Changements de climat sur le Mont-Blanc
Le réchauffement climatique entraîne actuellement une réduction spectaculaire des surfaces occupées par les glaciers du massif du Mont-Blanc. Ces derniers ont-ils déjà connu, depuis la dernière glaciation, des périodes de reculs encore plus importants ? Pour le savoir, des chercheurs sont allés échantillonner les roches de ce massif afin d’évaluer et de dater ces épisodes de retrait des glaciers.
Ces recherches sont menées dans le cadre du programme ANR « VIP Mont-Blanc » (vitesses des processus contrôlant les évolutions morphologiques et environnementales du massif du Mont-Blanc). Le coordinateur du projet est Jean-Louis Mugnier (Institut des sciences de la Terre de Chambéry).
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Depuis 10 000 ans, la Terre a connu des périodes de réchauffement climatique d’origine naturelle. Durant « l’optimum climatique holocène » (il y a entre 5 000 et 9 000 ans), le réchauffement a atteint son maximum et fait diminuer considérablement tous les glaciers du massif du Mont-Blanc.
Jean-François BUONCRISTIANI/Biogéosciences/CNRS Photothèque
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Les scientifiques se rendent sur place pour tenter d’évaluer ces fontes. Ils utilisent un hélicoptère pour emporter le matériel nécessaire et accéder aux différents secteurs où ils projettent de faire des prélèvements de roches.
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Ils ont notamment choisi le Jardin de Talèfre, un petit îlot rocheux de 3 kilomètres carrés qui semble n’avoir jamais été occupé par les glaciers au cours des 200 dernières années. Mais qu'en est-il depuis 10 000 ans ?
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Lorsqu'une roche n’est plus recouverte de glace, elle est bombardée de particules cosmiques qui interagissent avec les atomes des minéraux pour produire des isotopes rares, comme le béryllium 10. Ces isotopes s’accumulent ainsi dans le quartz de la roche au fil du temps.
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Les particules cosmiques n’affectent que les premiers mètres de roche, sous la surface. Les chercheurs ne prélèvent donc que la surface des roches polies par les glaces, lorsqu’elles en étaient recouvertes.
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La méthode de prélèvement optimale consiste à découper des petits cubes de roches de 10 x 10 centimètres. Ces cubes seront ensuite analysés en laboratoire grâce à la méthode dite de datation d’exposition par les isotopes cosmogéniques.
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Cette technique consiste à préparer minutieusement les échantillons afin de mesurer l’accumulation d’atomes de béryllium 10 dans les roches avec le spectromètre de masse ASTER*.
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Ces mesures permettent de déterminer une durée totale d’exposition des roches aux rayons cosmiques durant les 10 000 dernières années, soit la durée cumulée du retrait du glacier. Au total, 23 échantillons seront analysés, soit plus de 40 kilogrammes de roches.
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Pour chaque roche prélevée, les scientifiques notent précisément les coordonnées GPS du site car le flux des particules cosmiques varie selon son altitude et sa latitude.
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Ils reconstituent aussi le relief environnant pour évaluer son incidence sur l’exposition des roches aux rayons cosmiques. Cette mesure, réalisée grâce à un niveau de terrain, permettra de corriger les analyses en fonction de la diminution du rayonnement cosmique due au relief alentour.
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D'après les premières analyses, il semblerait que les glaciers du massif du Mont-Blanc aient connu des retraits plus importants que leur niveau actuel, liés aux périodes de réchauffement climatiques d’origines naturelles au cours des 10 000 dernières années. Reste à déterminer leur ampleur exacte et leur chronologie afin de mieux tenir compte de ces processus de fonte naturelle dans les projections climatiques futures.
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À propos
*ASTER (Accélérateur pour les sciences de la terre, environnement, risques) est adossé au CEREGE (Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement).
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du journal CNRS