre d’un projet touristique ambitieux. La région d’AlUla, avec son oasis emblématique, en est la vitrine.

La France est sollicitée pour participer à l’entreprise. L’Agence française pour le développement d’AlUla (Afalula) voit le jour en 2018. Son important budget (60 millions d’euros pour 2024) lui permet de missionner plusieurs équipes du CNRS en collaboration avec leurs homologues saoudiennes. Grâce à ces moyens, les découvertes se multiplient. Et l’image de la région, longtemps décrite comme enclavée, évolue enfin.

Défendre les intérêts de l’archéologie

Figure centrale de l’archéologie française en Arabie saoudite, Laïla Nehmé, archéologue au laboratoire Orient et Méditerranée1, mène des recherches dans la région d’AlUla depuis 2002, notamment avec la mission franco-saoudienne qu’elle dirige.

Comment s’imposer dans un pays où la femme est traditionnellement traitée comme une mineure ? L’archéologue explique qu’elle a su établir dès le départ des liens de confiance avec ses interlocuteurs en Arabie saoudite. Le fait qu’elle soit arabisante (son père est libanais) n’y est pas pour rien. Son caractère bien trempé a fait le reste.

« J’ai un principe simple : je défends avant tout et sans a priori les intérêts de la discipline archéologique, dans l’intérêt des deux parties, française et saoudienne. Cela m’a permis de nouer des relations franches et amicales dans ce pays, assure Laïla Nehmé. On a partagé tant de choses : la même table, les mêmes questionnements scientifiques, et aussi les mêmes tempêtes de sable… »

Sur le site antique d’Hégra, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, Laïla Nehmé observe les vestiges mis au jour dans la zone résidentielle.
Sur le site antique d’Hégra, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, Laïla Nehmé observe les vestiges mis au jour dans la zone résidentielle.

Elle souligne que son indépendance de chercheuse a toujours été respectée : « En plus de 20 ans de travail, je n’ai jamais été censurée. » Mais elle regrette la présence envahissante de certaines entreprises archéologiques privées.

« Ce n’est pas une question de refus de la concurrence, argumente l’archéologue. Le problème est que ces sociétés privées n’ont pas la même idée que nous de la mise à disposition des données et des rapports. Pour la raison bien simple que data is money”, comme disent les Américains. Cela met en cause un principe essentiel de la recherche : travailler dans l’intérêt général et rendre rapidement publiques les données de la recherche. »

Hégra, la petite sœur de Pétra

Laïla Nehmé est spécialiste des Nabatéens, peuple apparu durant la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère. Ces commerçants caravaniers s’étaient spécialisés dans le commerce à longue distance des produits les plus recherchés de l’époque : l’encens, la myrrhe, les aromates. Ils en contrôlaient l’acheminement depuis l’Arabie heureuse (Yémen actuel) jusqu’au port de Gaza, sur la Méditerranée.

Depuis le IVe siècle avant notre ère jusqu’au début du IIe siècle de notre ère, ce royaume fut indépendant. Sa capitale, Pétra, en Jordanie, témoigne de sa richesse. Hégra, située dans une oasis, à une vingtaine de kilomètres au nord d’AlUla, est sa petite sœur. Le site, connu en arabe sous le nom d’al-Hijr (ou Madain Salih) compte une centaine de tombeaux rupestres creusés dans le roc. De pilastres à chapiteaux et de moulures complexes décorent leur majestueuse façade monumentale.

Les tombeaux rupestres nabatéens de la nécropole du Jabal al-Khraymât, un massif rocheux qui s’étend à l’ouest de la cité antique d’Hégra, ont été creusés directement dans le grès, sans échafaudage – faute de bois.
Les tombeaux rupestres nabatéens de la nécropole du Jabal al-Khraymât, un massif rocheux qui s’étend à l’ouest de la cité antique d’Hégra, ont été creusés directement dans le grès, sans échafaudage – faute de bois.

Les fouilles codirigées par Laïla Nehmé ont renouvelé la connaissance d’Hégra sur de nombreux points. On sait désormais comment et avec quels outils les Nabatéens taillaient – de haut en bas – leurs magnifiques tombeaux dans la roche et quels étaient leurs rites funéraires. On connaît mieux leur quotidien, le réseau hydrique extraordinairement élaboré qu’ils ont mis en place (avec ses 130 puits atteignant jusqu’à 7 mètres de diamètre), mais aussi la zone résidentielle d’une cinquantaine d’hectares, principalement construite en brique crue. La chercheuse précise : « L’organisation est très différente de celle qu’on trouve dans le monde grec ou romain, avec ses plans à angles droits. Ici, les ruelles sont courbes. C’est un urbanisme manifestement plus oriental. »

Aux origines de la langue arabe

Laïla Nehmé est archéologue, mais aussi épigraphiste. Depuis 15 ans, elle recense les inscriptions en caractères nabatéens de la région. On sait aujourd’hui, grâce à ses recherches, que cette écriture alphabétique de 22 consonnes est sans aucun doute l’ancêtre de l’écriture arabe.

Après avoir relevé et analysé environ 250 inscriptions transitoires entre le nabatéen et l’arabe, Laïla Nehmé a pu retracer l’évolution d’une écriture vers l’autre entre le IIIe et le VIe siècle de notre ère. Restait à en expliquer le pourquoi.

Laïla Nehmé, déchiffre une inscription nabatéenne. Ses recherches ont permis d’établir que cette écriture alphabétique de 22 consonnes est sans aucun doute l’ancêtre de l’écriture arabe.
Laïla Nehmé, déchiffre une inscription nabatéenne. Ses recherches ont permis d’établir que cette écriture alphabétique de 22 consonnes est sans aucun doute l’ancêtre de l’écriture arabe.

L’hypothèse que formule l’archéologue est séduisante : « À partir du IIIe siècle de notre ère, les Romains quittent l’Arabie. Or les tribus arabes, qui ont désormais autorité sur de grands territoires, ont besoin de communiquer par écrit. Elles vont choisir alors l’écriture nabatéenne, auréolée de gloire à leurs yeux, car elle était issue d’un royaume resté indépendant et puissant pendant plusieurs siècles. » La fascination qu’exerce Hégra ne doit cependant pas nous faire oublier que d’autres royaumes importants se sont succédé dans ces régions du nord-ouest de l’Arabie.

Dadan, un royaume monothéiste

À 20 kilomètres au sud, au cœur de l’oasis d’AlUla, se situait le royaume de Dadan. Son rayonnement, aux VIIet VIsiècles avant notre ère, lui vaut d’être mentionné dans plusieurs livres de la Bible. Depuis 2019, l’archéologue Jérôme Rohmer, également du laboratoire Orient et Méditerranée, pilote le Dadan Archeological Project avec son collègue saoudien Abdulrahman Alsuhaibani, de la Royal Commission for AlUla.

Le site de Dadan (en haut) révèle 3 500 ans d’histoire, de l’âge du bronze aux débuts de l’Islam.
Le site de Dadan (en haut) révèle 3 500 ans d’histoire, de l’âge du bronze aux débuts de l’Islam.

« Nous avions quelques jalons sur l’histoire de Dadan, témoigne l’archéologue français. Nous savions qu’à partir du Ve siècle avant notre ère, le royaume tombe sous la coupe d’un royaume tribal d’échelle régionale, le royaume de Lihyan, jusqu’au Ier siècle avant notre ère. Ensuite, il est annexé par les Nabatéens. Mais, avant et après, la chronologie était pleine de trous. »

Le chameau paie un interdit alimentaire

L’une des révélations majeures concerne l’antiquité tardive, juste avant la période islamique. « Vers 250 après l’ère chrétienne, l’occupation du site s’interrompt soudainement, explique Jérôme Rohmer. Nous nous sommes demandé ce que signifiait cette coupure brutale. Nous avons alors découvert que l’occupation humaine s’était déplacée vers un nouveau village, à 1 kilomètre au sud du site originel. Tout s’éclairait… »

Mais ce n’est pas tout ! Quelques indices ont permis d’en apprendre davantage sur les habitants. « Dans un bâtiment du village, nous avons identifié des dépotoirs composés, entre autres, de restes de repas. Ceux-ci contenaient des ossements de caprinés (la famille de la chèvre, du mouton et du chamois, ndlr), mais pas de camélidés (la famille du chameau, du dromadaire et du lama, ndlr). Or nous savions que ces animaux constituaient, aux époques plus anciennes, un élément important de la diète des habitants de Dadan, souligne l’archéologue. Il semble donc que le chameau ait été victime d’un interdit alimentaire. Dans le judaïsme, les camélidés sont considérés comme impurs, car ce sont des ruminants qui n’ont pas le sabot fendu. Certains chrétiens du Proche-Orient partageaient cette répulsion. On peut donc, au minimum, faire l’hypothèse que les habitants de ce village étaient monothéistes. »

Jérôme Rohmer ne dissimule pas son enthousiasme : « Nous sommes en train de comprendre ce site sur près de 3500 ans d’histoire, de l’âge du bronze aux débuts de l’Islam ! »

Khaybar et Tayma, des oasis fortifiées du bronze

À l’instar d’Hégra ou de Dadan, Khaybar se situe au milieu d’une oasis, à 200 kilomètres au sud d’AlUla. La région compte une dizaine d’oasis importantes. Plusieurs fouilles récentes indiquent que ces milieux furent de puissants foyers d’innovation.

Également chercheur au laboratoire Orient et Méditerranée, Guillaume Charloux pilote depuis 2010 la mission « Oasis de l’Arabie déserte ». Il codirige avec Rémy Crassard, directeur adjoint du laboratoire Environnements et sociétés de l’Orient ancien2, et Munirah AlMushwah, de la Royal Commission for AlUla, les fouilles de l’oasis de Khaybar et de sa région.

Les fouilles dans l’oasis de Khaybar (ci-dessus) ont mis en évidence un rempart long de 14,5 kilomètres. Il protégeait un bourg fortifié de 1,5 hectare, daté de 2400 à 1500 avant notre ère.
Les fouilles dans l’oasis de Khaybar (ci-dessus) ont mis en évidence un rempart long de 14,5 kilomètres. Il protégeait un bourg fortifié de 1,5 hectare, daté de 2400 à 1500 avant notre ère.

Pour Guillaume Charloux, les oasis sont un sujet scientifique, mais aussi l’occasion de contempler un paysage d’une beauté à couper le souffle, avec ses contrastes de couleurs « entre le basalte qui tend au brun, parfois au bleu, et, à côté de cela, des palmiers d’un vert incroyable, presque fluorescent à certaines heures de la journée ».

Prémices des villes et fin d’un mythe

En 2024, les fouilles dans l’oasis de Khaybar ont offert leur lot de surprises. Charloux et ses collègues ont mis en évidence un rempart long de 14,5 kilomètres enserrant une partie de l’oasis. À l’intérieur, un bourg fortifié de 1,5 hectare, daté de 2400 à 1500 avant notre ère, soit l’âge du bronze. Pas tout à fait une ville, mais pas loin.

« Il n’y a pas encore d’écriture, d’administration, note l’archéologue, mais on voit l’émergence d’une stratification sociale et de formes de complexité dans l’organisation de l’espace. C’est le début d’un processus qualifié en anglais de “low urbanisation”, c’est-à-dire une urbanisation lente, ou de faible intensité, qui se développe. » Or, dans une autre oasis, celle de Tayma, étudiée par une équipe allemande depuis 2004, un vaste rempart de l’âge du bronze avait déjà été identifié.

Guillaume Charloux est convaincu que Tayma et Khaybar ne constituent pas des cas isolés : « Je pense qu’il existait dès le troisième millénaire un phénomène général d’oasis fortifiées, interconnectées et évoluant vers l’urbanisation. »

Un climat plus aride

Les fluctuations climatiques jouent un rôle dans le développement de ces oasis. Après des millénaires caractérisés par un climat relativement humide, durant lesquels le désert ressemble plutôt à une steppe arborée, les températures remontent et le climat devient de plus en plus aride. « Le réchauffement se fait sentir entre 6000 et 4000 avant notre ère, précise l’archéologue. Il fallut alors s’adapter. »

Un mythe historiographique ressort cabossé de toutes ces révélations, celui d’une route de l’encens fondatrice qui aurait vivifié une région longtemps enclavée. En réalité, tout a commencé bien avant : « Il existait des voies transarabiques très anciennes, bien antérieures à la route de l’encens, qui reliaient toute cette région. Le désert n’a jamais été cette barrière infranchissable que l’on décrit parfois. »

Chasse à la gazelle au Néolithique

L’archéologue Rémy Crassard fouille en Arabie saoudite depuis 2010. Dans le cadre du projet international Globalkites, il s’est penché sur le mystère des lignes de pierre qui, en vue aérienne, évoquent des cerfs-volants (kites, en anglais), avec de très longs murs convergeant vers des enclos géométriques de plusieurs hectares. En bordure de ces enclos, des petites cellules de quelques mètres de diamètre. Jusqu’à récemment, leur fonction demeurait inconnue.

« Ces cellules nous ont donné la clé. Au début, on ne pouvait pas se rendre compte de leur profondeur, car elles étaient remplies de sédiments. En réalité, il s’agissait de fosses, annonce Rémy Crassard. Toute cette structure fonctionnait comme un immense piège. »

Surnommées « cerfs-volants du désert », ces structures (ici, en Jordanie) servent dès la fin de la Préhistoire à piéger la faune sauvage.
Surnommées « cerfs-volants du désert », ces structures (ici, en Jordanie) servent dès la fin de la Préhistoire à piéger la faune sauvage.

Des couches remplies d’ossements découvertes dans la région indiquent la cible visée : des gazelles. Qui étaient les auteurs de ces pièges aussi mortels qu’ingénieux ? Et à quand remontent ces derniers ? Les datations se sont révélées bien plus anciennes que ce que tout le monde imaginait – 7000 avant notre ère pour certaines. En plein Néolithique !

Des pièges planifiés avec précision

À partir de là, les découvertes s’enchaînent, plus fascinantes les unes que les autres. En Jordanie et en Arabie saoudite, Rémy Crassard et son collègue Wael Abu-Azizeh découvrent des plans où ces kites sont gravés à l’échelle – ce sont tout simplement les plus vieux plans à l’échelle connus jusqu’à présent ! Ils exhument aussi des habitats liés aux utilisateurs des kites. En Jordanie, sur le site de Khashabiyeh, une étonnante stèle anthropomorphe montre que les « cerfs-volants » avaient aussi valeur de rituel.

Nul ne s’attendait à retrouver un groupe humain spécialisé dans la chasse à la gazelle en plein Néolithique, à un moment où les autres populations du Proche-Orient s’adonnent à l’agriculture et à l’élevage : « La perception usuelle du Néolithique s’identifie à ce que l’on observe dans le Croissant fertile. Or il y a d’autres néolithisations possibles. Et c’est ce que nous montrent ces chasseurs de gazelles de la région de Khaybar. La péninsule Arabique a vraisemblablement développé une manière singulière et autonome de s’engager dans la révolution néolithique. »

De formes variables, les « cerfs-volants du désert » sont constituées d’un chemin ceint de murs de pierre menant à un large enclos, cerné de fosses-pièges appelées « logettes », vers lequel les animaux étaient rabattus.
De formes variables, les « cerfs-volants du désert » sont constituées d’un chemin ceint de murs de pierre menant à un large enclos, cerné de fosses-pièges appelées « logettes », vers lequel les animaux étaient rabattus.

Pareille moisson de découvertes bouscule les certitudes et révèle une péninsule Arabique loin des idées reçues. Ainsi, tout au long des millénaires, cette région du nord-ouest de l’Arabie a toujours été, non pas une région enclavée, mais une voie de passage. Ce qui explique une telle abondance de vestiges.

Partage sans restriction

Cette fructueuse collaboration entre les chercheurs du CNRS et leurs collègues saoudiens est appelée à se prolonger dans les années à venir. « Nous partageons nos méthodes, notre savoir, notre expérience avec nos collègues saoudiens, se félicite Guillaume Charloux. Nous les partageons sans restriction et, sur le terrain, une archéologie saoudienne au plus haut niveau est déjà à l’œuvre. »

Rémy Crassard partage cet enthousiasme : « Il y a tellement à faire, ici, tellement d’endroits qui n’ont pas encore été explorés… Par exemple, les cavités. On sait que les occupations préhistoriques les mieux conservées sont dans les grottes. Ces cavités existent dans la péninsule Arabique. Mais, pour l’instant, quasiment aucune n’a été fouillée. Le potentiel archéologique de toute cette région est immense… » ♦

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Notes
  • 1. Unité CNRS/Collège de France/École pratique des hautes études/Sorbonne Université/Université Panthéon-Sorbonne.
  • 2. Archéorient, unité CNRS/Université Lumière Lyon 2.