Voici dix échantillons qui ont marqué l’histoire de la chimie
Niché au cœur du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, le laboratoire Molécules de communication et adaptation des micro-organismes (MCAM) abrite en son sein de précieux échantillons. Vieux de plus d’un siècle, ils viennent d’être nettoyés et inventoriés par l’équipe du laboratoire. Christine Maulay-Bailly, responsable technique de la chimiothèque, nous en fait découvrir une sélection.
Les 14 et 15 octobre, la salle de cours du laboratoire MCAM (CNRS/MNHN) fera l’objet d’une Visite insolite, organisée par le CNRS dans le cadre de la Fête de la science.
1
« Dans ce flacon se trouve le premier échantillon de cholestérol. Si tout le monde connaît aujourd’hui ce lipide essentiel mais dont l’excès pose des problèmes, c’est grâce au chimiste Michel-Eugène Chevreul qui a obtenu en 1814 ces cristaux brillants à partir… de calculs biliaires. Il donne le nom de cholestérine à sa découverte qui deviendra ensuite cholestérol car il comporte une fonction alcool. »
Cyril Frésillon / MCAM / CNRS Images
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2
« En 1813, Nicolas Vauquelin, professeur de chimie au Muséum, confie à son élève Michel-Eugène Chevreul l’étude d’un savon de graisse de porc. Il y découvre un acide gras qu’il nomme "margarine" (ou acide margarique) à cause de son aspect nacré (du grec "margaritis" qui signifie "perle, nacre"). Il tentera de préparer de l’acide margarique à partir d’autres graisses : mouton, homme (comme sur la photo), jaguar, oie ou bœuf. On s'apercevra plus tard que cette découverte était en réalité un mélange de 2 acides gras. »
Cyril Frésillon / MCAM / CNRS Images
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3
« À partir de l’urine d’un patient diabétique, Chevreul obtient cette substance qu’il nomme "sucre de diabète" car il forme de petits cristaux semblables à ceux présents dans le sucre de raisin. Après de nombreux traitements, il obtient d’ailleurs des cristaux aux propriétés similaires (solubilité, saveur...) au sucre de raisin, confirmant son intuition de départ. Ces sucres ne sont en fait qu'un seul : le glucose que nous connaissons aujourd’hui. »
Cyril Frésillon / MCAM / CNRS Images
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4
« De cette résine, sans doute étudiée par les chimistes du Muséum au début du XXᵉ siècle, était extraite le baume de Judée également nommé "baume de la Mecque" ou "baume de Galaad". Cette résine aux reflets dorés, à l’odeur citronnée et à la saveur amère, était utilisée dans la Grèce et la Rome antiques comme parfum et médicament, notamment pour cicatriser les plaies, et soigner les maux d’estomac ou intestinaux. »
Cyril Frésillon / MCAM / CNRS Images
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5
« Voici les premiers rubis de synthèse (présentés dans leur creuset) autrefois utilisés dans les mécanismes des montres. Et c’est au laboratoire de chimie du Muséum qu’Edmond Frémy, et ses collaborateurs Charles Feil puis Auguste Verneuil, ont réussi vers 1875 à réaliser la synthèse du rubis, une gemme rare, chère mais très recherchée pour son extrême dureté. Frémy en fit faire un collier pour sa femme qui suscita l’admiration lors d’une soirée au palais de l’Élysée. »
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6
« Michel-Eugène Chevreul s’était lancé dans l’analyse d’une multitude d’huiles et de corps gras. Parmi eux figure un trésor de notre patrimoine chimique, un flacon d’huile provenant de l’atelier d’Ingres. Une huile servant à lier les pigments utilisés par Jean-Auguste-Dominique Ingres, le célèbre peintre français du XIXᵉ siècle. Qui sait, peut-être l’a-t-il utilisée pour peindre "La Grande Odalisque", un de ses chefs-d’œuvre qui ont inspiré tant de peintres par la suite… »
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7
« Le chimiste Léon Albert Arnaud avait reçu d’un célèbre voyageur, nommé Revoil, des poisons de flèches provenant de Somalie… dont le waba, un poison foudroyant obtenu à partir d’une plante, l’Ouabaïo. En 1888, il isola le glucoside responsable des effets du poison qu’il nomma "ouabaïne" et qui devint ensuite un médicament utilisé contre les insuffisances cardiaques aiguës. On sait depuis Paracelse, alchimiste, que c’est la dose qui fait le poison. »
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8
« Autre poison étudié en 1889 par Léon Albert Arnaud : le chimiste met en évidence la tanghinine, une molécule aux effets toxiques pour le cœur, dans le tanghin, une plante nommée "Tanghinia venenifera" dont les extraits sont utilisés à Madagascar pour mettre à l’épreuve les individus suspectés de sorcellerie. »
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9
« L’acide taririque est le premier acide gras acétylénique – comprenant une liaison triple carbone-carbone – mis au jour chez les végétaux. Et c’est encore Léon Albert Arnaud qui est parvenu à l’isoler en 1892, cette fois à partir de graines de tariri, une plante nommée "Picramnia guianensis" originaire de Guyane. »
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10
« L’alun de chrome, qui se présente sous la forme d’octaèdres cristallins violets, est obtenu par un mécanisme très rare : en faisant s’évaporer ensemble une solution d’alun et une autre de chrome, les deux composants se combinent au lieu de se cristalliser séparément. Le résultat illustré par cet échantillon estimé de la fin du XIXᵉ siècle, montre des cristaux beaucoup plus colorés que les deux éléments séparés. »
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« Cette salle historique, salle de cours de la première école de chimie en France, créée au Muséum par Edmond Frémy en 1864 et transférée rue Buffon en 1872, a été restaurée en 2021. Les 7 381 échantillons de notre collection patrimoniale sont mis en valeur dans les vitrines. Un tel patrimoine méritait un écrin à la hauteur ! Et nous sommes heureux d’en faire enfin profiter les visiteurs et les étudiants. »
Cyril Frésillon / MCAM / CNRS Images
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