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TARA
Cap sur le Pacifique
En 13 ans, elle aura dressé ses deux mâts et fait voguer ses 130 tonnes sur tous les océans du globe. Des recherches sur sur la banquise arctique aux planctons en passant par les micro-plastiques de Méditerranée, la goélette TARA aura enquêté sur des interrogations scientifiques majeures au cours des dix expéditions accomplies.
Cette année, les équipes de TARA Expédition se sont lancés un nouveau défi : plonger dans le monde des récifs coralliens du Pacifique. Une aventure de deux an et demi à travers 40 archipels pour analyser l’évolution du corail et tenter de mieux comprendre le fonctionnement de cet organisme encore mystérieux. A bord, 70 scientifiques de différentes nationalités vont se relayer pour prélever les 40 000 échantillons qui serviront à constituer la plus grande base de donnée jamais réalisée sur cet écosystème corallien.
Pour préparer cette expédition et le traitement des milliers d’échantillons qui seront prélevés à bord, TARA s’est associé à un partenaire de longue date : le Genoscope d’Evry. Dans ces laboratoires spécialisés dans le séquençage de l’ADN ont été analysés les prélèvements de planctons issus de la précédente expédition TARA Océans avec à la clef la découverte de plusieurs millions de génomes jusqu’alors inconnus.
Patrick Wincker – Directeur du Genoscope
Pour TARA Pacific, on a un petit peu la même idée que ce qu’on avait pour TARA Océans en ce qui concerne le Génoscope c’est à dire d’appliquer de la génomique à très grande échelle pour essayer de décrire un écosystème dans toutes ses composantes. Ce que nous avions fait dans le cadre de TARA Océans c’était d’essayer d’avoir une vision à la fois des virus, des bactéries, des organismes eucaryotes, des petits animaux qui étaient présents. On va réappliquer ces protocoles autour du corail c’est à dire dans l’eau environnante, dans le plancton environnant, mais aussi on va travailler sur le corail lui-même, sur les algues associées au corail, on va travailler aussi sur les poissons, sur le microbiome des poissons donc on va avoir une description aussi complète que possible de l’écosystème d’un point de vue moléculaire grâce à un séquençage intensif.
Dans les locaux du Genoscope, on s’apprête à accueillir les premiers échantillons qui arriveront durant l’été. Une matière première considérable pour des recherches que va coordonner Julie Poulain, ingénieur en biologie et compagnon de longue date des expéditions TARA. Dans les sous sols du Genoscope, Julie veille sur plusieurs centaines d’échantillons génomiques stockés dans des congélateurs entre -20° et -80°C. C’est dans ces conditions extrêmes que seront conservés les futurs échantillons de corail afin de préserver l’intégrité des acides nucléiques qui sont les ADN et les ARNs.
Julie Poulain – Coordinatrice de TARA PACIFIC au Genoscope
Quand une cellule se retrouve en dehors de son environnement elle est en stresse et là il va se mettre en place un mécanisme qui va commencer à dégrader les acides nucléiques qui nous nous intéresse pour faire du séquençage. Il y a ce qu’on appelle des enzymes qui sont des DNases et des RNases qui vont aller grignoter l’ADN et l’ARN et nous c’est notre matériel biologique pour pouvoir étudier les gênes et donc pour pouvoir séquencer. Donc il est très important de ne pas rompre la chaine du froid pour ce type d’échantillons.
Après réception et avant le séquençage les scientifiques doivent extraire les acides nucléiques des coraux formés par l’ADN et l’ARN. Les échantillons vont être alors broyés afin d’isoler entre autres les polypes, unités vivantes du corail, de leurs squelettes calcaires.
Julie Poulain – Coordinatrice de TARA PACIFIC au Génoscope
Ici on a des échantillons de coraux tests tels qu’ils vont être fait sur le bateau TARA. Ça consiste à fractionner un morceau de corail en petits morceaux, à mettre les petits morceaux dans un tube qui contient un tampon de préservation pour justement préserver l’intégrité de nos ADN et ARN.
Pour traiter ces nombreux échantillons, les chercheurs disposent de robots comme celui-ci pour automatiser certaines étapes de leurs protocoles. Après plusieurs purifications et une amplification de l’ADN, les échantillons sont analysés dans ces séquenceurs. Au cœur de ces machines ultra-perfectionnées, des procédés chimiques vont permettre de décoder la composition des organismes vivants et de la retranscrire. Derrière ces séries de bases nucléiques faîtes de A, de C, de G et de T se cache la carte d’identité des organismes, le cœur même du vivant, les génomes.
Menées sur les écosystèmes coralliens, ces analyses pourraient permettre de découvrir de formes de vie jusqu’ici inconnues et de mieux comprendre les menaces qui pèsent sur ces fragiles récifs. Réchauffement climatique, acidification des océans et croissance de la population humaine, autant de facteurs qui accélèrent le phénomène de blanchiment des coraux et leur disparition progressive.
Excellent marqueur de l’augmentation de la température des océans, le corail blanchi à une température très précise comprise entre 34° et 34,6°.
Les récifs coralliens représentent ainsi un thermomètre océanique dont dépendent plus d’un million d’espèces à travers les océans mais qui en 40 ans à vue sa superficie diminué de 40%.
Serge Planes – Directeur scientifique de TARA PACIFIC
Le corail est clairement plus menacé parce qu’on a une augmentation de température dû au changement climatique, qu’on a certaines acidifications et que ça met en péril la croissance corallienne, la calcification directement. Comme on est dans un processus de calcification naturelle avec vraiment un processus biologique, les conditions environnementales dans lequel il est que ce soit la qualité de l’eau, l’environnement en température, va directement affecter cette calcification et cette calcification va directement affecter la croissance corallienne. Actuellement on est dans des environnements où on sent qu’il y a des diminutions de cette calcification dans certaines zones qui laissent à penser qui peut y avoir des problèmes de croissance des récifs coralliens.
Sur les quais de Lorient à la fin du mois de mai, la foule s’était rassemblée pour saluer une dernière fois la goélette et son équipage avant le grand départ. Taillé pour affronter la glace, le navire n’était a priori pas conçu pour une longue expédition dans les mers chaudes. Pourtant, sa coque en aluminium et son faible tirant d’eau vont lui permettre de se glisser dans les lagons peu profonds des atolls pour des plongées sur les récifs. Marins, mécaniciens, plongeurs, biologistes et journaliste, ils sont douze hommes et femmes à constituer le premier équipage de l’expédition et à voir disparaître le port de Lorient à la poupe de TARA.
Accompagnée par le soleil breton et une escorte d’une dizaine de bateaux, la goélette a finalement gagné le large et entamé un voyage de près de 100 000 km à l’autre bout du monde. Face à elle l’Atlantique et quelques semaines sous les vents des alizées pour espérer rejoindre les premiers embruns du Pacifique à la fin du mois de juillet.
L’aventure TARA PACIFIC ne fait que commencer.
Cap sur le Pacifique
En 13 ans, elle aura dressé ses deux mâts et fait voguer ses 130 tonnes sur tous les océans du globe. Des recherches sur sur la banquise arctique aux planctons en passant par les micro-plastiques de Méditerranée, la goélette TARA aura enquêté sur des interrogations scientifiques majeures au cours des dix expéditions accomplies.
Cette année, les équipes de TARA Expédition se sont lancés un nouveau défi : plonger dans le monde des récifs coralliens du Pacifique. Une aventure de deux an et demi à travers 40 archipels pour analyser l’évolution du corail et tenter de mieux comprendre le fonctionnement de cet organisme encore mystérieux. A bord, 70 scientifiques de différentes nationalités vont se relayer pour prélever les 40 000 échantillons qui serviront à constituer la plus grande base de donnée jamais réalisée sur cet écosystème corallien.
Pour préparer cette expédition et le traitement des milliers d’échantillons qui seront prélevés à bord, TARA s’est associé à un partenaire de longue date : le Genoscope d’Evry. Dans ces laboratoires spécialisés dans le séquençage de l’ADN ont été analysés les prélèvements de planctons issus de la précédente expédition TARA Océans avec à la clef la découverte de plusieurs millions de génomes jusqu’alors inconnus.
Patrick Wincker – Directeur du Genoscope
Pour TARA Pacific, on a un petit peu la même idée que ce qu’on avait pour TARA Océans en ce qui concerne le Génoscope c’est à dire d’appliquer de la génomique à très grande échelle pour essayer de décrire un écosystème dans toutes ses composantes. Ce que nous avions fait dans le cadre de TARA Océans c’était d’essayer d’avoir une vision à la fois des virus, des bactéries, des organismes eucaryotes, des petits animaux qui étaient présents. On va réappliquer ces protocoles autour du corail c’est à dire dans l’eau environnante, dans le plancton environnant, mais aussi on va travailler sur le corail lui-même, sur les algues associées au corail, on va travailler aussi sur les poissons, sur le microbiome des poissons donc on va avoir une description aussi complète que possible de l’écosystème d’un point de vue moléculaire grâce à un séquençage intensif.
Dans les locaux du Genoscope, on s’apprête à accueillir les premiers échantillons qui arriveront durant l’été. Une matière première considérable pour des recherches que va coordonner Julie Poulain, ingénieur en biologie et compagnon de longue date des expéditions TARA. Dans les sous sols du Genoscope, Julie veille sur plusieurs centaines d’échantillons génomiques stockés dans des congélateurs entre -20° et -80°C. C’est dans ces conditions extrêmes que seront conservés les futurs échantillons de corail afin de préserver l’intégrité des acides nucléiques qui sont les ADN et les ARNs.
Julie Poulain – Coordinatrice de TARA PACIFIC au Genoscope
Quand une cellule se retrouve en dehors de son environnement elle est en stresse et là il va se mettre en place un mécanisme qui va commencer à dégrader les acides nucléiques qui nous nous intéresse pour faire du séquençage. Il y a ce qu’on appelle des enzymes qui sont des DNases et des RNases qui vont aller grignoter l’ADN et l’ARN et nous c’est notre matériel biologique pour pouvoir étudier les gênes et donc pour pouvoir séquencer. Donc il est très important de ne pas rompre la chaine du froid pour ce type d’échantillons.
Après réception et avant le séquençage les scientifiques doivent extraire les acides nucléiques des coraux formés par l’ADN et l’ARN. Les échantillons vont être alors broyés afin d’isoler entre autres les polypes, unités vivantes du corail, de leurs squelettes calcaires.
Julie Poulain – Coordinatrice de TARA PACIFIC au Génoscope
Ici on a des échantillons de coraux tests tels qu’ils vont être fait sur le bateau TARA. Ça consiste à fractionner un morceau de corail en petits morceaux, à mettre les petits morceaux dans un tube qui contient un tampon de préservation pour justement préserver l’intégrité de nos ADN et ARN.
Pour traiter ces nombreux échantillons, les chercheurs disposent de robots comme celui-ci pour automatiser certaines étapes de leurs protocoles. Après plusieurs purifications et une amplification de l’ADN, les échantillons sont analysés dans ces séquenceurs. Au cœur de ces machines ultra-perfectionnées, des procédés chimiques vont permettre de décoder la composition des organismes vivants et de la retranscrire. Derrière ces séries de bases nucléiques faîtes de A, de C, de G et de T se cache la carte d’identité des organismes, le cœur même du vivant, les génomes.
Menées sur les écosystèmes coralliens, ces analyses pourraient permettre de découvrir de formes de vie jusqu’ici inconnues et de mieux comprendre les menaces qui pèsent sur ces fragiles récifs. Réchauffement climatique, acidification des océans et croissance de la population humaine, autant de facteurs qui accélèrent le phénomène de blanchiment des coraux et leur disparition progressive.
Excellent marqueur de l’augmentation de la température des océans, le corail blanchi à une température très précise comprise entre 34° et 34,6°.
Les récifs coralliens représentent ainsi un thermomètre océanique dont dépendent plus d’un million d’espèces à travers les océans mais qui en 40 ans à vue sa superficie diminué de 40%.
Serge Planes – Directeur scientifique de TARA PACIFIC
Le corail est clairement plus menacé parce qu’on a une augmentation de température dû au changement climatique, qu’on a certaines acidifications et que ça met en péril la croissance corallienne, la calcification directement. Comme on est dans un processus de calcification naturelle avec vraiment un processus biologique, les conditions environnementales dans lequel il est que ce soit la qualité de l’eau, l’environnement en température, va directement affecter cette calcification et cette calcification va directement affecter la croissance corallienne. Actuellement on est dans des environnements où on sent qu’il y a des diminutions de cette calcification dans certaines zones qui laissent à penser qui peut y avoir des problèmes de croissance des récifs coralliens.
Sur les quais de Lorient à la fin du mois de mai, la foule s’était rassemblée pour saluer une dernière fois la goélette et son équipage avant le grand départ. Taillé pour affronter la glace, le navire n’était a priori pas conçu pour une longue expédition dans les mers chaudes. Pourtant, sa coque en aluminium et son faible tirant d’eau vont lui permettre de se glisser dans les lagons peu profonds des atolls pour des plongées sur les récifs. Marins, mécaniciens, plongeurs, biologistes et journaliste, ils sont douze hommes et femmes à constituer le premier équipage de l’expédition et à voir disparaître le port de Lorient à la poupe de TARA.
Accompagnée par le soleil breton et une escorte d’une dizaine de bateaux, la goélette a finalement gagné le large et entamé un voyage de près de 100 000 km à l’autre bout du monde. Face à elle l’Atlantique et quelques semaines sous les vents des alizées pour espérer rejoindre les premiers embruns du Pacifique à la fin du mois de juillet.
L’aventure TARA PACIFIC ne fait que commencer.
Tara met le cap sur les coraux du Pacifique
08.07.2016
La goélette Tara a mis le cap sur l'océan Pacifique où les chercheurs effectueront des milliers de prélèvements sur l'écosystème coralien. Visite du Genoscope d'Évry qui se prépare à recevoir dès cet été les premiers échantillons à séquencer.
À propos de cette vidéo
Titre original :
Tara : cap sur le Pacifique
Année de production :
2016
Durée :
7 min 13
Réalisateur :
Pierre de Parscau
Producteur :
CNRS Images
Intervenant(s) :
Patrick Wincker
Genoscope d'Evry (CNRS / CEA)
Julie Poulain
Genoscope d'Evry (CNRS / CEA)
Serge Planes
Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement
(CRIOBE / CNRS / EPHE / UPVD)
Genoscope d'Evry (CNRS / CEA)
Julie Poulain
Genoscope d'Evry (CNRS / CEA)
Serge Planes
Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement
(CRIOBE / CNRS / EPHE / UPVD)
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