Le grand hamster d’Alsace en sursis
En danger critique d’extinction depuis 2020, le grand hamster a vu les trois quarts de sa population mondiale disparaître en 50 ans. L’une des causes identifiées de ce déclin : la pratique de la monoculture intensive de céréales. En Alsace, seule région française où l'on peut le rencontrer, chercheurs, associations et agriculteurs se mobilisent pour sa sauvegarde. Parmi eux, les scientifiques de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien*, à Strasbourg. Reportage.
*IPHC, unité mixte de recherche du CNRS et de l’université de Strasbourg.
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Vous le sentez ce petit air de liberté ? Ce grand hamster (en latin, "Cricetus cricetus") ne s’y trompe pas ! Il sera bientôt libéré dans un champ où poussent des cultures favorables à son habitat et à son régime alimentaire. C’est le département d’écologie, physiologie et éthologie de l’IPHC qui prend grand soin des hamsters.
Nicolas Busser / IPHC / CNRS Images
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C’est la nuit que le dispositif expérimental imaginé par les scientifiques s’anime, à Ittenheim (Bas-Rhin). Dans cet enclos de plus d’un hectare sont testées différentes combinaisons de cultures et leurs impacts sur la reproduction du grand hamster sont analysés. L’enclos est un milieu semi-naturel contrôlé, protégé des prédateurs et des pesticides.
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Chaque semaine en été, juste avant la tombée de la nuit – car le rongeur est nocturne –, des cages de capture sont dispersées autour des entrées de terriers dans les quatre parcelles qui composent l’enclos. L’objectif est de compter les hamsters et de suivre leur état de santé.
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Comment reconnaît-on un terrier très actif ? Au nombre de cages de capture disposées autour, ici trois ! Pour suivre l’activité en continu, l’IPHC utilise une antenne de lecture de puce (anneau blanc) et un piège photo (boite grise rectangulaire). Chaque terrier est repéré par un piquet orange.
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Attrapé grâce aux légumes friandises, chaque hamster est identifié – via sa puce –, pesé et mesuré. Les scientifiques relèvent son état général et le numéro de son terrier, avant de le relâcher dans sa parcelle. Ils évaluent ainsi la bonne santé des individus et leur taux de reproduction.
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Autre action complémentaire, le renfort des effectifs de grands hamsters en Alsace. Oui, il est le seul hamster à vivre à l’état sauvage ! Avant le lâcher, scientifiques et volontaires, armés d’instruments bruyants, effarouchent les prédateurs du rongeur, principalement buses et renards.
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Les hamsters sont transportés chacun dans une boîte, car l’animal est solitaire et plutôt agressif envers ses congénères. Le principe est de les lâcher, ici à Geispolsheim (Bas-Rhin), dans un champ où un agriculteur cultive des plantes sélectionnées pour répondre aux besoins des hamsters (nutrition et habitat).
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Un pré-terrier est creusé pour que le hamster ne soit pas exposé aux prédateurs alors qu’il est perturbé par le voyage. Avec beaucoup de délicatesse, la cage de transport est disposée verticalement au-dessus du trou, puis la trappe est retirée pour que le hamster se glisse dans le trou sans heurt.
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Le pré-terrier, profond de 1 mètre environ, abrite un peu de nourriture. Un « bouchon » de foin sera vite ajouté pour que le hamster reste caché jusqu’à la nuit tombée et en sorte aisément. Les plantes cultivées dans le champ lui assureront l’énergie et les réserves indispensables pour passer la période d’hibernation (octobre-avril).
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Éradiqué comme nuisible au début du XXᵉ siècle, protégé à partir de 1993, le hamster est en sursis. En cause, les monocultures trop étendues, mais aussi la pression urbaine et l’installation de grands axes routiers infranchissables. L’enclos expérimental fait d’ailleurs partie des mesures compensatoires imposées à Vinci, concessionnaire du « grand contournement ouest » de Strasbourg, une autoroute qui traverse une zone de protection stricte. Les recherches de l’IPHC s’inscrivent dans un plan national d’actions en faveur du grand hamster. Sa préservation aura une action bénéfique pour toutes les espèces de son écosystème. Le ver de terre qu’il déguste parfois bénéficiera aussi de la restauration de l’agrosystème de la plaine alsacienne.
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du journal CNRS