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Le Forum, acte II
Édito par Denis Guthleben
Octobre 1940. Le CNRS fête son tout premier anniversaire dans le contexte tragique des premiers mois de l’Occupation. Dans la zone dite libre, un physicien de 35 ans pose ses valises à Grenoble. Louis Néel est un naufragé, emporté par le tourbillon des événements. Jeune professeur de la faculté des sciences de Strasbourg, expert déjà reconnu dans le domaine du magnétisme, il a été contraint de se replier à Clermont-Ferrand avec l’ensemble de ses collègues de l’université alsacienne dès la déclaration de la guerre. Investi par le CNRS d’une mission en faveur de la mobilisation scientifique, il a ensuite été surpris à Dunkerque par l’invasion allemande, s’est replié à Toulon, puis à Oran et à Alger, avant de regagner la métropole. L’Alsace annexée, Paris occupé, Louis Néel trouve à Grenoble un asile qu’il imagine tout d’abord temporaire. Rapidement, il invite l’un de ses assistants, Louis Weil, à le rejoindre : pour ce jeune chercheur juif, qui s’est spécialisé dans le domaine des très basses températures, l’air du Dauphiné est moins pesant que celui de Clermont-Ferrand et, a fortiori, de Paris, sous la botte nazie. Ensemble, ils forment un embryon de laboratoire, qui accueille bientôt d’autres physiciens : Noël Félici, qui se passionne pour l’électrostatique, Félix Bertaut – de son vrai nom Erwin Lewy –, qui s’initie aussi vite que brillamment à la cristallographie… une aventure scientifique et humaine naît ainsi sur les rives de l’Isère. Elle ne s’est jamais interrompue : aujourd’hui encore, le Bassin grenoblois fait partie des hauts lieux de la recherche française ! Pour leur deuxième édition, Les Fondamentales du CNRS prennent le chemin de Grenoble, sur les traces de ces quelques pionniers qui ont créé et développé le premier laboratoire de l’établissement en région… On pourrait parler d’un retour aux sources !
Les Fondamentales, les 10 et 11 octobre 2014
Campus Saint-Martin-d’Hères
Université Grenoble-Alpes
http://lesfondamentales.cnrs.fr