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Et si le test de la Covid-19 était aussi simple qu’un petit prélèvement de salive ?
Pierre CHAMPIGNEUX
Ingénieur en biologie
« On vient insérer 200 micromètres de salive dans ce premier tube, qui va être un tube de pré-traitement et on va venir placer ce tube dans un bloc chauffant à 65 degrés pendant 30 minutes. Pour, déjà avoir un échantillon qui est sain et qui peut être manipulé, et surtout libérer le matériel génétique du virus qu’on va après venir détecter dans le deuxième tube. »
Car pour trouver le virus, il faut extraire sa carte d’identité, son ARN. Cet ARN est ensuite transcrit en ADN qui peut alors être “amplifiée” ; multipliée un grand nombre de fois afin d’obtenir des quantités détectables. Tout cela est réalisé avec la technique RT Lamp qui a l’avantage d’être simple, rapide et peu coûteuse.
Après une heure de chauffe, le révélateur colorimétrique indique clairement le résultat du test EaysyCov. Orange, vous êtes négatif. Jaune, vous êtes positif.
Franck MOLINA
Biologiste
« Ce test n’est pas fait pour remplacer les tests de laboratoire qui existent aujourd’hui, il est fait pour mettre des tests là où il n’y en a pas. L’idée, c’est par exemple d’aller mettre des tests à l’entrée des Ehpad, des endroits confinés comme les prisons, vérifier les salives des patients qui vont chez le dentiste, et tout ça, juste avant de rentrer comme un filet de sécurité qui va laisser passer très peu de patients positifs de l’autre côté. »
L’équipe a également mis au point EasyCov Reader, une application mobile qui permet de vérifier les résultats et de les transmettre à votre médecin traitant et aux autorités de santé, qui surveillent l’évolution de la pandémie...
D’abord commercialisé dans les laboratoires d’analyse, ce test pourrait bientôt être disponible chez les médecins de ville en France. Et il intéresse aussi des pays d’Asie et d’Amérique du Sud.
« Aujourd’hui, on a déjà des capacités de production de plusieurs dizaines de milliers de tests par jour, avec une capacité de monter encore plus haut. Donc ce n’est pas une limitation aujourd’hui le nombre de tests à réaliser, ce qui est la limitation, c’est comment le mettre en oeuvre sur le terrain puisque c’est tout nouveau. »
C’est donc ici, au laboratoire de recherche du CNRS Sys2Diag de Montpellier, que cette première mondiale a vu le jour. Dans des conditions hors du commun.
La veille du confinement, alors que son équipe s’apprête à se mettre en télé-travail, Franck Molina fait un pari risqué.
« Très vite, le Covid arrive, ce n’est pas notre spécialité, donc on regarde ce qui se passe et puis, on est quand même un laboratoire de diagnostic médical, donc est-ce qu’on n’a pas quelque chose à faire ? Finalement, on a fait le pari d’aller chercher de la salive, où tout le monde savait qu’il y avait des aérosols de virus qui pouvaient contaminer d’autres personnes. Il y avait une certaine logique, mais on ne savait pas quel était le niveau de charge du virus à ce moment-là puisqu’on était en mars. »
Mais si le prélèvement s'avère bien plus simple que par le nez, la détection, elle, se révèle plus délicate...
« Dans la salive, on va se retrouver avec de la chimie, des molécules chimiques, des sels, on va se retrouver avec des bactéries, avec des cellules humaines et éventuellement avec du virus.Le problème de tout ça, c’est que si on le met dans le tube, ça inhibe la RT-PCR. Le jeu, c’est d’empêcher la complexité de l’échantillon de gêner notre détection. »
Pour avancer plus vite, l’équipe s’appuie sur les technologies qu’elle a déjà développées dans le cadre de ses travaux de recherche. Mais pour mettre au point un test complet en un temps record, tous les partenaires ont dû jouer le jeu de l’urgence…
« Pour inventer un test diagnostic, c’est 6 à 7 ans, tout compris. Alors quand est arrivée la crise Covid, alors que le test était encore en cours d’invention, on a travaillé tout de suite l’industrialisation pour sécuriser les réactifs qui étaient très demandés, et en même temps le valider cliniquement. C’est ce qui a permis, en prenant évidemment tous les risques d’échouer de pouvoir avoir réussi à sortir le produit en trois mois tout compris. Donc le seul moyen d’y arriver, c’est que tout le monde, la clinique, la recherche fondamentale et l’industrie, pour le diagnostic, travaille ensemble sur le même projet. »
Un exploit 100% made in France qui place notre recherche au premier rang mondial. Selon les premières études cliniques, le taux de fiabilité d’EasyCov est de 73%, équivalent aux tests nasopharyngés. Objectif pour les mois à venir : réduire encore le temps de détection et augmenter la sensibilité du test.
EasyCov, les promesses du test salivaire
Et si le test du Covid-19 devenait aussi simple qu’un petit prélèvement de salive ? Une équipe de scientifiques de Montpellier a développé un procédé innovant permettant de dépister rapidement et facilement le virus SARS-Cov2.
Pierre Champigneux
Modélisation et ingénierie des systèmes complexes
biologiques pour le diagnostic (Sys2Diag)
CNRS / ALCEN-PMB
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