La montagne, un habitat qui se partage
Chaque année, le massif de Belledonne, qui s’étend entre l’Isère et la Savoie, attire de nombreux pratiquants d’activités récréatives de montagne. En cette saison, la montagne accueille également les troupeaux et leurs bergers, avec lesquels randonneurs et traileurs doivent cohabiter. Depuis 2021, les sociologues Camille Savre et Noémie Bailly se consacrent à l’étude de cette délicate cohabitation.
Camille Savre et Noémie Bailly sont doctorantes au laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Edytem, unité CNRS/Université Savoie Mont Blanc). La thèse de Camille Savre est co-financée par le Conseil Savoie Mont Blanc et l'Office Français de la Biodiversité. La thèse de Noémie Bailly est financée par le Labex Innovations et Transitions Territoriales en Montagne
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La montagne est un espace de rencontres, de croisements et de cohabitation dans lequel évoluent randonneurs, traileurs, vététistes mais aussi éleveurs ou bergers avec leurs troupeaux. C’est un ensemble de personnes qui pratiquent différemment la montagne. Les recherches des sociologues Camille Savre et Noémie Bailly trouvent leur origine au sein de deux phénomènes impactant les dynamiques de cohabitation en montagne : le retour du loup dans les Alpes et la montée en puissance de certaines activités récréatives de montagne, comme le trail.
Cyril Frésillon / EDYTEM / CNRS Images
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Les deux doctorantes planifient leur itinéraire avec des cartes de randonnée. L’objectif du jour est d’aller jusqu’au refuge de la Pra, qui culmine à plus de 2 100 mètres. Elles cherchent des sites privilégiés pour faire des observations et rencontrer des traileurs, des randonneurs ou des bergers. Une méthodologie qualitative est privilégiée afin de se concentrer sur le vécu et les discours des acteurs du terrain.
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Aujourd’hui, Noémie Bailly fera le parcours avec Clémence, une randonneuse. Elle entame une discussion pour connaître son expérience de la montagne et de la randonnée. Objectif : saisir la perception des pratiquants d'activités récréatives vis-à-vis de la montagne et leur attitude envers les pratiques pastorales.
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De son coté, Camille Savre travaille auprès de traileurs. Le trail, qui se pratique depuis une vingtaine d’années en montagne, consiste à courir sur des sentiers naturels avec des variations importantes d’altitude, notamment des montées et des descentes abruptes. Dans le cadre de son enquête, la doctorante partage cette pratique avec ses enquêté(e)s et mène des entretiens. Elle cherche à comprendre leurs expériences avec les sentiers et les atmosphères : comment les éléments naturels sont-ils « vécus ».
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Les deux chercheuses s’intéressent aux échanges réciproques entre montagne et humains. Les sentiers, qui s’érodent suite à la fréquentation (photo de gauche), mettent également les mouvements des humains à l’épreuve. La pratique du bivouac (photo de droite), quant à elle, conduit à une présence humaine étalée dans le temps, susceptible de perturber la faune et la flore.
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Un autre aspect étudié par Noémie Bailly concerne la relation entre humains et vivants non-humains. De nombreux promeneurs sont aujourd’hui accompagnés de leur chien, ce qui peut modifier leur rapport à l’environnement et aux autres habitants de la montagne. Par exemple, les rencontres entre ces binômes et les éleveurs avec leur chien de protection peuvent générer des conflits.
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Les éleveurs sont de plus en plus nombreux à faire appel à des chiens pour protéger leurs troupeaux, comme le chien de montagne des Pyrénées, aussi appelé « patou ». Ces chiens sont intégrés au troupeau pour le protéger des attaques de loups, dont la population augmente. Les pratiquants d’activités récréatives ne sont pas toujours sensibilisés à la présence de ces chiens ni à l’attitude à adopter face au troupeau. Ces rencontres, parfois conflictuelles, réactivent des tensions entre deux mondes qui tentent de cohabiter.
Noémie Bailly
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En travaillant avec des bergers et des pratiquants d'activités récréatives, Noémie Bailly interroge comment les conceptions et les perceptions différentes de la montagne s’expriment au travers des rencontres. De son côté, Camille Savre s'intéresse à la question du partage de la montagne entre pratiquants, notamment en période de grande fréquentation lors de manifestations sportives. Les analyses qualitatives des chercheuses contribuent à mieux cerner les enjeux de cohabitation en montagne.
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