Donner du sens à la science

Musique : le temps des instruments augmentés

Dossier
Paru le 17.11.2021
La science en musique
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Les instruments intelligents
 
C’est une répétition pas comme les autres – les instruments ? deux violons, un alto, un violoncelle… ainsi que de nombreux câbles et ordinateurs.
 
Nous sommes à l'IRCAM, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, où une équipe de chercheurs teste les performances de leurs nouveaux instruments intelligents, connectés, augmentés. Un voyage musical, à la croisée des domaines artistique et physique, de l'électronique et de l'informatique.
 
ITV Adrien Mamou-Mani, acousticien
La problématique scientifique, vient du monde de ce qu’on appelle l’acoustique musicale. Les instruments sont habituellement caractérisés du point de vue acoustique par leur résonnance. Et les résonnances, par exemple dans le cas de caisses de résonnances d’instruments à cordes, vont venir colorer le son.
 
Ce qu’on est capable de faire aujourd’hui grâce au projet smart instruments, c’est de changer la signature de l’instrument.
 
  • ambiance il joue
Alors ça, ça fait ressortir un peu les aigus, donc c’est pas mal quand on fait par exemple comme ça, en phase inversé.
 
Et maintenant je renverse la phase.
 
 
ITV Adrien Mamou-Mani
Le dispositif complet qu’on couple à un instrument, donc j’ai appelé ça le Koala, comme un animal qui viendrait enlacer un instrument ; ce petit koala est en fait constitué de capteurs piezo-électriques, des matériaux, des céramiques qui ont des capacités à transformer une énergie mécanique en énergie électrique et inversement, des actionneurs électrodynamiques, des sortes de moteurs de hauts parleurs – vous imaginez un haut parleur auquel on a enlevé la membrane, on garde juste le moteur, et on colle ça sur l’instrument pour que l’instrument de musique devienne la membrane du haut-parleur, et entre les deux, un dispositif constitué d’une carte son ultra-rapide, lié à un ordinateur Linux. Et tout ça est à l’intérieur de notre petit koala. Et on relie à ça le capteur et l’actionneur.
 
La vibration de la corde jouée par le musicien est donc récupérée par le capteur piézo-électrique. Le signal est traité par le koala, puis renvoyé à l'instrument via l'actionneur. La chaîne entre la captation et l'actionnement se fait en temps réel, on obtient donc une fusion parfaite entre le son du jeu instrumental et le son issu du koala.
 
Ces recherches dépassent le seul cadre scientifique pour nourrir la création artistique. Et pour permettre l'intégration des instruments augmentés au processus créatif, il faut un lien, un facilitateur pour faire dialoguer l’art et la technique.
 
ITV Grégory Beller
réalisateur en informatique musicale
 
On a utilisé tout de suite les smart instruments dans l’idée de créer des sourdines virtuelles et de modifier l’acoustique même de l’instrument.
Ensuite, on est allé plus loin dans cet effet là, on a commencé à le faire vibrer, et on s’est aperçu qu’on pouvait fabriquer des trémolos et des vibratos artificiels sur des cordes à vide, ce qui est une chose très difficile à réaliser pour un musicien qui doit faire bouger en fait le manche en utilisant les autres cordes, il ne peut pas la toucher parce qu’elle est à vide, et là en fait, grâce aux smart instruments, on peut faire rentrer en vibration la corde.
 
Des instruments désormais si intelligents qu'ils peuvent même jouer en se passant de musiciens…
 
Troisième pièce du projet smart instruments, le compositeur. Francesco Filidei a écrit un morceau pour quatuor en s'appuyant sur les nouvelles possibilités offertes par ces instruments augmentés.
 
ITV Francesco Filidei, compositeur
À partir du moment où, vers la fin, les interprètes ils arrêtent de jouer et les instruments continuent de jouer, le public, dans une salle de concert bien sûr, n’est pas prêt à ça et tout d’un coup il se rend compte que les artistes ne sont plus en train de jouer mais que le son est toujours là. Alors qu’est-ce qui se passe ? C’est cette situation qui m’intéresse.
 
Ambiance
Voilà, on va essayer ça. Alors ça va être la même chose, on va baisser la dynamique de l’Allegro con brio suivant.
 
ITV Grégory Beller (réalisateur en informatique musicale)  
Demain, on peut imaginer tout un maillage de hauts-parleurs dont les contraintes mécaniques vont se modifier en temps réel et dont on pourra, je dirais presque, transformer un tambour en plaque d’aluminium mais de manière physique. Chose que l’on fait pour le moment de manière virtuelle.
 
Si cette nouvelle génération d'instruments de musique est encore en phase de recherche, la pièce de Francesco Filidei, elle, s'est déjà jouée à la Philarmonie de Paris. Peut être la première étape d'une révolution musicale...
 
 
Générique
 
Avec la participation de
Adrien Mamou-Mani
Sciences et Technologies de la Musique et du Son (STMS)
Ircam / CNRS / UPMC



Grégory Beller
Ircam



Francesco Filidei
Compositeur



et les musiciens du quatuor Béla
 
Image et montage

Pierre Beauvillain


 
Son

Nicolas Zwarg


 
Mixage

Thomas Huguet


 
Rédacteur en chef

Nicolas Baker

 
Une production CNRS Images
 
© CNRS Images 2016

Musique : le temps des instruments augmentés

29.03.2016

Des chercheurs ont développé des outils qui permettent de modifier, en temps réel, l’acoustique de guitares, violons et violoncelles. Ces nouveaux instruments intelligents intéressent notamment les compositeurs actuels de musique classique. 

À propos de cette vidéo
Titre original :
Les instruments intelligents
Année de production :
2016
Durée :
5 min 58
Réalisateur :
Pierre Beauvillain
Producteur :
CNRS Images
Intervenant(s) :
Adrien Mamou-Mani
Sciences et Technologies de la Musique et du Son (STMS)
Ircam / CNRS / UPMC

Grégory Beller
Ircam

Francesco Filidei
Compositeur

et les musiciens du quatuor Béla
Journaliste(s) :