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Ali Zolghadri, l’art de l’automatique
La prochaine fois que vous volerez sur le nouvel Airbus A350, vous penserez à lui. Lui, c’est Ali Zolghadri, du laboratoire de l’Intégration du matériau au système (IMS)1. Ce chercheur a développé, en partenariat avec Airbus, un algorithme capable de diagnostiquer en temps réel certaines pannes des gouvernes, utilisées pour contrôler l’attitude de l’avion.
Si Ali Zolghadri, 53 ans, reçoit cette année la médaille de l’innovation, s’il est reconnu internationalement, ce n’est pas uniquement pour cette dernière innovation, mise en service sur l’A350 dès son premier vol commercial en janvier 2015. C’est pour l’ensemble de ses travaux en automatique, une science de l’ingénieur très peu connue du grand public et pourtant essentielle au bon fonctionnement des systèmes modernes qui nous entourent.
Les systèmes dynamiques complexes, tels que les avions, les satellites ou encore les centrales nucléaires, doivent constamment être contrôlés et surveillés : pour qu’un avion ou un satellite suive une trajectoire demandée, même dans des conditions de vol dégradées, pour qu’une centrale nucléaire maintienne tel niveau de puissance, etc., les algorithmes développés en automatique sont chargés de calculer les actions à réaliser par divers actionneurs pour garantir le bon fonctionnement du système, quelles que soient les conditions.
bon automaticien
consiste donc
à façonner les
algorithmes les
plus parcimonieux,
et donc les plus
optimisés possibles.
« Pour que les algorithmes puissent être embarqués sur un avion par exemple, et certifiés par les autorités aéronautiques, ils doivent être extrêmement performants, validés dans les conditions les plus improbables. En même temps, ils ne doivent pas être trop complexes, pour pouvoir être traités par les calculateurs de bord. Tout l’art d’un bon automaticien consiste donc à façonner les algorithmes les plus parcimonieux, et donc les plus optimisés possibles. »
Dans cet art délicat, cet Iranien d’origine, natif de Shiraz (cité de la Perse antique), arrivé en France il y a trente ans pour achever ses études, est justement passé maître : ses travaux ont notamment donné lieu à des dizaines d’articles dans des revues internationales et à 14 brevets. « Si j’ai commencé ma carrière en m’intéressant aux systèmes naturels liés à l’environnement, telle la pollution atmosphérique, j’ai toujours été passionné par le secteur aérospatial. »
Son projet du moment, très ambitieux, porte justement sur l’aéronautique de demain : « Nous réfléchissons à la conception d’un pilote virtuel dans le cockpit du futur, qui assisterait les pilotes humains dans la gestion des situations de vol complexes et à risque. Il s’agit de contribuer à réduire le taux d’accident des avions de façon significative, et ce malgré la croissance constante du trafic aérien, qui double tous les dix ans. » Après sa médaille de l’innovation qui l’a « beaucoup surpris » et dont il est très fier, Ali Zolghadri entend donc, longtemps encore, continuer d’innover.
Repères : Après un master en robotique à l’université de Bordeaux, en 1989, Ali Zolghadri, passe son doctorat (1992) puis son HDR (2001) dans la même institution. Il y est ensuite nommé professeur en 2003, position qu’il occupe encore aujourd’hui en tant que professeur de classe exceptionnelle. Au sein de l’université, il a notamment été directeur de la formation doctorale « Automatique, signal et image et productique ». Il est coanimateur du DAS G2MCO du pôle de compétitivité Aerospace Valley. Il a également piloté de nombreux projets à l’extérieur. Il a notamment conduit les projets Sicver et Sirasas et a été responsable, pour l’IMS, du projet FP7 ADDSAFE. En 2014, il a créé et coordonné le consortium Easierfly, rassemblant huit partenaires (dont Airbus) et cinq pays.
A lire : les portraits des quatre lauréats 2016 de la médaille de l'innovation du CNRS.
- 1. Unité CNRS/Univ. de Bordeaux/Bordeaux INP Aquitaine
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