Les œuvres à l’épreuve des musées
Le bois, ça travaille ! Et les peintures sur bois en font les frais : fissures, courbures, déformations... C’est le prix à payer pour être exposées au public dans des conditions souvent loin d’être idéales. Une équipe de restaurateurs et de scientifiques a installé un dispositif expérimental inédit au Musée Fabre de Montpellier en 2018. Leur objectif : comprendre les secrets des mouvements du bois et leurs impacts sur les œuvres.
Les scientifiques impliqués sur ce projet appartiennent au Laboratoire de mécanique et génie civil (Unité CNRS/Université de Montpellier), à l'Institut Pprime du CNRS et au GESAAF (Université de Florence).
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Il y a cinq cents ans, il était flambant neuf. Aujourd’hui, une longue fissure s'étend sur « La Sainte Trinité couronnant la Vierge ». Le responsable de cette cicatrice : le bois ! Ce tableau anonyme a été peint sur quatre planches dont les mouvements ont été contraints par le cadre et le renfort du tableau, eux aussi en bois.
Christophe HARGOUES / LMGC / CNRS Photothèque
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Première méthode pour mesurer les déformations du tableau : la technique dite de «stéréo-corrélation d’images». Des petites gommettes blanches en papier japon sont réparties sur la surface et au revers de l’œuvre. Ces marqueurs servent alors de repères à quatre caméras, disposées de chaque côté du tableau, qui prennent une photo toutes les demi-heures.
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Pour contrôler précisément l’humidité ambiante, l’œuvre est placée dans une enceinte climatique hygrorégulée. Les chercheurs y font varier de 10 % l’humidité relative de l’air : ce taux suffit pour étudier le phénomène de déformation sans provoquer de dommages au tableau. Une balance à haute précision, visible ici sous l’œuvre, leur permet alors de mesurer la masse d’eau absorbée par le bois.
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Cet autre dispositif est directement fixé au revers de l’œuvre pour une mesure locale. Montées deux à deux, les tiges de métal suivent chaque mouvement du bois grâce à des capteurs « déformométriques » extrêmement sensibles. Elles sont associées à des appareils d’enregistrement en continu afin de contrôler la moindre déformation du panneau.
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Mais un renfort en bois, posé dans les années 1970 au revers du tableau pour le consolider, a provoqué l’effet inverse... Il l’a déformé encore plus ! Une scientifique mesure ici le gonflement d’un échantillon du renfort après avoir fait varier l’humidité dans l’enceinte climatique.
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Les résultats combinés des différents dispositifs permettent d’observer les courbures du panneau de bois. C’est un pas en avant vers la restauration du tableau, mais aussi vers l'enjeu principal de cette étude : améliorer la conservation préventive des œuvres.
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