Vous êtes ici
La science européenne a rendez-vous à Toulouse
Du 9 au 14 juillet 2018, la communauté scientifique européenne a rendez-vous à Toulouse. Deux ans après Manchester, c’est en effet la Ville rose qui a été choisie pour accueillir l’EuroScience Open Forum (Esof), la plus grande manifestation du continent européen consacrée à la science et à l’innovation. Une semaine durant laquelle chercheurs, journalistes scientifiques, politiques, industriels vont échanger et confronter leurs points de vue sur les relations entre science et société, la place de l’innovation ou encore les politiques de la recherche. « Le cadre européen est plus adapté que les cadres nationaux, estime Martin Andler, membre du Laboratoire de mathématiques de Versailles1 et vice-président d’Euroscience, l’organisation fondatrice de l’Esof. C’est la bonne échelle pour poser la question de la place de la science dans la société ou pour discuter de certains problèmes posés par l’application de la recherche fondamentale. »
Un forum interdisciplinaire
Avec des acteurs scientifiques de plus de 80 nationalités, allant du junior au plus expérimenté, l’Esof s’apprête à faire la part belle à l’échange en valorisant les notions de forum et d’interdisciplinarité. « Dans chaque Esof, il y a des rencontres entre disciplines qui se font et c’est une satisfaction de se dire que l’on a participé à ce creuset interdisciplinaire », témoigne la biologiste Anne Cambon-Thomsen, directrice de recherche émérite au CNRS et organisatrice du forum.
Les 180 sessions déclinées durant les 5 jours et demi du forum – dont le CNRS, présent sur le pavillon France, est partenaire – promettent d’attirer les foules. Les thématiques ont en effet été sélectionnées afin de refléter l’actualité scientifique, sociale et politique, de l’intelligence artificielle à la santé en passant par l’environnement ou l’intégrité scientifique.
Parmi les grandes conférences plénières, notons celle consacrée aux humanités numériques ou encore celle de John Ioannidis, chercheur connu pour avoir soulevé le débat sur la reproductibilité des résultats scientifiques. Le panel sur les sciences de l’espace devrait attirer l’attention des participants, tout comme celui sur les enjeux climatiques, modéré par Jean Jouzel, médaille d’or du CNRS, où interviendra la chercheuse américaine Camille Parmesan, sélectionnée dans le cadre de l’appel « Make our planet great again ». Les sessions programmées sur le thème de l’open science promettent également des débats animés. « Les chercheurs ont l’occasion d’assister à des sessions pouvant leur proposer des ouvertures, des liens entre ce qu’ils font et d’autres domaines », relève Martin Andler.
La voix de la science
Véritable lieu d’échange, l’Esof sera aussi l’occasion pour la communauté scientifique de s’exprimer sur la préparation du FP9, le prochain programme-cadre pour la recherche et l’innovation de la Commission européenne. « L’idée est que l’Esof soit un lieu de discussions sur la proposition FP9, rendue publique en juin avant de passer vers les autres institutions européennes, explique Anne Cambon-Thomsen. C’est un souhait de la Commission européenne. Il y aura des plateformes de discussions, de grands panels pléniers avec l’intervention du commissaire européen à la Recherche, à l’Innovation et à la Science, Carlos Moedas. »
Selon Martin Andler et Anne Cambon-Thomsen, « l’Esof représente vraiment la possibilité pour les chercheurs de faire entendre leur voix sur la place de la science en Europe, ce qui est bien nécessaire ».
Le monde économique aura aussi sa place avec le programme « Science to business » et le village des entreprises, dans l’espace d’exposition. « Pour les entreprises, c’est extrêmement intéressant de présenter leurs activités à ce public très varié qui n’est pas le public habituel d’un évènement scientifique », renchérit la biologiste.
Un programme sur les carrières, imaginé pour les 30 à 40 % de participants à l’orée de leur parcours scientifique, fait également partie intégrante de l’Esof. Outre les sessions dédiées, des espaces d’exposition et des informations sur des programmes de mobilité ou d’accueil s’adressent à eux. Rencontrer des doctorants ou post-doctorants d’autres pays et d’autres disciplines et partager leurs expériences comptent parmi les intérêts du forum. Par ailleurs, une branche particulière du forum, le Yesof (Esof de la jeunesse), mettra en lumière des initiatives développées par des jeunes scolaires en interaction avec des chercheurs.
La France à l’honneur
Souhaitée depuis plusieurs années, la tenue de ce forum en France porte un coup de projecteur sur la recherche française, hôte de la recherche européenne. « C’est un privilège d’accueillir ce forum avec tout ce qu’il draine de personnalités scientifiques. C’est une possibilité d’échange dans un cadre international et une opportunité de visibilité de ce qui se fait en science en France et dans la région », souligne Anne Cambon-Thomsen.
L’attribution du lieu d’accueil du forum dans la Ville rose s’est accompagnée de la labellisation de Toulouse comme « Cité européenne de la science 2018 », suscitant une formidable dynamique. Plus de 170 événements destinés à des publics divers ont ainsi été labellisés, comme les 50 ans du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS) du CNRS, ou le congrès Optic 2018, qui attend plus de 650 participants.
« Il n’est pas question de faire de la science et ensuite d’adopter la position du savant qui transmet au public. Nous allons vers quelque chose de beaucoup plus participatif », souligne Martin Andler. En parallèle du forum professionnel, l’Esof s’installe en effet dans la ville avec de nombreuses manifestations interactives destinées au grand public, prévues dans le cadre du festival « Science in the city », du 7 au 15 juillet, et auxquelles participent bon nombre de laboratoires du CNRS. Entre balade géologique et spectacle de chimie en couleurs, le rendez-vous est pris. ♦
Mots-clés
Partager cet article
Auteur
Laurence Stenvot est rédactrice institutionnelle au CNRS.
Commentaires
Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS