Les aventuriers du Néandertalien perdu
Après plus de neuf années de recherche sur le site de la Grotte Mandrin, dans la Drôme, l’archéologue Ludovic Slimak et son équipe ont confirmé avoir mis au jour les restes d'un Néandertalien, baptisé Thorin. Selon leur étude parue dans la revue Cell Genomics, Thorin aurait vécu il y a un peu plus de 40 000 ans et se révèle être l’un des derniers représentants d’une lignée ancienne. Retour en images sur les coulisses de cette découverte.
Référence
"Long genetic and social isolation in Neanderthals before their extinction", L. Slimak et al., Vol. 4, Issue 9, 100593, September 11, 2024.
À voir
« Thorin, le dernier Néandertalien », documentaire de 54 min réalisé par Pascal Cuissot (conseiller scientifique Ludovic Slimak), Arte TV, disponible jusqu'au 11 décembre 2024.
À la télévision le dimanche 10 novembre à 07h 20 sur Arte TV.
À lire
Le Dernier Néandertalien, Ludovic Slimak, Odile Jacob, mai 2023, 304 p.
1
Il y a plus de 40 000 ans, des Néandertaliens pouvaient sans doute contempler la vallée du Rhône, couloir naturel de circulation majeur entre l’Europe continentale à la Méditerranée, depuis la Grotte Mandrin. La mise en évidence par l'équipe d'archéologues de l'occupation du site par une lignée néandertalienne, qui s'avèrera profondément isolée de la lignée principale, pose la question de la nature de ces populations, de leurs organisations et leurs manières d’être au monde.
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images
Mode diaporama
2
Ludovic Slimak a dirigé des missions de l’équateur au cercle polaire. Mais c’est bien en France, dans la Drôme, qu’il fait une découverte majeure au milieu des années 2010. Avec son équipe, ils mettent au jour les restes d'un néandertalien, qu'ils baptisent Thorin. Sur cette image, l'archéologue indique une dent à l’aide de son pinceau, très difficile à repérer parmi les milliers de fragments osseux, humains et animaux, et les quantités de silex taillés qui jonchent le sol.
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images
Mode diaporama
3
Située sur la commune de Malataverne, dans le nord de la Drôme, la Grotte Mandrin est un abri sous voûte. Très riche en vestiges et fossiles, elle est fouillée en continu depuis 1990. Les traces retrouvées d’installations humaines, sapiens et néandertaliennes, s’étalent de -120 000 ans à - 42 000 ans.
Ludovic Slimak
Mode diaporama
4
Toujours munis de leurs gants, une garantie contre la contamination des échantillons avec de l’ADN moderne, les scientifiques vont dégager progressivement, et durant neuf ans, des milliers de petits fragments osseux dont des phalanges, des fragments de palais et de crâne, ainsi que des dents (montrées du doigt à gauche et visible en gros plan à droite) appartenant à Thorin.
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images ; © Ludovic Slimak
Mode diaporama
5
La publication des chercheurs en couverture de la revue "Cell Genomics", en septembre 2024, fait état d’un ensemble d’ossements, mais aussi de 31 dents (à gauche) et de 5 phalanges de la main gauche (à droite). Ces dernières présentent des morphologies classiquement reconnues chez les Néandertaliens, mais aussi une certaine gracilité pour un individu de cette espèce.
Xavier Muth / Ludovic Slimak ; © Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images
Mode diaporama
6
C’est dans une couche de sédiments située au sommet de la séquence archéologique et à l’entrée de la Grotte Mandrin que les restes de Thorin ont été retrouvés. Xavier Muth, co-auteur de l’étude, utilise ici la photogrammétrie combinée à la tachéométrie pour numériser et cartographier les sols et les objets dégagés par la fouille. Pour réaliser des modélisations 3D du site et des « décapages » archéologiques (retraits progressifs des couches de terrain afin d'observer ce qui se trouve en dessous), les chercheurs procèdent à des prises de vue progressives en très haute définition.
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images
Mode diaporama
7
Une fois le travail de photogrammétrie terminé, les différents scans obtenus sont combinés permettant ainsi de repositionner précisément l'ensemble des objets archéologiques (ossements humains comme animaux et les outils de silex), tels qu’ils se présentaient dans les sols avant la fouille. Dans cette reconstitution 3D, les fragments du corps de Thorin apparaissent (en couleurs) broyés dans des sédiments sableux.
Xavier Muth / Ludovic Slimak
Mode diaporama
8
De retour au laboratoire, certains fossiles sont aussi numérisés par photogrammétrie, comme cette canine de Thorin entre les mains du chercheur (à gauche). La photogrammétrie permet d’obtenir une réplique numérique extrêmement précise de chaque élément archéologique exhumé sur le site de fouille, et par exemple de reconstituer la dentition du néandertalien (à droite).
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images ; © Clément Zanolli
Mode diaporama
9
Pour déterminer à quelle lignée néandertalienne Thorin appartient, Andaine Seguin-Orlando, généticienne à l’université de Toulouse-Paul-Sabatier, prépare des échantillons de dents de Thorin pour en extraire de l’ADN. L’analyse génétique révèlera la découverte d'une population jusqu’ici inconnue de néandertaliens tardifs.
Arte France / Fred Hilgemann Films - 2024 / Extrait de « Thorin, le dernier Néandertalien », par Pascal Cuissot
Mode diaporama
10
En associant la tracéologie, discipline qui permet de définir le fonctionnement des objets préhistoriques, et le dessin technique, Laure Metz reproduit très précisément les objets retrouvés après en avoir déterminé l’usage par analyse sous microscope. Ces études, couplées à de vastes corpus expérimentaux reproduisant les objets archéologiques, permettent d’avoir une vision très fine des activités domestiques (découpe de la viande, travail des peaux, etc.) et de chasse de ces groupes humains.
Hubert Raguet / CAGT / CNRS Images
Mode diaporama
11
Dans le documentaire « Thorin, le dernier Néandertalien », Ludovic Slimak échange avec Clive Finlayson (à d.), responsable des recherches archéologiques sur les populations néandertaliennes à Gibraltar. Celui-ci tient entre ses mains un crâne découvert au XIXe siècle dans la carrière de Forbes. D'après les analyses génétiques, ce crâne et Thorin appartiendraient à deux représentants d’une même population. Les scientifiques formulent alors l'hypothèse qu'une population de Néandertaliens « anciens » aurait bien été contemporaine de la lignée principale, et qu'elle occupait une partie des rives de la Méditerranée occidentale, de l'Espagne à la vallée du Rhône. Ceci bouscule notre compréhension des dernières populations néandertaliennes en Europe.
Arte France / Fred Hilgemann Films - 2024 / Extrait de « Thorin, le dernier Néandertalien », par Pascal Cuissot
Mode diaporama
Commentaires
Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS