Voyage sonore sur un chantier du XIIIᵉ siècle
Mylène Pardoën est à l’origine d’un nouveau métier : archéologue du paysage sonore. Déjà aux manettes d’un projet qui nous plonge dans les rues de Paris au XVIIIᵉ siècle, la scientifique nous emmène sur son nouveau terrain de jeu, le château médiéval de Guédelon, un chantier scientifique et pédagogique unique au monde dont l'idée est née à la fin des années 1990.
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Partie de rien, une équipe de passionnés a décidé de construire de toutes pièces un château fort inspiré des châteaux voisins. Ainsi naquit Guédelon, situé à une trentaine de kilomètres d’Auxerre, dans l'Yonne. Ouvert au public, ce chantier expérimental démarré en 1997 a la particularité de ne faire appel qu’à des techniques de construction, des matériaux et des outils utilisés au XIIIᵉ siècle, tout en préservant l’architecture philippienne caractéristique de cette époque. Depuis 2020, Il est aussi le site expérimental des travaux de recherche de Mylène Pardoën sur les sons du passé.
Cyril Frésillon / MSH-LSE / CNRS Images
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Plusieurs fois par an, Mylène Pardoën installe des dizaines de micros pour enregistrer les sons produits par les artisans et ouvriers qui travaillent sur le chantier de Guédelon. Ainsi, le son des coups de marteaux sur les broches, celui des déplacements de tombereaux ou encore le bruit des poulies en action sont captés dans le seul but de reconstituer le paysage sonore d’un chantier de construction au XIIIᵉ siècle.
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C’est au cours d’une mission de plusieurs jours sur le site de Guédelon que la chercheuse, accompagnée de Martin Gesney, ingénieur du son, rencontre les ouvriers qui œuvrent à la construction du château fort. Pendant des heures, les deux acolytes déambulent parmi les différents artisans pour les écouter travailler.
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Les micros sont installés au plus près des artisans, comme ce tailleur de pierre (à gauche), ou au sein de la forge (à droite). Si bien que les enregistrements seront utilisés comme outils pédagogiques, notamment chez les Compagnons du devoir. En effet, à l’oreille, les maîtres artisans sont capables de distinguer un geste juste d’un autre à parfaire. La captation sonore est idéale, voire essentielle à la transmission du bon maniement des outils.
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Petits ou volumineux, de directivités et de sensibilités différentes, une large panoplie de micros sont utilisés par les deux scientifiques. Même les sons les plus imperceptibles à l’oreille humaine sont captés. C’est d’ailleurs le rôle de ce discret micro surfacique noir (à gauche) posé directement au pied d’un engin de levage, appelé « cage d’écureuil » (à droite), actionné par des personnes du chantier. Ce micro permet d’isoler et d’enregistrer les sons des vibrations de la cage lorsqu’elle est utilisée pour soulever des pierres, tout en en s’affranchissant du bruit produit par les visiteurs.
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Même le tressage des cordes, utilisées partout sur le chantier, y passe. Martin Gesney écoute ainsi le son du frottement des brins de corde grâce à un micro hypercardioïde, un type de micro directionnel qui capte le son de manière plus intense à l’avant que sur les côtés.
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De retour au laboratoire, les sons captés sont analysés et sélectionnés. L’un des objectifs de ces travaux est de créer un modèle sonore d’un chantier de construction médiéval dans un but pédagogique. Un autre aspect est l’archivage des sons produits par des métiers quasiment disparus, pour mieux conserver ce « patrimoine sonore immatériel ».
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À la Maison des sciences de l’Homme Lyon Saint-Étienne, les scientifiques testent la dernière étape de leur projet : la spatialisation des captures sonores. Ce procédé consiste à reproduire l’impression d’espace pour rendre le son le plus naturel possible. Pour ce faire, les deux chercheurs installent ici 24 haut-parleurs en couronne (ils en disposeront bientôt 46). En se plaçant au centre du dispositif et à l’aide de logiciels spécifiques, ils spatialisent les captations. Les sons ainsi traités pourront être écoutés avec des casques et permettront une immersion totale pour le plaisir du plus grand nombre.
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du journal CNRS